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Colombie: accord historique pour la fin de la guerre

La Havane (AFP) – Le gouvernement colombien et la guérilla des Farc ont signé jeudi à La Havane un accord historique sur un cessez-le-feu définitif et le désarmement de la rébellion, levant le dernier obstacle à un accord de paix après un demi-siècle de conflit.

« Aujourd’hui est un jour historique pour notre pays (…) nous avons mis un point final au conflit armé avec les Farc », s’est réjoui le président colombien Juan Manuel Santos après avoir serré la main du chef suprême des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) Timoleon Jimenez, sous le regard de plusieurs chefs d’Etat et du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon.

« Puisse ce jour être le dernier de la guerre », a espéré de son côté le dirigeant des Farc.

A Bogota, où plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées devant un écran géant pour suivre cette cérémonie, l’annonce a été accueillie avec émotion.

Camilo Gonzalez, retraité de la fonction publique, n’a pu contenir ses larmes. « Ca a été un chemin dramatique… des millions et des millions de victimes, de déplacés, de luttes, de rêves brisés.. Mais je ne crois pas que nous soyons encore parvenus au moment de l’espérance ».

L’accord entrera en vigueur à partir de la signature prochaine d’un accord de paix, dont la date n’a pas été précisée mais qui aura lieu en Colombie.

Le texte établit les modalités de « l’abandon des armes, des garanties de sécurité (pour la rébellion) et de la lutte contre les organisations criminelles » au terme de pourparlers menés depuis trois ans et demi à Cuba.

Les quelque 7.000 combattants de cette guérilla issue en 1964 d’une insurrection paysanne seront placés dans 23 zones où leur sécurité sera garantie, et devront remettre leurs armes aux membres d’une mission des Nations unies qui sera dépêchée en Colombie une fois la paix signée.

Le désarmement devra être mené à bien dans les 180 jours suivant la signature d’un accord de paix final.

Cette étape décisive permet enfin d’envisager pour bientôt la fin du plus vieux conflit d’Amérique latine, qui a fait depuis 52 ans au moins 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

En outre, l’autre point à résoudre avant la signature d’une paix définitive a enregistré une avancée décisive jeudi, avec l’annonce surprise d’un consensus sur la question de la ratification du futur accord de paix. 

Les parties se sont accordées pour respecter la décision de la Cour constitutionnelle, saisie fin mai d’une proposition de référendum par le gouvernement, et qui doit se prononcer dans les prochains jours.

 – ‘Tout ne sera pas rose’ –

Le président Santos a rappelé jeudi que ce conflit armé, le dernier du continent américain, avait causé « plus de 50 ans d’affrontements, de morts, d’attentats et de douleur ».

Plus tôt cette semaine, il avait estimé que le dialogue de paix pourrait parvenir à sa conclusion le 20 juillet, fête nationale en Colombie.

« Tout ne sera pas rose et il faudra sûrement lutter pour l’application totale de ce qui a été conclu », a prédit le chef des Farc, reconnaissant que les portes étaient « ouvertes pour signer l’accord final dans un délai assez bref ».

Interrogé par l’AFP, l’ambassadeur français à l’ONU François Delattre, qui préside le Conseil de sécurité pour ce mois de juin, s’est déclaré « frappé par la qualité et la force de l’engagement » pris jeudi, réaffirmant « l’engagement total » des Nations unies derrière ce processus.

La Maison blanche a salué « un progrès important » vers la paix, rappelant que « des défis demeurent au moment où les deux parties continuent de négocier un accord de paix définitif ».

Dans de nombreuses agglomérations de Colombie, les habitants accrochaient à leurs portes des couronnes florales disant « Adieu à la guerre », ou « Demeure en paix, guerre en Colombie 1964-2016 ».

Si cette paix était prochainement conclue avec les Farc, cela ne signifierait pas pour autant la fin du conflit en Colombie, où la seconde guérilla du pays, l’Armée de libération nationale (ELN), et les bandes criminelles principalement issues d’anciens groupes paramilitaires continuent de défier le gouvernement.

L’espoir est toutefois permis avec cette avancée décisive, conjuguée à l’annonce en mars du lancement prochain de pourparlers de paix entre Bogota et l’ELN après plus de deux ans de conversations préliminaires confidentielles.

Dans le cadre des pourparlers ouverts en novembre 2012 avec les Farc, des accords partiels avaient déjà été conclus sur la réforme agraire, le trafic de drogue, les réparations aux victimes (qui inclut la justice s’appliquant aux ex-belligérants) et la participation politique des guérilleros démobilisés.

Le président colombien Juan Manuel Santos (g), le président cubain Raul Castro (c) et le chef suprême des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) Timoleon Jimenez (d) lors de la signature de l'accord de paix. © AFP

© AFP ADALBERTO ROQUE
Le président colombien Juan Manuel Santos (g), le président cubain Raul Castro (c) et le chef suprême des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) Timoleon Jimenez (d) lors de la signature de l’accord de paix

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