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Colombie : le compte à rebours de la paix est lancé

La Havane (AFP) – La Colombie célébrait vendredi la signature d’un accord de cessez-le-feu sans précédent entre le gouvernement et la guérilla des Farc, mais plusieurs étapes cruciales restaient à franchir pour entériner la conclusion de plus d’un demi-siècle de conflit.

La presse colombienne saluait unanimement la poignée de main historique de la veille à La Havane entre le président colombien Juan Manuel et le chef suprême des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) Timoleon Jimenez, symbole d’un accord de paix final désormais à portée de main.

« Sous les yeux du monde, le gouvernement et les Farc imposent le silence des armes », titrait notamment El Tiempo, tandis que El Espectador publiait en une la photo d’un fusil sur fond blanc surmonté du titre: « Ne pas recycler ».

L’accord signé jeudi sur les modalités de fin de conflit, prévoyant le cessez-le-feu et le désarmement de la guérilla, a levé le dernier obstacle à un accord de paix avec les FARC, première guérilla du pays, au terme de trois ans et demi d’âpres négociations dans la capitale cubaine.

Mais ces prochaines semaines seront décisives.

L’accord Selon une source proche de la présidence, la première échéance concerne une décision de la Cour constitutionnelle, saisie par le gouvernement d’une proposition de référendum sur un futur accord de paix. 

Les parties se sont engagées jeudi à respecter l’arrêt de la Cour, mais il n’a toujours pas été établi si, en cas de référendum, un rejet des accords de paix par les Colombiens provoquerait ou non une remise en question de ce qui sera signé.

La ministre colombienne des Affaires étrangères Maria Angela Holguin a confié vendredi matin à la radio Caracol que l’arrêt de la Cour était attendu « dans les premiers jours de juillet ».

– Un accord de paix final ‘très proche’ –

L’étape suivante concerne la signature officielle de l’accord final avec la guérilla marxiste, issue en 1964 d’une insurrection paysanne. 

Pour cette cérémonie de signature très attendue, le président Santos a évoqué cette semaine la date du 20 juillet, forte en symbole car fête nationale en Colombie, mais elle demeure en attente de confirmation. 

« Il reste encore quelques points à négocier, mais il paraît évident qu’après la signature d’hier cela se produira rapidement », note Arlene Tickner, enseignante en relations internationales à l’Université des Andes à Bogota.

Cette signature est « très, très proche », confirme de son côté Mme Holguin.

Cinq jours après l’officialisation de la paix, le processus de désarmement et de démobilisation pourra débuter sous la surveillance d’une mission de l’ONU. Les quelque 7.000 combattants des Farc seront progressivement placés dans 23 zones de démobilisation et huit campements et devront en sortir sans armes dans les 6 mois.

« Pour tout ce processus, 180 jours semble constituer un délai relativement court », note Mme Tickner, qualifiant un désarmement dans les temps de véritable « défi ».

Ensuite, une série de ratifications devrait s’enchaîner d’ici septembre-octobre sur un projet de loi fixant les termes l’accord de paix. En cas de « Oui » au référendum, cette loi devra passer par le Congrès puis la Cour constitutionnelle avant d’être finalement promulguée par le président Santos.

– La menace des bandes criminelles –

L’Etat colombien pourra alors se tourner vers de prochains pourparlers annoncés avec la seconde guérilla du pays, l’Armée de libération nationale (ELN).

Mais si le désarmement sera bel et bien engagé, plusieurs dispositions de l’accord de paix (sécurité des ex-guérilléros, mise en route du tribunal de la paix, réforme agraire, lutte contre le narcotrafic) constitueront autant de défis épineux à relever.

Pour Mme Holguin, il est surtout essentiel aujourd’hui de clarifier les termes « de la réintégration politique, sociale et économique » des Farc, principal volet encore en suspens dans les pourparlers.

Aux yeux des Farc, la menace représentée par les bandes criminelles issues d’anciennes milices d’extrême droite – que la guérilla a combattu et qu’elle continu d’appeler « paramilitaires » – constitue un point fondamental du processus de paix.

« Le +paramilitarisme+ est la principale menace pesant sur les accords. Si on n’arrive pas à démanteler ou à dissoudre (ces groupes), ce processus de paix peut échouer », a prévenu vendredi devant la presse à Cuba le négociateur de la guérilla Pablo Catatumbo.

Le conflit armé qui déchire la Colombie depuis 52 ans a impliqué au fil des décennies guérillas d’extrême gauche, paramilitaires d’extrême droite, forces armées et bandes criminelles, faisant officiellement 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

Le président colombien Juan Manuel Santos serre la main de Timoleon Jimenez, leader de la guerilla FARC, sous les applaudissements du président cubain Raul Castro, à la Havane le 23 juin 2016. © AFP

© AFP/Archives ADALBERTO ROQUE
Le président colombien Juan Manuel Santos serre la main de Timoleon Jimenez, leader de la guerilla FARC, sous les applaudissements du président cubain Raul Castro, à la Havane le 23 juin 2016

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