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Comment le tatouage polynésien a marqué le tatouage occidental

Sébastien Galliot, anthropologue et chercheur au CNRS, présente jeudi soir à l’Université de Polynésie une conférence sur la place du tatouage polynésien dans l’histoire moderne du tatouage. L’occasion de s’intéresser à la façon dont le tatouage polynésien a influencé le tatouage occidental. Et aussi de quelles façons le tatouage polynésien s’est transformé au contact des tatoueurs occidentaux.

Dans le cadre des conférences Savoir pour tous, l’Université de Polynésie reçoit jeudi soir l’anthropologue et chargé de recherche au CNRS, Sébastien Galliot, sur le sujet « la place du tatouage polynésien dans l’histoire moderne du tatouage ». Le chercheur spécialisé dans les tatouages de Samoa, de Tonga ou encore de Nouvelle-Zélande a étudié les échanges entres les tatoueurs professionnels de différents pays pour décrypter l’influence du tatouage polynésien dans les tatouages occidentaux, et réciproquement.

De l’esthétisme contre des nouvelles techniques

A partir des années 80, de nombreux échanges ont eu lieu entre d’un côté les « tatoueurs occidentaux » et de l’autre les « tatoueurs non-occidentaux » dont font partie les Polynésiens. Des conventions de tatouages ont été organisées et ont brassé des tatoueurs venus du monde entiers. Des tatoueurs se sont expatriés dans d’autres pays pour exercer…

Le chercheur explique que les tatoueurs occidentaux ont alors « enrichi » leur pratique avec des motifs non-occidentaux. Par exemple, les tatoueurs américains, comme le célèbre Ed Hardy, se sont inspirés des motifs ethniques pour proposer des tatouages plus grands et plus artistiques, loin du tatouage américain plutôt simple. De leur côté, les tatoueurs non-occidentaux ont acquis de nouvelles techniques auprès des occidentaux. Le matériel de tatouage électrique et les encres industrielles ont alors été démocratisées. Sébastien Galliot évoque une « influence mutuelle » qui a bénéficié à la fois au tatouage polynésien et au tatouage européen.

La « portée sociale » du tatouage polynésien s’est perdue en chemin

Les échanges entre tatoueurs ont également favorisé quelques « emprunts culturels » qui ont permis aux tatouages polynésiens de gagner en visibilité dans le monde. Le tatouage polynésien est en effet pratiqué dans le monde entier avec parfois l’approbation du pays d’origine comme au Samoa. Sébastien Galliot note en revanche que les tatoueurs tahitiens et maoris sont plus réticents à « autoriser » la pratique de leurs tatouages à l’étranger. Et pour cause, dans les échanges, les tatouages polynésiens ont perdu en signification. C’est particulièrement le cas en ce qui concerne la « portée sociale » du tatouage polynésien, auparavant marque de distinction sociale, aujourd’hui symbole esthétique.

L’influence, parfois cachée, du tatouage polynésien dans le tatouage occidental

Aujourd’hui, le tatouage polynésien marque la pratique du tatouage moderne dans son graphisme. Si les motifs polynésiens sont facilement reconnaissables, l’influence du tatouage polynésien peut être parfois plus discrète.  Sébastien Galliot explique que les tatoueurs européens s’inspirent en effet du tatouage polynésien pour harmoniser un dessin à une partie du corps.

Pratique :

Conférence Savoir pour tous, jeudi 13 septembre à 18h15 dans l’Amphi A3.

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