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Comment les partis financent les territoriales

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Pour ces élections territoriales, les trois grands partis politiques demandent un apport financier à leurs candidats. Cet apport varie d’un parti à un autre de 500 000 jusqu’à 2 000 000 de Fcfp. Sans surprise, ce sont surtout les candidats « éligibles » qui paient le plus. D’autres apports financiers existent, comme les dons, à hauteur de 545 000 Fcfp maximum.

Comme pour chaque élections territoriales, les partis politiques nomment des mandataires financiers, au plus tôt six mois avant l’élection et au plus tard le jour du dépôt des listes. Un compte bancaire, dédié uniquement à cette élection est ensuite ouvert par ce dernier, puis fermé au plus tard trois mois après le dépôt des comptes de campagne auprès de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) en métropole.

Le mandataire financier a pour rôle principal de recueillir tous les fonds nécessaires à une élection, mais aussi de régler toutes les factures inhérentes à la campagne, tels que les flyers, l’organisation du congrès ou encore les déplacements des candidats. Le mandataire financier peut, pour remplir sa caisse de campagne, accepter des fonds émanant de personnes physiques à hauteur de 545 000 Fcfp au maximum. Il peut également bénéficier de l’apport du candidat lui-même, ou encore de son parti politique. Les fonds émanant des entreprises, des associations ou encore des collectivités territoriales sont strictement interdits.

A chaque mandataire ses problèmes

Pour ces territoriales, les dépenses de campagne sont plafonnées à 22 millions de Fcfp pour les listes présentes au premier tour. Plafond relevé à 30 millions de Fcfp pour les listes qui atteignent le second tour. Les préoccupations des mandataires financiers diffèrent selon le parti. Au Tapura Timi Wong Yut n’est pas un novice en la matière, puisqu’il a déjà été mandataire financier quatre fois auparavant. Il explique que, pour cette élection, la principale difficulté est de récupérer les factures.

Du côté du Tahoeraa, c’est Liana Oopa qui s’occupe des comptes de campagne. Elle a appris sur le tas puisqu’elle « était la petite main de Marcel Tuihani père » pendant de nombreuses années. Aux dernières législatives, Liana Oopa s’est lancée seule et considère qu’elle « s’en est finalement bien sortie ». Elle explique que l’éparpillement du territoire de la Polynésie française rend la tâche parfois difficile.

Etienne Chimin est, depuis de nombreuses années, l’argentier des élections du parti bleu ciel. Malgré le rodage, le mandataire du Tavini dit rester vigilant, car il a une « responsabilité pénale ».

Quelles sont les plus grosses dépenses ?

Les dépenses les plus importantes diffèrent aussi selon les partis politiques. Au niveau du Tapura, on a préféré miser sur la communication, nous indique le mandataire financier. Avec par exemple les supports traditionnels, comme les flyers ou les dépliants, mais aussi désormais « les nouvelles formes de communication comme la page Facebook qu’il faut entretenir, alimenter, sans oublier les supports vidéos », explique Timi Wong Yut.

Au Tahoeraa la plus grosse dépense a été l’organisation du congrès. « On essaie de réunir le maximum de personnes pour que le message passe et que cela nous soit favorable pour les élections », détaille Liana Oopa.

Du côté du Tavini, ce sont les frais de transports qui « coûtent très cher, car il faut aller aux Marquises, aux Tuamotu et aux Australes ». D’autant plus, précise Etienne Chimin, qu’il « y a bien un dispositif de l’Etat qui précise qu’on ne comptabilise pas les frais de transports dans les dépenses, mais attention il ne s’agit que des transports inter-section. Tu es obligé de payer quand même. Tu es obligé de déclarer ces dépenses, même s’ils ne figurent pas dans le compte de campagne ».

Les candidats « éligibles » paient leur place sur la liste

Pour les grands partis, tels que le Tapura, le Tavini et le Tahoeraa, tous les candidats doivent mettre la main à la poche. Et les candidats qui sont à une « place éligible », encore plus que les autres. Cet apport dépend du parti dans lequel ils se trouvent et de la place sur la liste.

Le mandataire financier du Tapura n’a pas souhaité dévoiler le montant précis de cet apport. Mais renseignements pris auprès de plusieurs candidats du parti rouge et blanc : « c’est un secret de polichinelle. Au Tapura, on demande deux millions de Fcfp pour les têtes de liste dans les grosses communes ». Timi Wong Yut explique néanmoins qu’il n’y a « pas de limites » pour les candidats.

Au Tahoeraa, on indique que les apports des candidats vont de 500 000 Fcfp à 1,5 million de Fcfp, toujours sans limite maximum.

Etienne Chimin affirme que tous les candidats éligibles du Tavini financent la campagne et que les têtes de liste doivent apporter 1 million de Fcfp.

S’il reste de l’argent à la fin de la campagne, ou lors du remboursement des frais après l’élection, les pratiques varient. Certains partis rendent l’argent aux candidats, alors que d’autres le gardent sur le compte du parti politique.

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2 Commentaires

  1. simone grand
    9 avril 2018 à 7h50 — Répondre

    Comme les groupes de danse se présentant au Heiva fonctionnent un peu sur le même principe et sont dorénavant soumis à l’impôt si le chiffre d’affaire dépasse 5 millions de FCP; Est-il envisagé d’imposer les partis politiques si leur budget dépasse cette somme ?

  2. Saa HARTMANN
    11 avril 2018 à 17h31 — Répondre

    Et vous pouvez encore parler de démocratie?… Encore un petit effort et nous n’aurons même plus à aller voter: le plus offrant sera désigné! Écoeurant…

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