ACTUS LOCALESSOCIÉTÉ

Confinement, alcool, rapatriements… Ce qu’il faut retenir de l’allocution d’Édouard Fritch et Dominique Sorain

Le haut-commissaire et le président du Pays se sont une nouvelle fois adressé aux Polynésiens, ce vendredi midi. L’occasion de préciser les conditions d’assouplissement du confinement dans les îles, déjà présentées le matin même par Édouard Fritch à l’assemblée. Mais aussi de donner un peu de perspective aux habitants de Tahiti et Moorea.

Deux cadres réglementaires distincts pour deux situations sanitaires différentes. Dominique Sorain et Édouard Fritch ont pris soin, ce vendredi midi, de séparer le sort de Tahiti et Moorea, où rien n’indique pour l’instant que le coronavirus n’est plus en circulation, et celui du reste du fenua. Îles-sous-le-Vent, Tuamotu-Gambier, Australes, Marquises… Après s’être entretenus avec les maires des quatre archipels, le Pays et l’État ont acté un allègement des règles de confinement à partir de lundi.

Confinement assoupli dans les îles…

Dès lundi 20 avril, dans tous les archipels à l’exception des îles du Vent, il ne sera plus nécessaire de se doter d’une attestation de déplacement pour sortir de chez soi. Les commerces, à l’exception des bars et des restaurants, pourront rouvrir leurs portes, mais les « gestes barrières » – et notamment la distanciation sociale – doivent continuer à être appliqués. L’activité économique devrait reprendre quasi-entièrement, donc, et les habitants pourront se déplacer librement sur leur îles dans les limite des horaires du couvre-feu (5 heures à 20 heures), qui est maintenu, « à la demande des tavana ». La pêche, la chasse, les sorties de loisir ou de sport individuel sont donc autorisées. Édouard Fritch a aussi précisé que les mairies devraient remettre en marche les services communaux, qui pourront a priori compter sur des livraisons de masques pour les employés qui désirent en porter.

… Mais toujours d’importantes restrictions

Le confinement en soi n’est pourtant pas levé, ont insisté les deux responsables, qui rappellent que les autorités peuvent décider à tout moment d’un retour à des mesures plus strictes « si nécessaire ». Les rassemblements publics et sportifs restent interdits pour l’instant. Une exception est d’ores et déjà prévue pour les obsèques, à l’occasion desquelles 20 personnes seront autorisées sur les lieux de sépulture. Les églises et temples pourront aussi, dès lundi, rouvrir leur portes, tout en limitant l’accueil des fidèles à la moitié de la capacité du lieu de culte, et dans la limite de 50 personnes pour les sites les plus importants.

Surtout, les liaisons avec Tahiti ou entre les îles resteront, par principe, prohibées. Le Haut-commissaire a insisté sur le contrôle et la sanction de cette interdiction. Seuls les échanges de marchandises sont autorisés, avec des consignes de sécurité renforcées lors des embarquements et débarquements dans les îles. « Une seule introduction du virus, et il faut tout reprendre à zéro », insiste Dominique Sorain.

Ouverture des écoles, mais pas de reprise des cours

Toujours aux Îles Sous-le-Vent, Tuamotu-Gambier, Australes et Marquises, les établissements scolaires devraient rouvrir leurs portes à partir de lundi. Mais pas pour reprendre le rythme normal des cours. Le dispositif de continuité pédagogique, en place dans tout le pays, continue de s’appliquer. Les élèves pourront seulement choisir de travailler dans l’enceinte des écoles. De quoi donner à certains « une chance de travailler dans de bonnes conditions », avec une connexion internet et des encadrants présents sur la base du volontariat. Même principe pour les collèges et lycées, mis à disposition des familles qui veulent y envoyer leurs enfants.

Les consignes « restent les mêmes » à Tahiti et Moorea

Le confinement reste en vigueur au moins jusqu’au 29 avril aux Îles du Vent. Dominique Sorain estime que les tests menés ces derniers jours (112 tests hier et 73 avant-hier) permettront « de voir quelle est la présence réelle du virus sur le territoire ». Et donc de prendre les décisions adéquates. En attendant, Édouard Fritch a insisté sur la reprise de l’activité dans le cadre de ce confinement. Le Pays prépare une charte des bonnes pratiques – en adaptant les mesures métropolitaines – pour permettre la reprise de l’activité du BTP tout en assurant la protection des salariés. Mais l’administration, notamment celle des communes, devrait aussi redéployer certains de ses services. L’objectif serait de « doubler le nombre de personnes au travail » assure le président du Pays. Qui s’est engagé, là aussi, à mettre à la disposition des agents des masques et d’autres équipements de protection.

Rapatriement des Polynésiens de métropole : tests exigés pour les évasanés

La prochaine rotation de continuité territoriale doit décoller dimanche pour Paris et revenir mercredi. À son bord, lors du retour, une autre cargaison de fret médical. Mais aussi, comme s’y sont engagés le Pays et l’État, des résidents polynésiens bloqués en métropole par la suspension du trafic commercial. Les autorités ont depuis plusieurs jours indiqué que ce serait avant tout les évacués sanitaires en attente d’un vol retour qui seront embarqués. Mais une inquiétude supplémentaire est apparu ces derniers jours : plusieurs de ces évacués ou leurs accompagnants seraient contaminés au coronavirus. La crainte des autorités : une nouvelle importation du coronavirus, alors que l’avancée de l’épidémie semble avoir été stoppée au fenua.

Il sera donc exigé que les évasanés puissent produire un certificat médical et un résultat de test de dépistage négatif pour pouvoir embarquer. Autre condition : que ces personnes soient « arrivées au bout de leur traitement » à Paris. Quant aux Polynésiens bloqués en métropole à la suite d’un voyage personnel, professionnel ou familial, ils devront « encore patienter ». « Les vols organisés sont surtout consacrés au matériel médical et le prochain est déjà plein », a assuré Édouard Fritch. Leur retour, par petits groupes, lors de prochaines rotations est certes évoqué, mais aucun calendrier n’est pour l’instant fixé.

Alcool : « nous n’avons pas cédé à la pression »

Comme nous l’annoncions hier, la vente d’alcool va être de nouveau autorisée lundi, mais strictement encadrée. Seuls les alcools de moins de 14° (vins et bières) pourront être vendus, du lundi au jeudi, dans des « drives » spécialement mis en place par les magasins. Édouard Fritch a aussi rappelé que les distributeurs auront interdiction de réfrigérer la bière pour éviter une consommation rapide. L’alcool, « élément perturbateur » du confinement est aussi un facteur de réunion en Polynésie, constate Édouard Fritch qui rappelle que le premier weekend de confinement avait été difficile à gérer pour les autorités. « Nous pouvons lâcher un petit peu de pression, mais pas question qu’il donne lieu à de nouveaux rassemblements« .

Le président s’est en outre défendu d’avoir cédé à la pression des producteurs d’alcool, et notamment de la Brasserie de Tahiti, qui avait fermé toutes ses usines la semaine dernière. « Si il fallait céder à la pression de la Brasserie, ça aurait été il y a quinze jours », explique Édouard Fritch, qui constate tout de même « des menaces sur le personnel ». L’interdiction « c’était une mesure exceptionnelle que nous avons pris, je crois que nous sommes le seul pays à l’avoir fait. Mais c’était indispensable et je suis heureux que la population l’ai bien accepté » continue le responsable.  « Il fallait des gestes forts, c’en était un », complète le Haut-commissaire. La reprise sous condition, elle, est faite « en bonne conscience, en ayant bien analysé les choses ».

Article précedent

Evasanés en métropole : la présence de cas covid+ parmi eux complique le retour

Article suivant

Municipales : les conditions du second tour clarifiées, mais pas la date

3 Commentaires

  1. pukuatua
    17 avril 2020 à 18h14 — Répondre

    après 30 jours de « quatorzaine » SANS AUCUN malade, privation de liberté majeure (justifiée au début) et il faudrait qu’on les remercie?

  2. Evidence
    18 avril 2020 à 7h11 — Répondre

    Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

  3. Le juste
    18 avril 2020 à 10h48 — Répondre

    Cela s’appelle de l’autosatisfaction que je trouve déplacée, inopportune et qui frise un manque de savoir-vivre et de considération pour la population.

Répondre à Evidence Annuler la réponse.

PARTAGER

Confinement, alcool, rapatriements… Ce qu’il faut retenir de l’allocution d’Édouard Fritch et Dominique Sorain