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Conflits d'intérêts: Trump va se séparer de son empire immobilier

Washington (AFP) – Le président élu des Etats-Unis Donald Trump a cherché mercredi à faire dégonfler une polémique sur ses conflits d’intérêts en annonçant qu’il se mettrait en retrait de son empire immobilier avant d’entrer à la Maison Blanche le 20 janvier.

Dans sa tour à Manhattan, le milliardaire populiste a continué de bâtir son gouvernement, nommant dans la matinée son équipe économique, dont son secrétaire au Trésor, le banquier de Wall Street Steven Mnuchin.

Mais pour d’autres portefeuilles stratégiques – Affaires étrangères, Défense – le 45e président américain hésite encore et il ne devrait pas y avoir d’autres nominations ministérielles cette semaine.

Dans des tweets matinaux, Donald Trump a annoncé qu’il tiendrait à New York le 15 décembre une « importante conférence de presse » en présence de ses enfants. Elle portera « sur le fait que je quitterai ma formidable entreprise afin de me concentrer entièrement et totalement à la direction du pays et à redonner à l’AMERIQUE SA GRANDEUR! », a twitté le président, reprenant son slogan de campagne.

Au même moment, Steven Mnuchin annonçait lui-même en direct sur CNBC sa nomination à la tête du Trésor. Il était en compagnie de Wilbur Ross, un autre investisseur de Wall Street, nommé secrétaire au Commerce.

De nombreuses questions de conflits d’intérêts sont soulevées par l’arrivée inédite à la Maison Blanche d’un milliardaire à la tête d’un empire aux ramifications internationales.

M. Trump a réaffirmé que, légalement, il n’a aucune obligation de s’isoler de la gestion de son entreprise. « Je sens que c’est important (…) de n’avoir aucun conflit d’intérêt avec mes diverses affaires, en tant que président », a-t-il toutefois indiqué.

« Par conséquent, des documents légaux sont en cours de rédaction qui font que je me retire totalement des opérations de gestion des affaires. La présidence est une tâche bien plus importante! », a-t-il souligné.

M. Trump envisagerait de confier la direction de ses affaires à trois de ses enfants, selon les maigres détails qu’il a donnés depuis qu’il s’est lancé dans la course présidentielle en juin 2015.

– ‘Protectionnisme, c’est péjoratif’ –

Nombre d’experts ont souligné que cela ne réglerait en rien les problèmes de conflits d’intérêts, ces trois enfants étant de proches conseillers de leur père et jouant un rôle actif dans les nominations de sa future administration.

Ni Steven Mnuchin, 53 ans, ni Wilbur Ross, 79 ans, n’ont d’expérience en politique mais ils ont apporté depuis longtemps leur soutien à Donald Trump. Wilbur Ross avait travaillé avec le magnat de l’immobilier lorsque certains de ses casinos traversaient des difficultés à la fin des années 1980.

Les deux hommes seront chargés d’appliquer la politique économique du président élu, qui a promis de revenir sur les accords de libre-échange et de garder les emplois industriels aux Etats-Unis.

A cet égard, M. Ross a rejeté les accusations de protectionnisme. « Protectionnisme n’est pas un terme significatif, c’est péjoratif », a-t-il affirmé, ajoutant qu’il y a « commerce, bon commerce et commerce stupide ».

« Nous avons fait beaucoup de commerce stupide et c’est ce que nous allons corriger », a-t-il ajouté, affirmant que le but premier était d' »augmenter les exportations américaines ».

La mise en oeuvre de la politique américaine en termes de commerce international ne relève toutefois pas directement du ministre du Commerce, mais du Représentant spécial pour le commerce (USTR), qui n’a pas encore été nommé.

De son côté, M. Mnuchin a indiqué que son objectif allait être de réduire la charge fiscale pesant sur les ménages et les entreprises. « Je comprends ce qu’il faut faire pour redresser l’économie », a-t-il affirmé.

La première économie mondiale se porte déjà toutefois bien avec un taux de croissance plutôt élevé (3,2% en rythme annualisé au 3e trimestre) et un taux de chômage faible (4,9%).

– ‘L’homme qu’il nous faut’ –

Il reste encore d’importants ministres à nommer.

Mais ni le secrétaire d’Etat (diplomatie), ni le secrétaire à la Défense ne devraient être connus cette semaine, a indiqué l’entourage de Donald Trump, alors que ces nominations semblaient imminentes.

Pour son futur chef de la diplomatie, le président élu semble hésiter entre le républicain modéré Mitt Romney, l’ancien patron déchu de la CIA David Petraeus, le sénateur républicain respecté Bob Corker et l’ancien maire à poigne de New York Rudolph Giuliani.

Mitt Romney, qui avait traité le candidat Trump de « charlatan » et « imposteur », a passé mardi une « merveilleuse soirée » à la table du président élu dans un restaurant français chic de New York. M. Trump « est justement l’homme qu’il nous faut pour nous conduire vers (un) avenir meilleur », a assuré le cacique républicain. 

Donald Trump va se mettre en retrait de son empire immobilier avant d'entrer à la Maison Blanche le 20 janvier. Ici, la Trump Tower à New York le 29 octobre 2004. © AFP

© AFP/Archives DON EMMERT
Donald Trump va se mettre en retrait de son empire immobilier avant d’entrer à la Maison Blanche le 20 janvier. Ici, la Trump Tower à New York le 29 octobre 2004

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