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Continuité territoriale : après 10 jours sans vol, le fenua de nouveau relié à la métropole


Le premier vol de continuité territoriale a décollé ce mardi, peu avant 14 heures de l’aéroport de Tahiti-Faa’a. Cette rotation financée par l’État et opérée par ATN doit assurer le lien avec Paris pendant deux à trois mois à raison d’un vol tous les 10 jours. Le but : assurer les évacuations sanitaires – déjà 4 pour ce premier vol – mais aussi ramener, au retour, du matériel urgent, et à terme du fret commercial. Près de 180 touristes bloqués au fenua ont pu en outre embarquer à l’aller. Les Polynésiens qui attendent leur rapatriement vers Tahiti, eux, devront rester en métropole.

« Soulagés », les quelque 180 passagers du vol Tahiti-Paris qui a décollé cette après-midi de la piste de Faa’a. Parmi eux, quatre personnes qui attendaient une évacuation sanitaire vers la métropole, accompagnés d’un médecin et un infirmier qui feront l’aller-retour. Dans le terminal, qui n’avait pas connu une telle affluence depuis une dizaine de jours, on croise aussi des Finlandais, Allemands, Anglais, quelques Polynésiens résidant en Europe… Mais la vaste majorité des passagers du jour sont des touristes métropolitains. Dont certains attendaient depuis plusieurs jours leur rapatriement.

L’inquiétude, qui s’est exprimée parfois vivement ces dernières semaines, s’est donc dissipée pour les « touristes bloqués ». « On part d’un confinement pour en retrouver un autre, avec peut-être un peu moins de soleil », relativise Stéphanie, la trentaine, dont l’entreprise est entièrement à l’arrêt à Lyon. D’autres, des professionnels de santé en vacances au fenua notamment, sont attendus pour prêter main forte à leur arrivée en métropole, où les hôpitaux ont connu près de 600 morts ces dernières 24 heures.

Une vingtaine de touristes n’ont pas pu embarquer dans l’avion faute de place et devront attendre le prochain vol de continuité territoriale pour rejoindre Paris. Pourtant, il n’étaient qu’une cinquantaine déclarés au haut-commissariat lors de la suspension des vols commerciaux. Mais comme le pointe le secrétaire général du Haut-commissariat, Éric Requet, « de nouvelles personnes se font connaître chaque jour ».

Priorité au fret médical

Si ATN opère, c’est bien l’État qui est aux commandex de cette continuité territoriale. Le ministère des Outre-mer a débloqué une enveloppe totale de 420 millions de francs pour ces deux à trois mois de liaisons, à raison « d’un vol tous les 10 jours ». L’objectif principal est bien d’assurer que le fenua dispose des moyens de lutte contre la pandémie. Sur le vol retour, la priorité devrait donc être donnée au transport de fret médical, d’équipements de santé et de produits pharmaceutiques. S’y ajoute aussi, « à hauteur de 25 tonnes pour chaque vol », du matériel nécessaire au fonctionnement du réseau électrique, de l’armée, des administrations et des transports intérieurs. Rien ne confirme pour l’instant que les très attendus respirateurs – une quarantaine a été commandée pour équiper les hôpitaux périphériques du fenua – et tests de dépistage au Covid-19 seront dans les soutes du vol retour.

Polynésiens bloqués en métropole : un « sacrifice pour protéger leurs proches »

La continuité territoriale pourrait aussi servir, à l’avenir, pour du fret commercial. Il n’est en revanche pas question, à l’heure actuelle, de rapatrier des Polynésiens bloqués en métropole pour ne pas risquer de ramener de nouvelles souches de coronavirus au fenua. « C’est difficile d’être loin de chez soi, reconnait Éric Requet. Mais je pense qu’ils feront ce sacrifice pour leur famille et leur amis ».

Le direct Tahiti-Paris restera « une exception »

Il semblait logique qu’Air Tahiti Nui, seule compagnie internationale dont les avions sont stationnés au fenua, assure cette liaison. Et pourtant, ça n’était pas gagné d’avance : Paris avait lancé un appel d’offre auquel pas moins de 7 compagnies avaient répondu. « Soit toutes les compagnies françaises qui peuvent assurer le vol, résumait hier le P.Dg d’ATN Michel Monvoisin. Il faut dire que les flottes sont très sous-exploitées dans le monde entier à l’heure actuelle ».

Pourquoi ATN a-t-elle remporté ce marché pour l’instant prévu pour deux mois ? « Une offre plus compétitive » répondent simplement les représentants du Haut-commissariat. Les facilités logistiques à Faa’a ont probablement permis à la compagnie du Pays d’être plus concurrentielle qu’Air France, French bee et autres Air Austral. Mais elle peut aussi remercier sa nouvelle flotte : les Boeing 787 Dreamliner, réputé économes en carburant, permettront s’assurer le vol Papeete -Paris aller d’une seule traite. Un exploit déjà réalisé le 16 mars dernier. Avec 15 000 kilomètres il s’agit du plus long vol domestique au monde et, en distance, un des plus longs vols commerciaux de l’histoire. Au retour, vents contraires oblige, le Boeing devra s’arrêter à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Michel Monvoisin précise qu’il n’est pas question de pérenniser ces vols directs, qui sont limités en chargement.

C’est le Tetiaroa, l’avion qui vient de revenir de Shanghai, qui assurera la liaison. A bord, une dizaine de PNC, et 4 pilotes pour se relayer durant le long vol. ©C.R.

Éric Requet, secrétaire général du Haut-commissariat. ©C.R.

Voilà une dizaine de jours que le terminal de l’aéroport de Faa’a n’avait pas connu une telle affluence. ©C.R.

 

 

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1 Commentaire

  1. 8 avril 2020 à 6h40 — Répondre

    Choix judicieux et logique de l’État pour ATN, qui est la compagnie Polynésienne qui mérite cette décision, une occasion de faire voler nos avions, de permettre à nos pilotes de se sentir utiles et responsables, de maintenir un lien avec la métropole, d’agir pour le fenua. Un contre pied pour ceux qui ont critiqué l’État déclarant que la métropole nous laissait tomber.

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