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Corée du Sud: la présidente soupçonnée de collusion

Séoul (AFP) – La position de la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye est devenue un peu plus précaire dimanche, le parquet la soupçonnant désormais de « collusion » avec les acteurs d’un scandale de corruption majeur qui a jeté la population dans la rue.

A un an de la fin de son mandat, Mme Park est malmenée depuis de longues semaines par une enquête centrée sur une de ses vieilles amies, Choi Soon-Sil, confidente de l’ombre arrêtée début novembre.

Mme Choi, 60 ans, est accusée d’avoir usé de son influence sur la présidente, alors qu’elle n’occupait aucun poste officiel, pour extorquer des sommes astronomiques à des groupes industriels.

Cette dernière et un ex-conseiller présidentiel, Ahn Jong-beom, ont été formellement inculpés pour abus de pouvoir et extorsion. Un autre ancien conseiller, Jeong Ho-Seong, est poursuivi pour avoir donné à Mme Choi des documents classifiés.

« Nous (…) estimons que la présidente a joué un rôle de collusion dans une partie considérable des activités criminelles impliquant les (trois) personnes », a déclaré à la presse le chef de parquet du district central de la capitale, Lee Young-Ryeol, en référence aux trois suspects.

En Corée du Sud, un chef de l’Etat en exercice ne peut pas faire l’objet de poursuites pénales, sauf pour insurrection ou trahison. Mais elle peut être entendue par les enquêteurs, et elle pourra être poursuivie après la fin de son mandat.

La présidente a pris un avocat pour entrer en contact avec les enquêteurs afin d’étudier la faisabilité d’une audition, ce qui serait une première pour un chef d’Etat sud-coréen.

– Destitution? –

Dimanche, M. Lee s’est engagé à poursuivre l’enquête sur la présidente. Initialement considérée comme un témoin potentiel, elle est désormais vue par les enquêteurs comme une suspecte.

« Désormais, elle serait considérée comme un suspect », a déclaré aux journalistes le magistrat Roh Seung-Kwon en citant l’article de loi réprimant la collusion.

Jung Youn-Kuk, un porte-parole de la présidente, n’a pas caché sa colère face à des déclarations du parquet qu’il a qualifiées d' »attaques politiques injustes » fondées sur « l’imagination et les conjectures ».

Ces déclarations donneront des arguments à ceux qui militent pour le lancement d’une procédure de destitution de la présidente.

Le parti démocratique, principale formation de l’opposition, s’est pour l’instant refusé à la demander, craignant un retour de flamme lors de la présidentielle de 2017. 

Mais 74% des Sud-Coréens sont favorables à la destitution de Mme Park, selon un récent sondage. Et 30 parlementaires membres du parti même de la présidente l’ont également demandée.

Plus de 50 groupes, parmi lesquels les géants Samsung et Hyundai, ont été contraints de verser au total 77,4 milliards de wons (61,8 millions d’euros) aux deux fondations créées par Mme Choi.

M. Lee a indiqué que ces entreprises avaient accepté de payer par peur de représailles qui auraient pu prendre la forme de contrôles fiscaux plus poussés ou de difficultés à obtenir de l’administration certains sésames requis pour leurs affaires.

Mais Mme Choi a également fait pression sur certains groupes comme Hyundai ou le sidérurgiste Posco pour qu’ils accordent des contrats à des entreprises qui lui étaient liées, a expliqué M. Lee.

Jeong Ho-Seong est de son côté soupçonné d’avoir transmis à Mme Choi 180 documents confidentiels concernant notamment la politique étrangère ou encore des nominations de hauts fonctionnaires ou de membres du gouvernement, selon le parquet.

Mme Choi, surnommée « Raspoutine » par les médias, jouissait notamment d’une influence importante dans le domaine sportif, qu’il s’agisse de la nomination de responsables ou même de la préparation des Jeux d’hiver de 2018.

Vice-ministre des Sports jusqu’au mois dernier, Kim Chong est ainsi soupçonné d’avoir aidé les fondations de cette éminence grise à obtenir de juteux contrats publics. Il a été entendu mercredi.

Ce scandale a entraîné les plus importantes manifestations en Corée du Sud depuis 1980 pour exiger la démission de Mme Park.

Des dizaines de milliers de personnes ont encore défilé samedi à Séoul, pour la quatrième semaine consécutive. Les manifestants étaient 450.000, selon les organisateurs, à défiler en scandant « Park Geun-Hye démission! », tandis que la police parlait de 155.000 personnes.

La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye s'adresse à la nation, le 4 novembre 2016 à Séoul. © AFP

© POOL/AFP Ed JONES, Ed Jones
La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye s’adresse à la nation, le 4 novembre 2016 à Séoul

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