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Corse: tension après une violente rixe intercommunautaire

Bastia (AFP) – Environ 500 personnes ont participé dimanche à Bastia à un rassemblement dans une atmosphère tendue au lendemain d’une violente rixe entre jeunes corses et trois familles d’origine maghrébine, ayant fait cinq blessés à Sisco (Haute-Corse).

« Un différend a éclaté entre  les membres de trois familles, d’origine maghrébine, et des jeunes de la région de Sisco qui ont reçu le renfort de proches », a indiqué dimanche en fin d’après-midi le parquet de Bastia dans un communiqué. Une enquête en flagrance a été ouverte « pour violence en réunion », pour en établir l’origine », a-t-il indiqué à l’AFP. 

« Cette altercation a entraîné différentes  violences notamment par jets de pierre, coups et jets de bouteilles. Trois véhicules automobiles ont, par ailleurs,  été incendiés.  La gendarmerie est parvenue  à maîtriser la situation, d’une grande violence,  et à prendre en charge les cinq personnes blessées qui ont été admises au  centre hospitalier de Bastia », poursuit le parquet dans le communiqué. 

Une jeune fille mineure, témoin des affrontements, s’exprimant au mégaphone devant les personnes rassemblées, a indiqué que la rixe avait éclaté alors que plusieurs femmes qui se baignaient en burkini étaient prises en photo par des touristes. Des insultes ont été proférées par un groupe de jeunes gens d’origine maghrébine, selon la jeune témoin.

Plusieurs hommes plus âgés, d’origine maghrébine, sont alors arrivés, munis de hachettes, s’en prenant à un groupe de jeunes gens corses, âgés de 15 à 18 ans qui étaient sur la plage, selon ce témoignage. Des parents des jeunes gens sont à leur tour intervenus et deux d’entre eux ont été blessés avec des harpons, a indiqué la jeune fille.

« Le ton est monté », « les gens du village sont descendus », a ajouté la jeune fille selon laquelle les pneus de plusieurs de leurs voitures ont été crevés par des femmes magrébines tandis que les villageois ont renversé une voiture et incendié deux autres véhicules appartenant à des membres de la communauté maghrébine. 

Cent policiers et gendarmes ont été envoyés sur place pour ramener le calme. La section de recherches d’Ajaccio a été saisie de l’enquête.

« Vous n’avez qu’à venir nous voir à Lupino », un quartier périphérique, populaire et métissé de Bastia, aurait lancé l’une des personnes d’origine maghrébine.

Les cinq personnes blessées avaient toutes quitté l’hôpital dimanche en fin d’après-midi a précisé le parquet à l’AFP. Aucun des protagoniste n’a encore été entendu par la gendarmerie de Haute-Corse chargée de l’enquête. 

En fin de matinée, dimanche, les manifestants ont été reçus à la préfecture de Bastia. A la sortie, dans une ambiance très tendue, la foule a crié « aux armes, on va monter parce qu’on est chez nous » et s’est dirigée vers le quartier Lupino, dont les gendarmes mobiles ont bloqué l’entrée.

Peu après les manifestants sont allés jusqu’à l’hôpital où un jeune homme d’origine maghrébine, blessé samedi, est hospitalisé. Des CRS venus en renfort se sont positionnés à proximité et ont fait usage de gaz lacrymogènes après avoir été la cible de projectiles, a constaté une journaliste de l’AFP.  

– ‘Appel au calme’ –

Dès samedi, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a condamné « avec force ces violences » et « assuré de la mobilisation de ses services dans le cadre de l’enquête » judiciaire « pour faire la lumière sur ces faits intolérables et interpeller les auteurs ».

Le président du Conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, et celui de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, ont lancé un « appel au calme et au refus de toute réaction inappropriée » condamnant « les comportements provocateurs et des actes violents de la part de personne extérieures à la commune », accompagnés « selon les témoins d’une revendication explicitement communautariste ».     

Dans un tweet, le président du Conseil départemental de Haute-Corse, François Orlandi a demandé que cette « agression inacceptable » soit « sanctionnée ». Mais « l’appel au calme et au sang-froid est nécessaire pour éviter que les amalgames stigmatisent toute une communauté qui souhaite vivre en paix dans une île où elle travaille depuis des décennies et où, souvent, ses enfants sont nés », écrit-il.

« Rien d’étonnant quand l’État laisse agir la racaille et la violence islamiste sans réponse ! L’ordre c’est pour quand ? » a réagi au nom du FN Florian Philippot dans un tweet. Debout La France a pour sa part exigé dans un communiqué « l’interdiction générale et absolue du +burkini+ sur toutes les plages de France. Au gouvernement de prendre ses responsabilités! ».

Les gendarmes contiennent une manifestation dans la cité des Monts à Lupino, un quartier populaire et métissé de Bastia, le 14 août 2016, au lendemain d'une violente rixe intercommunautaire. © AFP

© AFP PASCAL POCHARD-CASABIANCA
Les gendarmes contiennent une manifestation dans la cité des Monts à Lupino, un quartier populaire et métissé de Bastia, le 14 août 2016, au lendemain d’une violente rixe intercommunautaire

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1 Commentaire

  1. simone grand
    16 août 2016 à 8h09 — Répondre

    Dans les pays musulmans, les femmes sont voilées; en pays chrétien, elles ne le sont pas. Chacun doit respecter le pays de l’autre.

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