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Coup de théâtre au procès Fiona: la mère en partie exonérée, l'ex-concubin lourdement condamné

Riom (France) (AFP) – Coup de théâtre dans l’affaire Fiona: les assises du Puy-de-Dôme ont condamné vendredi la mère de la fillette à cinq ans de prison et son ex-compagnon, seul reconnu coupable des coups mortels, à 20 ans de réclusion.

Contre l’avis de l’avocat général, qui avait requis 30 ans de réclusion pour le couple, avec une période de sûreté des deux-tiers, Cécile Bourgeon a été acquittée partiellement du chef de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

Contre toute attente, elle n’a été condamnée que pour quatre délits, notamment « non-assistance à personne en danger » et « dénonciation de crime imaginaire » pour avoir monté le scénario de sa disparition dans un parc de Clermont-Ferrand, le 12 mai 2013.

Elle s’est toutefois vu infliger un retrait total de l’autorité parentale pour ses deux autres enfants.

La cour a estimé qu' »il n’y avait contre elle qu’un seul élément à charge: la parole tardive et variable de Berkane Makhlouf ».

Ce dernier a écopé de 20 ans de réclusion criminelle, assortis d’une période de sûreté des deux tiers.

« C’est une immense satisfaction! Le droit l’a emporté sur la rue », s’est félicité Me Renaud Portejoie, l’avocat de Cécile Bourgeon pour qui « la cour, avec courage, a su se départir de l’émotion et rendre la justice sereinement ».

« Si le parquet général décide de ne pas relever appel, (…), elle sortira d’ici les prochaines semaines », a-t-il estimé.

« Ce verdict est surprenant! La cour s’est montrée aveugle sur une partie des faits », a déclaré de son côté Me Mohamed Khanifar, conseil de Berkane Makhlouf, qui envisage de faire appel.

Dans sa plaidoirie, il avait mis en garde la cour contre un « risque d’erreur judiciaire », en faisant allusion à l’affaire d’Outreau. 

A l’énoncé du verdict, Nicolas Chafoulais, le père de Fiona, a précipitamment quitté la salle. Pour son avocat, Me Charles Fribourg, « la manipulation et le mensonge ont triomphé sur la vérité ».

« On a un tabou en France: une mère ne peut pas mettre fin aux jours de son enfant », a estimé pour sa part Me Marie Grimaud, avocate de l’association Enfance et Partage qui s’était portée partie civile.

Dans un réquisitoire particulièrement incisif à l’encontre de Cécile Bourgeon, l’avocat général avait pourtant renvoyé dos à dos les deux accusés, estimant qu’ils étaient « unis dans la violence ».

« Il n’est pas nécessaire que je puisse identifier qui a fait quoi. Peu importe si l’un a mis trois coups et l’autre un seul », avait estimé Raphaël Sanesi de Gentile.

Il avait réclamé une « peine exemplaire » pour ce « couple infernal ».

Les ex-concubins, jugés depuis deux semaines, avaient fait croire à un enlèvement pendant des mois en 2013, avant d’avouer la mort de la fillette de cinq ans dont le corps n’a jamais été retrouvé.

– Le mystère demeure entier – 

Faute d’autopsie, la cause de la mort de Fiona n’a pas été éclaircie – coups, absorption de médicaments voire de drogues, le couple étant toxicomane. La défense n’a eu de cesse de plaider l’accident domestique.

Et le sort réservé à la dépouille de l’enfant, enterrée en lisière d’une forêt ou jetée aux ordures, reste toujours une énigme.

Durant ce procès à rebondissements, au cours duquel une médium a été appelée à la barre, Cécile Bourgeon est restée insaisissable et inconstante dans ses versions. Parfois touchant et volubile, Berkane Makhlouf avait persisté à nier les violences sur Fiona dont l’accuse son ex-concubine.

Ce verdict a été accueilli avec colère par une cinquantaine de personnes, qui attendaient la sortie du fourgon pénitentiaire et ont injurié copieusement la mère de Fiona.

© AFP Thierry Zoccolan
L’avocat général Raphaël Sanesi de Gentile, le 25 novembre 2016 à Riom