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Covid : les réquisitions de Gaston Flosse contre la gestion de crise

Retard de la vaccination ou du confinement, gestion des frontières ou des décès… Le président du Tahoera’a a durement attaqué, ce matin, « l’incompétence » du président du Pays et du haut-commissaire dans la crise Covid. Appelant à leur démission, il a expliqué ce qu’auraient été ses décisions s’il était au pouvoir. Une leçon qui intervient au lendemain de réquisitions particulièrement lourdes dans son procès pour dissimulation de patrimoine.  

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« Pour faire honneur à votre charge, monsieur le haut-commissaire, monsieur le président, vous devriez tous les deux démissionner de vos fonctions, avant que la colère populaire vous y oblige ». La réquisition, lourde et soutenue par cinq pages de discours à charge, est signée Gaston Flosse. Ses lettres aux autorités étant restées « sans réponse » ces derniers mois, le président du Tahoera’a a choisi de lire sa dernière missive lors d’une conférence de presse ce mardi matin. « Aucune relation », assure-t-il, entre cette prise de parole médiatique et son autre actualité du moment : 24 heures plus tôt, l’ancien président était jugé à Paris pour avoir omis de déclarer près de 200 millions de francs de son patrimoine.

« L’incompétence » du « grand prêtre Fritch »

Le Vieux lion veut seulement parler de la crise Covid, et surtout de « l’incapacité », de « l’incompétence » des responsables au pouvoir pour la gérer. Aucun doute : Édouard Fritch et Dominique Sorain sont « en grande partie responsables de cette catastrophe sanitaire », et de l’avalanche de morts, réévalués par les soins du parti orange à « 590 et 625 » décès, contre 522 aujourd’hui officialisés. Son ancien bras droit, Édouard Fritch, est sans surprise au premier rang des accusés. D’abord pour « fausser intentionnellement » les chiffres et « cacher la vérité » de l’épidémie en ne communiquant plus sur les dépistages – une disparition pourtant annoncée et plusieurs fois expliquée publiquement. Mais ce sont surtout les « échecs » qui sont passés en revue : celui de la campagne de vaccination, de la préparation des hôpitaux périphériques, de la gestion des morts. « Monsieur le président, accepteriez-vous que la dépouille mortelle de votre maman soit stockée dans un container et que vous et vos frères soyez obligés de creuser sa tombe ? » interroge Gaston Flosse. Ne soyez pas offusqué, c’est cela la réalité ». Le président du Pays est au passage égratigné sur sa cérémonie de recueillement télévisée à Paofai où « le grand prêtre Fritch officiait solennellement ». Mais le Haut-commissaire n’est pas non plus épargné : lui aussi a « choisi l’économie et les milliards » plutôt que la « vie de la population », et ainsi retardé les décisions de confinement ou de fermeture des écoles au nom de l’économie.

Favorable à la vaccination… plus que jamais

Gaston Flosse pointe du doigt le pouvoir et surtout imagine l’avoir. Depuis le siège du Tahoera’a, il décrit dans le détail les mesures qu’il « aurait prises » : la formation d’un « conseil de lutte contre le coronavirus » armé de spécialistes nationaux demandés à Emmanuel Macron, une fermeture des frontières « immédiate » après le début de l’épidémie de variant Delta, une « chapelle ardente » où les familles pourraient visiter leurs défunts, ou encore des centres de vaccination plus nombreux et aux horaires plus étendus. Car le Vieux lion partage sur ce point l’analyse des autorités nationales ou locales : « la non-vaccination en Polynésie a fait des ravages ». Une insistance étonnante pour un responsable qui n’a jamais lancé d’appel général à la vaccination et qui, en juin dernier, dénonçait le discours de Sebastien Lecornu sur la fermeture des frontières et justement les objectifs de vaccination. « C’était avant l’état d’urgence » justifie le chef de parti, qui aurait mis la pression sur les élus de son groupe pour voter l’obligation vaccinale à l’assemblée. Persuadé que tous les Polynésiens iraient se faire vacciner « si on allait les chercher », il n’en rechigne pas moins, aujourd’hui, à les y encourager clairement. « Ce n’est pas à moi de le faire, je n’ai pas la main sur l’organisation ».

200 millions de francs de « bobos »

Une fois relancé les appels à la motion de censure envers Édouard Fritch –  « le Tapura, peut choisir qui ils veulent, mais pas lui ! » – Gaston Flosse finira par accepter de parler de son propre avenir, très lié à ses ennuis judiciaires. Mais là aussi, le sujet est rapidement dégagé sur le terrain politique. Avec ce procès pour « déclaration incomplète ou mensongère » démarré lundi, Paris cherche à « tout simplement à l’écarter des élections territoriales » de 2023. L’ancien président aura alors 93 ans, mais « sera présent si on l’y autorise ». Pour le « bloquer » la justice lui aurait trouvé un nouveau « bobo » : avoir omis de déclarer près de 200 millions de francs à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Incompréhensible pour Gaston Flosse qui assure que chez lui « tout est transparent », de ses comptes à son patrimoine. Pas l’avis des enquêteurs et du procureur qui ont identifié, en dehors de toute déclaration, 29 millions de francs de tableaux – confiés à sa compagne Pascale Haiti, explique-t-il – 27 millions d’un compte-retraite ou encore 120 millions de francs issus de la cession de son hôtel particulier parisien, le Ranelagh, vendu pour plus de 600 millions de francs. Quand, à Paris, Me Quinquis plaide des maladresses et des oublis, rappelant au passage le grand âge de son client, le Vieux lion, à Papeete, dit se souvenir de tout, a une explication à tout, et s’estime victime d’une « justice qui veut se placer au-dessus de la démocratie ». Victime comme dans l’affaire du Ranelagh, liée à celle des emplois fictifs et toujours devant la justice : « L’État est venu me voler mon argent, insiste-t-il. Vivement la souveraineté ! »

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