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Crise économique : le nouveau patron du Medef veut faire bouger les autorités


Frédéric Dock a été élu jeudi soir président du Medef Polynésie Française. Le directeur général de Cegelec est bien décidé à faire porter la voix de l’organisation patronale dans les débats sur la relance économique. Passés « la gestion de l’urgence » et les « bilans », il plaide pour des mesures rapide
s et « d’ampleur » face à la crise qui s’installe.

Hier soir, le Medef-PF a renouvelé ses équipes dirigeantes lors d’une assemblée générale retardée de quelques semaines pour cause de crise sanitaire. Patrick Bagur, qui assurait la présidence depuis mars 2018, n’était pas candidat à sa propre succession. Les 18 organisations adhérentes (FGC, Sipof, SPCA…) du « premier réseau professionnel du fenua », comme s’affiche le Medef, ont toutes porté leurs voix sur la liste menée par Frédéric Dock, d’ailleurs la seule en compétition. Le directeur général de Cegelec et des filiales du groupe Vinci – Énergie en Polynésie n’est pas un nouveau venu dans l’organisation patronale. Il était jusque-là président de sa commission économique, et, après avoir un temps dirigé l’Organisation des professionnels du numérique Open, avait pris ces derniers mois les rênes d’une autre organisation adhérente, la Chambre syndicale des entrepreneurs du BTP.

Autour de lui, quatre vice-présidents : l’ancien directeur de la brasserie Thierry Mosser, aujourd’hui consultant, faisait déjà partie du bureau sortant. S’y ajoutent Vincent Fabre, cadre de la Socredo et actuel président d’Open, et Florence Darnon, de la Banque de Tahiti. Enfin, Olivier Kressman, président du Medef jusqu’en 2018 et président du Digital Festival Tahiti, fait son grand retour dans l’exécutif de l’organisation patronale au poste de 1er vice-président.

« Sortir immédiatement de l’état des lieux »

Un nouveau bureau, donc, pour un « défi économique énorme ». Le Mouvement des entreprises de France en Polynésie dont les 470 entreprises affiliées emploient près de 16 000 salariés et pèserait pour plus de la moitié du chiffre d’affaires du fenua, alerte depuis plusieurs semaines sur la « catastrophe économique » en cours. Début mai, l’organisation avait mis sur la table d’inquiétantes prévisions : 20 à 30% de chiffre d’affaire en moins cette année, sans perspective d’amélioration en 2021. Le gouvernement et le Haussariat ont depuis évoqué d’autres estimations : aux alentours de 20% de baisse de PIB. Une récession quoiqu’il en soit importante et qui coûtera cher côté social : jusqu’à 30% des effectifs du privé seraient « en danger » pour le Medef. « En fonction des mesures qui sont prises, cette catastrophe peut être limitée », pointe pourtant Frédéric Dock. À condition que les autorités « sortent immédiatement des bilans et de l’état des lieux », pour passer à l’action.

Depuis le début de la crise, le Medef semble militer pour une extension des mesures nationales à la Polynésie. « On a repris les premières mesures prises en métropole – le prêt garanti par l’État, le fond de solidarité… – ça a fonctionné, il faut continuer dans ce sens-là », confirme Frédéric Dock. Mais ses propositions précises, le Medef préfère les « réserver au gouvernement et au président du Pays en particulier ». Le chef d’entreprise, estimant que les autorités se sont pour l’instant « occupées de l’urgence », entend en tout cas demander des « mesures rapides et d’ampleur » pour « préserver les entreprises et leurs salariés » et relancer l’économie.

Alors que le gouvernement entend limiter son action à ses capacités budgétaires propres, le Medef plaide-t-il pour un emprunt massif, comme celui qui a été contracté par la Nouvelle-Calédonie ? « La question des financements appartient aux autorités du Pays et de l’État », se limite à répondre Frédéric Dock. Mais les entreprises, quoiqu’il arrive, « ont besoin de visibilité ».

« On va entendre parler du Medef »

Pas question pour les patrons d’être tenus pour responsables de licenciements massifs « qui peuvent être évités par des mesures adaptées », martèle, en substance, le dirigeant. Raison pour laquelle le Medef veut plus que jamais peser dans le débat économique et social. « On n’a pas suffisamment mis en avant nos valeurs », pointe Frédéric Dock. Promettant de « travailler avec le Pays à tout faire pour que cette économie ne s’effondre pas », le nouveau président de l’organisation patronale ne semble pas exclure l’idée d’un rapport de force avec les autorités : « On va entendre parler du Medef beaucoup plus ces prochains temps ».

 

Tourisme : réponse cinglante à Christophe Plée et la CPME

La CPME et le Medef, les deux principales organisations patronales de Polynésie ne paraissent pas en phase, ces dernières semaines, sur leurs propositions économiques. « On a une vision différente des choses », convient Frédéric Dock. Notamment en matière de sauvetage du secteur touristique. Le 11 mai, son homologue Christophe Plée avait présenté, en réunion avec le gouvernement puis publiquement, son plan « Fenua Access ». L’idée : booster le tourisme local, en cassant les prix des transports, hébergements et activités pour les résidents, et en plaçant tout le secteur en « zone franche », le temps d’attendre le retour des visiteurs internationaux. « On attend les propositions du Medef » avait au passage commenté le président de la CPME. Frédéric Dock, visiblement très peu convaincu par ce « plan Marshall – Plée », pointe que les entreprises du tourisme ne peuvent se contenter d’une reprise en local pour survivre.

Là aussi, le Medef demande de la visibilité aux autorités. Si les mesures de précautions sanitaires « appartiennent aux politiques », « il va falloir au moins être clair, à un moment donné sur la question de la réouverture des lignes aériennes », dit-il. En attendant, les mesures de soutiens sectorielles sont nécessaires : « il existe un risque de disparition » de certaines entreprises et ce « à très court terme ».

 

 

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1 Commentaire

  1. Tohivea
    16 mai 2020 à 8h05 — Répondre

    Il faut mobiliser la masse monétaire locale. Son volume permet de faire face à la crise en soutenant nos entreprises/salariés. Comment mobiliser cette masse est la seule vraie question, une question de confiance.

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