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Crise politique en RD Congo: le pouvoir passe en force

Kinshasa (AFP) – Le président congolais Joseph Kabila a annoncé dans la nuit de lundi à mardi, quelques heures avant la fin de son mandat, un nouveau gouvernement sans attendre les résultats de la médiation de l’Église catholique visant à sortir la République démocratique du Congo de la crise politique.

La lecture de la liste du cabinet a été donnée à l’antenne de la télévision publique peu avant minuit (23h00 GMT), heure à partir de laquelle les détracteurs les plus virulents du président Kabila considèrent qu’il n’est plus légitime.

Peu après cette annonce, des tirs d’armes à feu ont été entendus par des journalistes de l’AFP dans plusieurs quartiers du nord de Kinshasa.

L’origine précise de ces tirs, entendus dans deux quartiers du nord de la capitale, était difficile à déterminer.

Peu avant, plusieurs quartiers de la mégapole congolaise, transformée en ville morte durant la journée de lundi, avait résonné de concerts de sifflets et de tambours improvisés avec des casseroles, symboles du « carton rouge » que l’opposition a menacé d’infliger à M. Kabila, qui entend se maintenir au pouvoir dans l’attente de l’élection d’un successeur.

La présidentielle prévue cette année a été reportée sine die.

La formation du gouvernement est le fruit d’un accord de partage du pouvoir conclu en octobre entre la majorité et une frange minoritaire de l’opposition, dénoncé avec véhémence par la coalition du Rassemblement constituée autour de la figure de l’opposant historique Étienne Tshisekedi, 84 ans.

Le nouveau cabinet est dirigé par un transfuge de l’UDPS, Samy Badibanga, et fait entrer plusieurs ministres d’opposition ayant joué comme lui le jeu du « dialogue national » proposé par M. Kabila.

Dans les quartiers où ils ont été entendus, les tirs – une rafale à Kasa-Vubu, une succession de coups de feu à Lingwala – ont mis fin aux concerts de sifflets.

Une détonation sourde a également été entendue à partir du quartier de la Gombe, où se trouvent le palais présidentiel et la résidence du chef de l’État.

Avant minuit, des habitants de la capitale avaient fait état de plusieurs tirs d’armes à feu ou de grenades lacrymogènes dans quelques quartiers gagnés par les concerts nocturnes.

Le 8 décembre, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) avait lancé une médiation de la dernière chance destinée à réconcilier les partisans de l’accord d’octobre et ses détracteurs en ouvrant la voie à une période de transition politique jusqu’à l’élection d’un successeur à M. Kabila.

En l’absence de la moindre avancée significative, dans un pays habitué aux violences meurtrières à caractère politique, les évêques avaient suspendu leur médiation samedi soir afin de se rendre à Rome pour une visite au pape François prévue de longue date, et avaient alors annoncé une reprise des négociations à leur retour mercredi.

Une inscription anti-Kabila sur une artère de Kinshasa, le 19 décembre 2016. © AFP

© AFP Eduardo SOTERAS
Une inscription anti-Kabila sur une artère de Kinshasa, le 19 décembre 2016

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