EMISSIONSL'édito d'Alexandre TaliercioPodcasts Culture : quand les intellos deviennent des « rageux » – Edito 05/10/2020 Alexandre TALIERCIO 2020-10-05 05 Oct 2020 Alexandre TALIERCIO A peu de choses près je pense que si on prenait la peine de creuser, on se rendrait bel et bien compte qu’actuellement et depuis les débuts de la colonisation, jamais la culture des natifs polynésiens n’avait bénéficié d’autant de promotion, de soutien et de reconnaissance, s’étendant même en dehors des frontières du Fenua. C’est un juste retour des choses après des années d’obscurantisme, y compris religieux, qui avaient conduit à l’interdiction de la pratique de la langue et du reste du folklore local, ce faisant, culpabilisant tout un peuple à propos de sa liberté à vivre la plénitude de son identité. Rappelons cependant que cela n’avait pu se faire qu’avec la complicité assumée et parfois pas si contrainte que ça d’une partie de la population autochtone. Aussi avec l’illustration actuelle d’une culture qui est parvenue à survivre à l’oppression pour briller au plus haut degré, s’il est hors de question d’oublier le passé, il est à mon humble avis envisageable et préférable de ne pas le garder à ce point en travers de la gorge, afin de mieux avancer et de s’élever. Le bon sens commun à toutes les composantes de l’humanité dans une société du 21ème siècle serait d’accepter le principe qu’il est illusoire et impossible d’empêcher l’interculturalité. Les peuples et les cultures se mélangent et engendrent au nom de l’amour de nouvelles générations. Aucune culture au monde ne s’est avérée au fil de l’histoire immuable et imperméable au point, à un moment ou un autre, de ne pas intégrer en son sein des influences venant d’ailleurs. Je respecte le point de vue de ceux qui y voient une dilution dangereuse, même si je n’y adhère pas. Ainsi, la culture polynésienne en 2020 est, selon un constat que je ne suis pas le seul à dresser, plutôt systématiquement dynamisée et popularisée quand des artistes locaux audacieux, par la force de leurs créations, osent des mélanges en vue de la magnifier. Dans un autre genre, les puristes parviennent de toute façon aussi à largement fédérer lorsqu’il s’agit de proposer du cent pour cent traditionnel, à la condition d’y adjoindre du talent. Il est donc surprenant de constater à quel point certains des esprits les plus brillants et influents parmi des polynésiens de souche, deviennent les chantres d’un conservatisme à géométrie variable. C’est d’autant plus malaisant quand il dégage des effluves nauséabondes de ce qui pourrait ressembler à du racisme. Ils sont tellement à cran, et se sentent tellement en péril, que dès que l’occasion leur en est donnée ils s’insurgent contre une soi-disant « appropriation culturelle » et épaississent de manière irrationnelle la carapace de leur rancœur. Déceler du danger là où il n’y a que des démonstrations d’amour, d’entre guillemets « étrangers », qui participent à vulgariser et faire vivre une culture que jamais ils ne prétendent faire leur, c’est une perte de temps et une compromission intellectuelle. Mais plus gravement, c’est en filigrane laisser penser que sa culture est faible et que ses héritiers légitimes ne sont pas suffisamment intelligents pour faire la part des choses et s’investir pour lui permettre de perdurer. Malgré les affres tous azimuts des temps qui changent, c’est pourtant tout le contraire qui au quotidien est démontré. https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2020/10/EDITO-813-05102020-COMP.mp3Podcast: DownloadCliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)