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Dans le vol cargo d’ATN, deux millions de masques arrivés de Chine… mais pas encore de tests

L’avion a rempli ses soutes au maximum : 130,1 mètres cubes de matériel médical. ©C.R.

Attendu depuis plusieurs jours, le vol ATN en provenance de Shanghai via Tokyo a atterri ce lundi en début d’après-midi à Faa’a. A son bord, 15 tonnes de matériel de protection contre le Covid-19, dont près de 2 millions de masques chirurgicaux. De quoi « armer le pays face à cette crise », a expliqué le président Édouard Fritch qui avait réservé, aux côtés d’autres responsables, un accueil triomphal aux membres d’équipage, les « aito » du jour.

Le président et le vice-président du Pays, entourés des directeurs d’Air Tahiti Nui et d’Aéroport de Tahiti ainsi que du consul de Chine… Tous avaient fait le déplacement sur le tarmac. Il faut dire que ce vol cargo était attendu : à son bord la première livraison de matériel médical directement commandé en Chine. Une initiative qui avait été annoncée par Édouard Fritch lui-même devant les élus le 26 mars pour faire face à la difficulté d’approvisionnement en masques, respirateurs, et autres tests de dépistages nécessaires pour combattre l’épidémie de Covid-19.

Le Boeing 787 avait décollé quatre jours plus tard… Et peut-être un peu trop tôt. L’appareil, d’abord attendu pour le 2 avril à Tahiti, a dû rester plusieurs jours parqué à l’aéroport de Narita, à Tokyo, avant de pouvoir effectuer une rotation vers Shanghai. Il faut dire que la Chine, où se trouvent la plupart des usines mondiales de ce genre de matériel est un marché pris d’assaut par les acheteurs, à commencer par les grands états européens et américains. Pékin, qui entend bien profiter de cette ruée pour marquer des points diplomatiquement, s’est dans le même temps efforcé de réguler ce trafic. Rendant au passage les autorisations beaucoup plus difficiles à obtenir depuis le 1er avril.

Le promoteur de la ferme aquacole de Hao parmi les remerciements

Il aura donc fallu faire évoluer plusieurs fois la commande et faire jouer beaucoup de relations pour que le feu vert soit finalement donné. Raison pour laquelle Édouard Fritch a enchaîné les remerciements, de Shen Zhiliang, le consul, à Felix Hao de l’APCAE en passant par les services diplomatiques français et même Wang Cheng, le promoteur de la ferme aquacole de Hao, qui aurait d’ailleurs fait don d’une dizaine de millier de masques au fenua. Le président, qui n’hésite à qualifier cette livraison « d’exploit » explique que la Polynésie est désormais « rodée » pour de futures rotations.

Mais que contenaient exactement les soutes du Boeing-787 ? Surtout des masques chirurgicaux. Il y en aurait 1,8 million d’après le président Édouard Fritch. Des masques FPP2 (norme de protection supérieure, notamment adaptée pour protéger les soignants au plus proche de la maladie) feraient aussi partie de la livraison mais en bien moindre quantité, ainsi que des lunettes et combinaisons de protection. 

Un deuxième vol, et un geste de solidarité avec d’autres pays du Pacifique

« Il ne s’agit là que de la première partie de la commande » a précisé le responsable de la logistique à la cellule de crise sanitaire du Pays, Luc Tapeta. Soit 130 m3 sur les 400 commandés par la Polynésie. Plus de 2,5 millions de masques supplémentaires, attendraient un embarquement à Shanghai. Un deuxième vol vers la Chine est donc d’ores et déjà prévu, mais il attendra probablement la mi-avril. Il devrait permettre au passage d’apporter du matériel donné par la Chine à certains pays du Pacifique, comme les Tonga, a précise Édouard Fritch lors de son discours de remerciement à l’aéroport.

Ce sera bien sûr ATN qui assurera cette autre rotation. « C’est là qu’on voit tout l’intérêt d’avoir notre propre compagnie, lance son P-Dg Michel Monvoisin, parce que les compagnies qui font du cargo, elles sont très sollicitées en ce moment ». Le responsable rappelle que ses équipes ont été « entièrement mobilisées », travaillant « quatre ou cinq nuits d’affilée » pour ce projet. La compagnie partenaire d’ATN Japan Airlines aurait modifié son propre programme de vol pour libérer une place à Narita pour le Dreamliner polynésien, alors que l’ambassade de France en Chine essayait d’obtenir des droits d’atterrissage. « C’est une victoire d’équipe », résume le P-Dg.

En attendant les tests de dépistage

Édouard Fritch estime que ces livraisons permettront d’être « armé pour faire face à la crise et aborder la phase progressive de déconfinement ». Mais la commande chinoise n’a pas permis de répondre à tous les besoins : respirateurs et tests de dépistage du Covid-19 en sont absents. Le Pays a des stocks très limités en la matière depuis le début de la crise : le gouvernement parlait il y a quelques semaines d’un millier de tests dont plus de 600 ont déjà été utilisés. Le ministre de la Santé Jacques Raynal a reconnu, ce lundi, que l’extension de la politique de dépistage annoncée depuis plusieurs jours – et semble-t-il nécessaire à une future sortie de crise – devrait attendre l’arrivée de ces tests. D’après Édouard Fritch, ce matériel serait finalement commandé en métropole, entre autres par souci de « fiabilité ». Les tests pourraient arriver, de même qu’une quarantaine de respirateurs qui doivent doubler les capacités de prises en charge des malades dans le pays, dans les soutes des vols de continuité territoriale.

Pour rappel Air Tahiti Nui a été sélectionné par l’État, parmi sept compagnies répondantes, pour assurer cette rotation hebdomadaire vers Paris. Le premier vol doit voler en direct vers la métropole ce mardi, pour repartir de Charles de Gaulle vendredi en passant par Pointe-à-Pitre.

Le consul de Chine Shen Zhilang sur le tarmac aux côtés d’Édouard Fritch et Teva Rohfritsch

L’équipage du vol ATN, qui a réussi à minimiser les temps de chargements à Shanghai, a été accueilli en « héros ». ©C.R.

L’équipage a bien sûr passé des tests médicaux au retour et devrait être suivi de près dans les jours à venir. ©PrésidencePF

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2 Commentaires

  1. l'Abeille
    7 avril 2020 à 8h34 — Répondre

    Même si cela part d’un bon sentiment, la préparation de cette « expédition » semble mal ficelée car seulement 15 tonnes dans un 787 …. Ca fait cher le masque. Pour la prochaine j’espère qu’ils feront mieux. Cela dit quand on voit notre président et son adjoint,.. sont -ils aussi privés de ce breuvage qu’on appelle le vin ?

  2. Lussan
    7 avril 2020 à 11h37 — Répondre

    15 tonnes de masques sont beaucoup plus volumineuses que 15 tonnes de béton. Faisons confiance que les soutes aient été bien optimisées. Et remercions l’action du gouvernement et l’équipage d’ ATN pour cet exploit. Air France vient de suspendre ses vols cargo Paris Shanghai à cause du durcissement des démarches douanières. Au vu de la situation de crise mondiale, restons tolérant.

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