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Décès de Georges Séguy, ancien leader de la CGT et figure du syndicalisme

Paris (AFP) – Georges Séguy, leader de la CGT de 1967 à 1982 et négociateur des accords de Grenelle en mai 1968, est décédé samedi à l’âge de 89 ans des suites d’une maladie.

« Il est décédé hier (samedi) en début d’après-midi », a annoncé à l’AFP Elyane Bressol, présidente de l’Institut d’histoire sociale de la CGT, dont M. Séguy était président d’honneur. Luttant depuis plusieurs années contre la « maladie », l’ancien leader « était hospitalisé depuis quelques jours à l’hôpital de Montargis, dans le Loiret », a-t-elle précisé.

Son syndicat pleure « un dirigeant qui a compté, qui comptait et comptera encore longtemps », a déclaré Philippe Martinez, actuel numéro un de la CGT, qui a témoigné sur RTL de sa « profonde tristesse ». « Il avait cette volonté d’une CGT offensive, combative, mais à l’écoute aussi des travailleurs et qui sait mener des grèves », a-t-il ajouté.

La centrale souhaite qu’un « hommage national lui soit rendu en septembre à Montreuil », a indiqué à l’AFP Gisèle Vidallet, membre de la direction cégétiste.

De son côté, Pierre Laurent, leader du Parti communiste français (PCF), dont Georges Séguy était membre du bureau politique jusqu’en 1982, « perd un ami ». « Les communistes perdent un camarade, un homme rempli d’humanité, de dignité, un combattant du genre humain », a-t-il écrit dans un communiqué.

Sur Twitter, le Premier ministre Manuel Valls a, lui, salué « une grande figure du syndicalisme et des luttes sociales dans notre pays ».

Quant à Myriam El Khomri, ministre du Travail, elle a fait part sur le réseau social de sa « grande émotion ».

Né le 16 mars 1927 à Toulouse dans une famille ouvrière, Georges Séguy, ouvrier typographe, s’engage à 16 ans dans les rangs des Francs tireurs partisans (FTP) de la Résistance. Arrêté par la Gestapo, il est déporté en février 1944 au camp de Mauthausen (Autriche), où il passe quinze mois.

A son retour en France, son père le fait entrer à la SNCF en qualité d’électricien.

– Adversaire des gouvernements –

Devenu en 1949 secrétaire de la fédération CGT des cheminots, entré en 1954 au comité central du PCF, puis au bureau politique en 1956, Georges Séguy gravit rapidement les échelons de l’appareil syndical : secrétaire général de la fédération des cheminots (1961), membre du bureau confédéral de la CGT (1965), avant de succéder en 1967, à l’âge de 40 ans, à Benoît Frachon à la tête de la CGT.

C’est lui qui mène pour son syndicat les négociations de Grenelle en mai 1968, avant de devenir l’adversaire principal sur le terrain syndical des gouvernements de la Ve République.

En 1982, Georges Séguy cède sa place à Henri Krasucki et prend une retraite active. Il crée « L’appel des cent », un mouvement pacifiste proche du PC, préside l’Institut d’histoire sociale de la CGT, et organise en 1995 un colloque pour le centenaire de la centrale syndicale.

Il était sorti de son silence, en décembre 2014, pour exhorter ses camarades à « préserver la cohésion de la CGT » dans la tempête causée par les révélations sur le train de vie de son lointain successeur Thierry Lepaon, finalement poussé à la démission.

Selon Elyane Bressol (IHS), Georges Séguy « a su anticiper les transformations que la CGT devait opérer ». « Je pense qu’il en est, pour une grande part, à l’origine », par « son travail sur la démocratie interne, pour donner plus de place à la discussion et entraîner plus de monde dans les décisions, et l’unité syndicale et de la classe ouvrière. »

« Il est resté, jusqu’à ces dernières semaines, un résistant qui s’intéressait à la vie sociale du pays et qui avait un avis », a-t-elle ajouté.

Officier de la Légion d’honneur, M. Séguy avait publié « Le Mai de la CGT » (1972), « Lutter » (1975), et « Résister, de Mauthausen à Mai 68 » (2008).

L'ancien secrétaire général de la CGT, Georges Séguy à son domicile à Vieilles-Maisons-sur-Joudry le 7 avril 2008. © AFP

© AFP/Archives ALAIN JOCARD
L’ancien secrétaire général de la CGT, Georges Séguy à son domicile à Vieilles-Maisons-sur-Joudry le 7 avril 2008

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