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Décès du ténor suédois Nicolai Gedda, grande voix du 20e siècle

Genève (AFP) – Le ténor suédois Nicolai Gedda, décédé le 8 janvier à 91 ans, fut une figure de la scène lyrique pendant un demi-siècle, se produisant à la Scala et au Met de New York sous la baguette des plus grands chefs.

Gedda s’est éteint près de Lausanne, en Suisse, dans la discrétion, conformément à ses voeux. Son décès a été annoncé jeudi soir par sa fille Tania Gedda à un site spécialisé, Forum Opéra, et confirmé par l’Opéra royal de Suède et le maire de Tolochenaz où il résidait.

Il n’avait jamais pris officiellement sa retraite mais s’était fait discret à partir des années 1980. 

Selon sa fille, il s’est éteint « sans souffrance, vraisemblablement d’un arrêt cardiaque dans sa résidence » suisse à Tolochenaz où il vivait depuis des décennies.

« C’était une personne très discrète. Il faisait ses promenades avec son épouse main dans la main, jusqu’à il y a une année encore. Sa maison est au bord d’un champ », a précisé à l’AFP le maire de la commune, Salvatore Guarna.

Nicolai Gedda était l’égal des grandes voix du 20e siècle, comme Maria Callas, Elisabeth Schwarzkopf et le baryton Dietrich Fischer-Dieskau, avec une longévité exceptionnelle et un répertoire d’une très grande diversité.

Né à Stockholm en 1925, il découvre à l’âge de 17 ans qu’il a été abandonné par ses parents, et adopté par sa tante, une suédoise d’origine russe, et son époux chanteur.

Le petit Nicolai, qui parle déjà russe et suédois, apprend l’allemand quand la famille s’installe à Leipzig en 1928, puis le français et l’anglais à l’école à son retour en Suède lorsque Adolf Hitler arrive au pouvoir.

La précision de sa diction dans toutes les langues de l’opéra, combinée à une élégance de phrasé et une facilité époustouflante dans les aigus l’installent vite au panthéon de l’art lyrique.

– 200 disques –

Il débute en 1952 à l’Opéra royal à Stockholm, après des études auprès de son beau-père chanteur et d’un grand ténor suédois, Carl Martin Oehmann, puis à l’Académie royale de musique. Il enregistre son premier disque la même année (« Boris Godounov »).

Repéré par Herbert von Karajan, il est à l’affiche dès 1953 à l’Opéra de Paris, à Covent Garden et au Festival d’Aix-en-provence dans le sud de la France. En 1957, il fait ses débuts au festival de Salzbourg dans « L’Enlèvement au Sérail » ainsi qu’au Met de New York dans « Faust ».

Sa carrière explose alors au point qu’il se produit plus de 350 fois au Met entre 1957 et 1983, parcourant tout le répertoire, de l’opéra français, italien, russe et tchèque.

A l’Opéra de Paris, il fait partie de la distribution des « Contes d’Hoffmann » mis en scène par Patrice Chéreau et de « Faust » dirigé par Jorge Lavelli (1974-75).

Gedda possédait une « voix lyrique et élégante et se distinguait particulièrement dans le répertoire français », selon Torbjörn Eriksson, porte-parole de l’Opéra royal de Suède.

Son interprétation des « Pêcheurs de perles » de Bizet et de « Lakmé » de Delibes reste inoubliable.

Soucieux de ne pas abimer sa voix claire et souple, il n’a fait que de rares incursions dans le répertoire wagnérien (« Lohengrin » à l’Opéra de Stockholm en 1966).

Sa discographie est tout aussi impressionnante, jusque très tard, puisqu’il enregistre encore à 78 ans (« Idoménée » en 2003). Il a enregistré quelque 200 disques avec de très grands chefs (Otto Klemperer, Georges Prêtre, Herbert von Karajan) comme avec les plus grandes vedettes (« Carmen » avec Maria Callas, « Lady Macbeth de Mtsensk » avec Galina Vichnevskaïa). 

Le ténor suédois Nicolai Gedda à Stockholm, le 22 février 2001. © AFP

© TT NEWS AGENCY/AFP Janerik HENRIKSSON
Le ténor suédois Nicolai Gedda à Stockholm, le 22 février 2001

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