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Desserte des Marquises : la contre-attaque de TAC

Pascal Bazer Bachi Tahiti air charter

Accusé d’avoir tardé à jeter l’éponge dans la desserte de Ua Pou et Ua Huka, Tahiti Air Charter pointe du doigt la gestion « inacceptable » du dossier par l’État. Son directeur d’exploitation regrette du temps perdu pour les Marquisiens et des dépenses qui « mettent en péril » la compagnie. TAC veut tout de même rebondir, en lançant des vols Raromatai – Tahiti… Et pourquoi pas en répondant à un nouvel appel à candidature aux Marquises.

Lire aussi : Desserte des Marquises : Tahiti Air Charter n’aura pas son autorisation

Plus les mois passaient, plus les Marquisiens le redoutaient. C’est Jean-Christophe Bouissou qui l’a confirmé mardi à l’assemblée : la compagnie Tac ne recevra pas ses autorisations pour desservir les îles de Ua Pou et Ua Huka. Dans une interview à Radio 1, la directrice du service d’État de l’Aviation civile (Seac) Lucette Lasserre expliquait les raisons de ce refus, avec en tête des « points bloquants » l’avion commandé début 2021 pour effectuer cette desserte. Un Cessna monomoteur, qui ne serait pas adapté pour des liaisons commerciales aux Marquises, où les pistes sont difficiles et les points de replis rares. Quinze mois de débats, et 9 mois de procédure formelle sur la validation du manuel d’exploitation, pour en arriver là… TAC aura-t-elle dû jeter l’éponge plus tôt ? C’est ce que suggère en creux la directrice, qui estime que l’aviation civile, elle, « a joué le jeu » de l’accompagnement.

Propos contradictoires, pas de refus formel… « On ne savait pas sur quel pied danser »

Mais pour le directeur d’exploitation de la TAC, Pascal Bazer-Bachi, c’est au contraire l’administration qui est fautive. Les « 35 versions » du manuel d’exploitation, qui reste toujours invalidé, sont, plus que des tâtonnements de la compagnie, autant « d’itérations et d’échanges » avec des services qui ont adressé « des rafales de commentaires ou de questions », parfois répétitives, au cours d’une procédure « interminable ». « Pendant des mois, on nous a fait travailler sans relâche pour répondre à ces questions, et c’est après 9 mois de travail, après qu’on a dépensé environ 100 millions de francs aux Marquises, qu’on nous dit ‘attention ça va pas le faire’. C’est absolument inacceptable ».

Pour les habitants de Ua Pou et Ua Huka, pas de desserte de sitôt, en avion en tout cas. Pas d’embauche, non plus, pour les 16 employés déjà formés en Terre des hommes. Pourquoi la compagnie n’a pas communiqué plus tôt auprès des Marquisiens et auprès du gouvernement, qui lui avait accordé une délégation de service public depuis juillet ? « Parce qu’on ne savait pas sur quel pied danser », répond le directeur d’exploitation. Si les doutes de la compagnie sont là depuis le début d’année, le premier document dans lequel l’aviation civile d’État fait état de « point bloquants » daterait de début février et ce dernier ne serait ni explicite sur un refus, ni signé. « Il était difficile pour TAC de prendre seule la responsabilité d’un arrêt de l’exploitation parce qu’elle pressent que ça ne va pas fonctionner : nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos employés, de nos clients, du gouvernement… »

Au passage, le responsable dénonce certains propos de la directrice du Seac. Sur l’expérience des pilotes de la Tac – « 6 000 et 17 000 heures de vol » pour ceux qui devaient voler aux Marquises – ou sur l’absence de réponse à un courrier de février – « C’est faux, nous avons répondu et nous pouvons le prouver ». Mais surtout Pascal Bazer-Bachi dénonce la « réticence » avec laquelle le service d’État de l’Aviation civile a abordé ce dossier. L’ancien directeur de la DAC – côté Pays, donc – estime que le dossier des Marquises a eu un traitement « inédit ». Notamment par le renvoi vers Paris de toute une partie de l’analyse du manuel d’exploitation. « Ce que cela a généré c’est une perte de temps énorme, des problématiques de discours, avec des propos à l’échelon local et national différents, et parfois contradictoires ».

Des vols de Tahiti vers Raiatea et Maupiti

Si cet épisode des Marquises a mis les comptes de la compagnie « en péril », Tahiti Air Charter ne compte pas être cloué au sol. Ses vols inter-îles Sous-le-vent se sont intensifiés ces dernières semaines, avec 42 vols hebdomadaires au programme. Le Pihiti qui avait été commandé pour les Marquises devrait rejoindre l’autre Cessna de la compagnie – qui exploite ce type d’appareils commercialement depuis 2018 – aux Raromatai. Mais pas nécessairement sur les mêmes lignes : la compagnie va tenter de proposer des rotations depuis Tahiti, vers Raiatea et Maupiti, mal desservie du fait de sa courte piste. Beaucoup de travail reste à mener sur ce projet : « Si nous pouvons exploiter d’ici le mois de mai, ça serait déjà une vraie réussite ».

Une ligne qui devrait rester en « test » au moins 6 mois, et qui pour le directeur d’exploitation, sera déterminante pour la survie de la jeune compagnie. Quant au marché des Marquises, il devrait selon toute vraisemblance être réattribué. Et TAC pourrait de nouveau être candidat… avec un autre avion, bimoteur cette fois. 

« Nous n’avons pas renoncé, nous verrons comment le cahier des charges est rédigé« , explique Pascal Bazer-Bachi, qui note qu’une desserte en bimoteur coûtera « bien sûr » beaucoup plus cher au Pays… Et peut-être aux Marquisiens.

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1 Commentaire

  1. PAT
    25 mars 2022 à 8h11 — Répondre

    Il semble que la TAC soit remontée mais il faut quand même relativisé
    1er Qui achète un avion avant que l’appel d’offre soit lancé et surtout remporté contre air tahiti
    2eme Qui achète un mono moteur quand tout le monde sait qu’il faut un bimoteur et deux pilotes
    3eme Qui croit après 9 mois et 35 changements de livret que l’autorisation va tomber
    4eme Qui peut croire que les marquisiens voulait monter dans cet avion j’en connait très peu
    5eme Qui peut croire qu’ après le jugement rendu dans l’accident de Moorea et les peines
    prisent par les personnels de l’aviation civile ils allaient prendre de tels risques
    6eme Qui peut croire que l’état n’a pas prit ces responsabilités en n’accordant pas cette
    autorisation de vol
    7eme Qui peut croire que nous allons payer pour des vols acrobatiques alors que nous voulons
    des vols commerciaux confortables déjà qu’avec le twin c’était hard par grand vent
    La TAC devrait faire profil bas le groupe DEGAGE après l’échec de la pêche se retrouve en
    en échec dans l’aérien dans l’archipel
    Le mélange business et politique n’est pas toujours un ticket gagnant

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