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Deux acteurs noirs primés aux Oscars, plus si blancs et très politiques

Hollywood (Etats-Unis) (AFP) – Deux acteurs noirs ont été primés dimanche aux Oscars, pour les seconds rôles, tournant temporairement la page de la polémique sur le manque de diversité à Hollywood, au cours d’une soirée marquée par une déferlante de messages anti-Trump.

C’est la comédie musicale « La La Land » qui reste favorite de la soirée, notamment pour les statuettes de meilleur film, réalisateur et actrice.

Mahershala Ali, interprète d’un trafiquant de drogue qui se prend d’affection pour un petit garçon dans « Moonlight », a rendu hommage à ses professeurs qui lui ont appris à se mettre « au service de ces histoires, de ces personnages », en recevant sa statuette de meilleur second rôle masculin.

« Moonlight », drame intimiste sur un jeune garçon noir homosexuel qui grandit dans un quartier difficile, était en lice pour huit prix, dont meilleur film et réalisateur (Barry Jenkins).

La grande Viola Davis, en robe rouge et en larmes, a été primée pour avoir interprété une femme trompée dans « Fences » face à Denzel Washington, réalisateur de ce drame, a qui elle a lancé un vibrant « oh captaine, mon capitaine », recevant une ovation debout.

« Les gens me demandent toujours: +Quel genre d’histoire veux-tu raconter Viola ?+ Et je dis: +Exhumez ces corps. Exhumez ces histoires. Les histoires de gens qui ont eu de grands rêves mais ne les ont jamais vus réalisés. Les gens qui sont tombés amoureux et ont perdu… », a déclaré la comédienne, déjà primée aux Emmys et aux Tonys, les prix du théâtre.

Denzel Washington, déjà seul Noir lauréat de deux Oscars, pourrait entrer dans le tout petit club des acteurs vainqueurs de trois statuettes.

– ‘Mesure inhumaine’ –

L’animateur Jimmy Kimmel a donné le « la » de cette soirée très politisée dès son monologue d’introduction: « Cette émission est regardée dans plus de 225 pays qui maintenant nous détestent », a-t-il déclaré, allusion à la politique anti-immigration du président Donald Trump.

Le « Client », une co-production française réalisée par l’Iranien Asghar Farhadi, a reçu l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, la deuxième fois qu’un film de ce cinéaste est primé.

Son absence n’en était que plus retentissante: il boycottait la cérémonie pour protester contre le décret migratoire du président Trump visant sept pays musulmans, dont le sien.

Une ingénieure irano-américaine, Anousheh Ansari, a lu une déclaration en son nom dans laquelle il justifie son boycott par « respect pour mes concitoyens et ceux des autres six nations qui se sont vus manquer de respect par (cette mesure) inhumaine ».

Pour adoucir l’ambiance, Jimmy Kimmel a fait parachuter des bonbons sur le parterre de stars du Dolby Theatre d’Hollywood.

A propos d’Isabelle Huppert, l’une des favorites pour la statuette de meilleure actrice grâce à « Elle », il a plaisanté: « Nous n’avons pas vu votre film » (en français) mais « nous l’avons adoré, nous sommes heureux que l’agence de sécurité nationale vous ait laissée entrer ».

– Trophée manquant –

A mi-parcours de la cérémonie, « La La Land » avait récolté un prix technique de production des décors et lieux.

Son auteur Damien Chazelle, prodige de 32 ans, pourrait devenir le plus jeune cinéaste sacré meilleur réalisateur.

« Je voulais faire quelque chose que nous n’avions pas vu au cinéma depuis longtemps, mais essayer de le faire d’une façon moderne, contemporaine », a-t-il expliqué à propos de sa romance douce-amère.

Quant à Emma Stone, qui fait des claquettes, chante, pleure et déploie tout son charme dans cette romance douce-amère, elle est largement en tête des paris pour la meilleure actrice.

La pétillante rousse de 28 ans aux yeux turquoises aura notamment pour rivales Natalie Portman, magistrale « Jackie » Kennedy et Isabelle Huppert pour le sulfureux « Elle ».

L’Oscar est le seul trophée notable manquant à l’impressionnant palmarès de la Française, qui a déjà empoché un Golden Globe, un Spirit et un César pour son interprétation d’une femme violée qui traque son agresseur.

« Manchester by the sea », de Kenneth Lonergan, est un autre chouchou de la saison des prix et son interprète Casey Affleck est au coude à coude avec Denzel Washington pour le trophée de meilleur acteur.

Il interprète un homme dépressif soudainement forcé de s’occuper de son neveu. Tour à tour rageur, brisé et par moments drôle, il s’affranchit définitivement de l’ombre de son célèbre aîné Ben Affleck.

Parmi les temps fort de la soirée, la salle s’est levée pour applaudir Katherine Johnson, scientifique noire de la Nasa interprétée par Taraji P. Henson dans « Les figures de l’ombre », quand Mme Johnson, 98 ans, a été présentée sur la scène aux côtés des trois actrices principales du film.

© AFP FREDERIC J. BROWN
Viola Davis montre son Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle le 26 février 2017 à Hollywood

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