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Deux ans après, le chikungunya continue à faire souffrir

moustique ©DR

Deux ans après la fin de l’épidémie de chikungunya, certaines personnes se plaignent toujours de douleurs articulaires. Mais il existe peu de données sur la maladie et le traitement se limite souvent à la prise de calmants et d’antidouleurs.

L’épidémie de chikungunya qui a touché la Polynésie française entre septembre 2014 et mars 2015 a entraîné la mort de 32 personnes. On estime qu’environ les deux tiers de la population ont été touchés. Plus de deux ans après, certaines personnes se plaignent de ressentir à nouveau des douleurs articulaires. C’est le cas de Roland, un employé de la Poste, qui habite à Paea. Il a eu le chikungunya en novembre 2013 et il n’a commencé à aller mieux qu’en juin 2014. Depuis fin mars, les douleurs sont revenues. Pendant plus de deux mois, Roland est resté cloué au lit. Il a repris le travail au début du mois, mais les douleurs sont toujours présentes, comme le raconte sa femme, Vainamu.

Pour le médecin de Roland, le docteur Rémi Redouté, ces douleurs sont vraisemblablement liées à l’infection au chikungunya. Ce sont « des complications qui sont désormais bien connues, mais qui ne touchent pas tout le monde ». Vainamu raconte avoir entendu parler d’autres cas, « de personnes qui ont la soixantaine, voire un peu plus – des amis de travail de (sa) sœur, une cousine aussi – qui ressentent des douleurs aux mêmes endroits que lorsqu’elles ont eu le chikungunya ». Mais pour le Dr Redouté, ces cas se raréfient. Parmi tous ses patients, seuls deux présentent ce type de symptôme.

Il n’y a pas de suivi de l’épidémie du chikungunya en Polynésie française. L’Institut Malardé ne peut pas mener de recherches cliniques, puisqu’il n’y a plus de clinicien qui y travaille, et ce n’est pas le rôle du Bureau de veille sanitaire, chargé de recenser les nouveaux cas et les épidémies actuelles. En ce moment, il y a de nombreux cas de grippe. Est-ce qu’il pourrait y avoir un lien, justement, entre les douleurs articulaires dont souffrent certains malades atteints par le chikungunya il y a plusieurs mois et cette épidémie de grippe ? C’est une hypothèse vraisemblable pour le Dr Redouté.

Impossible, en effet, d’avancer des preuves à ce sujet. « Rien ne distingue une arbovirose d’une autre », souligne le docteur Ngoc Lam Nguyen, responsable du centre de consultations spécialisées en maladies infectieuses et tropicales. « Comment distinguer une douleur articulaire qui est due au chikungunya, d’une douleur due à la grippe, ou au zika, ou encore à la dengue ? On n’a aucun moyen de le savoir. On ne peut pas mettre une étiquette sur un symptôme », poursuit-il. Ce qui est sûr, c’est que le chikungunya, on ne l’attrape qu’une fois et que le virus n’est plus présent. « Il n’y est pour rien », affirme le docteur Lam qui fait une supposition : il s’agit d’un problème au niveau du système immunitaire.

Tant qu’on ne connaît pas le mécanisme de ces douleurs, impossible d’élaborer un traitement sur mesure. Les malades doivent donc se contenter de calmants et d’antidouleurs.

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2 Commentaires

  1. 16 juin 2017 à 9h14 — Répondre

    Je confirme pour avoir eu cette maladie par deux fois à un mois d’intervalle. Certains spécialistes disent qu’elle engendre un vieillissement prématuré et que les douleurs persistent durant 5 ans.
    On ne peut que s’étonner que la médecine ne s’intéresse pas plus à cette maladie…

  2. Tiare 1
    16 juin 2017 à 13h15 — Répondre

    Plus de clinicien à l’Institut Malardé pour mener des recherches cliniques sur le chikungunya, plus de campagnes de prévention contre les moustiques, plus de pédiatres à l’Institut de la mère et de l’enfant de Pirae, des oncologues en nombre insuffisant pour soigner leurs patients, sur Taravao et dans les îles , médicalement parlant toujours,c’est à peu de choses près le désert du Sahara.
    Mais où va -t-on ? On dirait qu’on vit dans un pays sous développé .

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