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Accident de 4×4 à Nuku Hiva : deux ans avec sursis pour homicide involontaire

Le 2 février 2020 à Hiva Oa, un pick-up avec à son bord deux hommes s’écrasait dans un ravin. Si le conducteur s’en tirait avec quelques ecchymoses, son passager, lui, décédait sur le coup. C’était le troisième accident mortel de l’année 2020, une année où l’on a totalisé 29 décès sur les routes polynésiennes. Le conducteur a été condamné à deux ans de prison avec sursis.

Trois ans après les faits, le conducteur, un trentenaire, est face à la justice pour raconter ce qu’il s’est passé. Revenir sur l’accident qui a coûté la vie à son frère et chamboulé la sienne à jamais. Une voiture à l’état d’épave, un conducteur sous influence de l’alcool et du paka, une route pentue et sinueuse, trois circonstances qui ont fait que l’inévitable s’est produit.

Ce jour-là, le trentenaire devait aller chercher sa copine qui arrivait de Ua Pou. Il s’en faisait une joie. Mais celle-ci l’appelle pour lui dire que tout compte fait elle ne rentrerait pas ce jour. Déçu et en colère, et comme c’est le week-end, il prépare cinq bouteilles d’un mélange de rhum et de corossol et décide de les boire chez un ami. Il prend sa voiture, qu’il a garé en pente de façon à prendre de l’élan en étant au point mort et enclencher une vitesse pour mettre en route le moteur. C’est une épave. Les réparations se font quand elles sont vraiment nécessaires et le liquide de frein fuit d’un peu partout. En chemin il rencontre son frère qui décide de l’accompagner pour une après midi de beuverie et de fumette. L’après-midi se passe comme prévu, les cinq bouteilles sont vidées et la boite de paka aussi. Les deux hommes reprennent la voiture, et là aussi même manœuvre pour la démarrer.

Alors qu’ils sont sur la route côtière, la voiture s’engage sur une descente plutôt pentue et sinueuse. Le véhicule prend de la vitesse et le conducteur appuie sur les freins. Ils ne répondent pas. En vue, un tournant en épingle à cheveux. Le véhicule va trop vite. Le conducteur panique tente une dernière fois de freiner, mais rien. Deux solutions s’offrent à lui, d’un côté la mer et de l’autre un ravin qui surplombe la route en contrebas. Il choisi cette option. Alors que la voiture quitte la route, son frère ouvre la portière et saute en marche. La voiture fait plusieurs tonneaux et s’immobilise. Le conducteur relativement indemne, mais sonné, sort du véhicule. Un membre de la famille qui arrivait dans l’autre sens voit le véhicule accidenté, s’arrête et vient en aide au conducteur. Ils cherchent le passager à la lueur d’une lampe torche et le trouvent inanimé. Sa tête a percuté un rocher et il est décédé.

1,28 gramme par litre de sang

Pompiers et gendarmes arrivent sur les lieux et font les premiers constats. Le rapport de la gendarmerie fait état d’une « route sinueuse avec une pente raide avec un revêtement en bon état » et constate « il n’y a pas de trace de freinage, juste des traces de roues en bordure du ravin. » Le taux d’alcoolémie du conducteur est élevé, 1,28 gramme par litre de sang, avec un fort taux de THC.

Le rapport de l’expert qui a examiné la voiture note que « si les plaquettes de freins avant sont usées, celles de l’arrière sont en bon état, mais toutefois il y a des traces de fuites d’huile dessus. » Selon lui, « le véhicule aurait du freiner ». Il émet l’hypothèse que « le moteur s’est arrêté ce qui aurait provoqué l’arrêt de l’assistance direction et du freinage. » Hypothèse contredite par le prévenu à la barre qui assure que le moteur tournait.

Sous contrôle judiciaire depuis les faits, il a quitté les Marquises pour Tahiti où depuis trois ans, il travaille et n’a plus ni fumé du paka, ni bu une goutte d’alcool. Certificats médicaux à l’appui. Sa mère qui a fait le déplacement de Hiva Oa pour assister au procès ne demande qu’une chose, qu’il revienne vivre là-bas. « Il a fait une grosse erreur, il a payé, je demande qu’il sorte de cette situation. Cela fait trois ans que je ne l’ai pas vu. Je veux qu’il retourne à Hiva Oa avec sa femme et ses enfants. »

« Ce n’est pas tous les jours que l’on voit une victime perdre son fils et demander de récupérer son fils. C’est une triste histoire » compatit la procureure. Pour autant, « il est coupable et doit être puni », elle réclame quatre années de prison dont 3 avec sursis, avec un suivi judiciaire et une obligation de soins.

La défense de son coté estime que le prévenu a démontré qu’il est désormais « un homme responsable ». Elle affirme que le suivi judiciaire n’est pas nécessaire ainsi que les soins, « le Spip n’a plus rien à lui apprendre quant aux obligations de soins, les analyses démontrent qu’il ne boit plus et ne fume plus. »

Après en avoir délibéré, le tribunal l’a condamné à deux de prison dont deux avec sursis probatoire, il n’aura pour seule obligation que celle de travailler. Il pourra désormais retourner aux Marquises s’il le souhaite.

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Journal de 12h, le 14/11/2023

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