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Deux Français canonisés, une carmélite et un prêtre martyr durant la Révolution

Cité du Vatican (AFP) – Deux Français seront canonisés dimanche par le pape: une contemplative, Elisabeth de la Trinité, jeune carmélite française décédée en 1906, et un enseignant, frère Salomon Leclercq, martyr assassiné durant la Révolution française.

Cinq autres personnalités rejoindront dimanche la liste des milliers de saints reconnus au fil des siècles. Le curé José Gabriel Brochero (1840-1914) deviendra ainsi le premier saint né et mort en Argentine.

Surnommé « le curé gaucho », ce prêtre qui circulait à dos de mule au contact des exclus dans les montagnes près de Buenos Aires reste très populaire. Le curé mort de la lèpre avait été béatifié en 2013. « Ce pasteur à l’odeur de brebis s’est fait pauvre parmi les pauvres », a loué à son sujet le pape François.

– ‘Intimité avec Dieu’ –

Ce dernier canonisera également la Française Elisabeth de la Trinité (1880-1906). Née Elisabeth Catez près de Bourges (centre de la France), elle entre au carmel à Dijon (centre-est) à l’âge de 21 ans, à sa majorité, après avoir vaincu les réticences de sa mère qui la pousse au contraire à mener une vie mondaine et exhiber ses talents de pianiste, racontent les carmélites de Dijon sur un site dédié.

Cette mystique a écrit plusieurs centaines de lettres à ses proches, un journal intime, des poèmes sur son expérience religieuse, quatre traités spirituels. Elle est aussi l’auteur d’une prière au « Dieu Trinité » écrite en 1904, trouvée dans ses papiers après sa mort et aujourd’hui traduite dans une cinquantaine de langues. Décédée à 26 ans de maladie, après neuf mois de souffrances, elle a été béatifiée en 1984 par le pape Jean Paul II.

L’archevêque de Dijon, Mgr Roland Minnerath, qui admire « ses lettres très spirituelles », estime qu’on ne peut pas faire de cette contemplative « un modèle pour tous ». « Mais avec son langage spontané, elle a mis toute son ardeur dans sa vocation et peut parler aux personnes à la recherche de l’intimité avec Dieu », résume-t-il. 

Davantage en prise active avec la société, le frère Salomon Leclercq, également canonisé dimanche, avait rejoint les Frères des écoles chrétiennes, une congrégation laïque vouée à la formation des jeunes, souvent défavorisés. 

Né à Boulogne-sur-Mer (nord de la France) dans une famille de marchands, Guillaume Nicolas Louis Leclerc (1745-1792) devient professeur à 23 ans et prononce ses voeux à 27 ans. Devenu frère Salomon, il s’occupera des novices, dirigera un grand complexe éducatif de 1.000 étudiants, enseignera les mathématiques et deviendra secrétaire personnel du supérieur général de sa congrégation (fondée en 1682 par le Français Jean-Baptiste de La Salle). 

Puis la Révolution, anticléricale, éclate. Le frère refuse de prêter serment en faveur de la Constitution civile du clergé. Il sera arrêté en août 1792 avec 166 prêtres et religieux « réfractaires » et enfermé dans le couvent des Carmes de Paris. Le 2 septembre, avec 188 autres ecclésiastiques prisonniers, il fut massacré à l’épée. Tous ces martyrs ont été béatifiés en 1926 par le pape Pie XI.

– ‘Spiritualité profonde’ –

Selon le « postulateur général » de son dossier, le frère Rodolfo Cosimo Meoli qui a défendu sa cause, l’enseignant, dont il reste 139 lettres manuscrites, était « d’une spiritualité profonde ». Et 224 ans après sa mort, « il donne une leçon d’une grande intégrité et de loyauté », au sacrifice de sa vie, juge-t-il.

Elisabeth de la Trinité doit sa béatification au miracle dont a bénéficié une professeure de religion belge. Celle-ci a affirmé avoir été subitement guérie d’une maladie orpheline à son arrivée dans le parking du carmel de Dijon. Dans le cas du frère Salomon, le Vatican a reconnu le caractère « inexpliqué » de la guérison d’une fillette vénézuélienne de cinq ans mordue par un serpent. 

La « Congrégation pour la cause des saints »,chargée dans la cité du Vatican d’enquêter sur les futurs saints, a annoncé fin septembre un léger resserrement des règles de sa commission médicale, qui remontaient à 40 ans.

Seuls trois groupes différents d’experts pourront par exemple se prononcer sur une guérison miraculeuse, alors que ce nombre était auparavant illimité. Et à l’avenir, les honoraires des experts-médecins sont clairement chiffrés dans un souci de transparence, avec interdiction de payer en liquide pour un diocèse.

Le pape François sur la place Saint-Pierre, le 12 octobre 2016 au Vatican. © AFP

© AFP/Archives ALBERTO PIZZOLI
Le pape François sur la place Saint-Pierre, le 12 octobre 2016 au Vatican

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