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Développement de la filière sylvicole : « Tout reste à faire »

pins caraibes Nuku Hiva

Les pins des Caraïbes à Nuku Hiva. ©Tahiti Héritage

Le CESEC a adopté mercredi matin un avis favorable, mais truffé de recommandations, sur le projet de loi du Pays qui vise le développement de la filière bois locale. Il reste encore beaucoup à faire avant d’arriver à un développement efficace de la filière sylvicole.

1966. Des premiers essais de plantations forestières sont réalisés en Polynésie française. Puis un important programme de boisement est lancé dans les années 1970, réalisé par le Service du développement rural. Cette politique forestière avait trois objectifs, social, écologique et économique : fournir du travail à la population des archipels, protéger les sols de l’érosion, réduire les importations de bois du Pays en constituant une ressource et en mettant en place une filière de bois locale de transformation du pin des Caraïbes. Plus de 50 ans plus tard, 5 900 ha de plantations de pins des Caraïbes ont été recensés dont 60% sur des propriétés privées, dont la production totale de bois serait estimée à 1,6 million de m3. Et pourtant, le marché du bois est aujourd’hui approvisionné en quasi-totalité par du bois résineux importé. Les 30 000 m3 des besoins annuels proviennent à 90%, voire à 95%, de la Nouvelle-Zélande, d’Amérique du Nord et du Chili. Une situation que le Pays souhaite modifier.

Il s’agit désormais de développer la filière sylvicole. Le projet de loi du Pays relative à l’exploitation forestière de propriétés privées propose l’exploitation des plantations de pins des Caraïbes arrivés à maturité. Un texte qui s’inscrit dans le schéma directeur de l’agriculture 2021-2030. La mise en place de cette exploitation passerait par un plan d’exploitation des bois présenté aux communes et serait possible sous condition de la quantité dendométrique du bois (diamètre, hauteur, épaisseur, forme, âge, etc) et la création de pistes. Une convention serait également signée entre le Pays, l’entreprise en charge de l’exploitation forestière (choisie par la Direction de l’agriculture) et le propriétaire foncier. Le prix du m3 sera lui fixé en conseil des ministres. Le CESEC, qui se prononçait sur le texte ce mercredi matin, reconnait « l’urgence à exploiter et à valoriser cette ressource » et la nécessité à développer « une filière bois au regard des enjeux du changement climatique, de l’emploi et de la demande des programmes sociaux », mais la liste de ses recommandations est longue.

Mettre en place des systèmes d’autoclaves, former et développer les compétences des métiers de la filière bois, prévoir des récoltes de bois raisonnées, inciter un boisement et à l’entretien de la forêt, promouvoir l’agroforesterie, définir et figer le foncier, valoriser la ressource tout en la préservant, évaluer l’impact réel sur l’environnement des pins des Caraïbes, mettre en place une économie circulaire, diversifier les essences forestières… Sans parler des mesures supplémentaires à mettre en place comme l’inventaire des forêts, la promotion du bois local, la fixation du tarif d’achat, la maîtrise des espèces envahissantes, la création de sous-filières, la création d’une police verte et du code forestier. « Tout reste à faire », analyse Jean-François Benhamza, représentant du Syndicat des industriels de Polynésie française (SIPOF), et rapporteur du projet d’avis. Ce projet de loi du Pays est donc une première étape.

Si tous reconnaissent l’opportunité du développement de cette filière pour atteindre une indépendance plus importance pour la Polynésie française et créer des emplois, il semble qu’il reste encore beaucoup de travail avant que la filière sylvicole connaisse un développement réellement efficace.

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1 Commentaire

  1. simone Grand
    8 avril 2021 à 8h09 — Répondre

    Depuis le temps (30 ans?) que des rapports sont faits sur le sujet, il est temps de passer à l’action.

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