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Démantèlement imminent de la "Jungle" de Calais

Lille (AFP) – La justice a donné mardi son feu vert au démantèlement de la « Jungle » de Calais, et l’opération est « maintenant une question de jours », a affirmé le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

Mardi, l’Etat a remporté une manche décisive : le tribunal administratif de Lille a rejeté les arguments avancés par onze associations, dont Le Secours catholique, l’Auberge des migrants ou Emmaüs, qui estimaient que l’opération était précipitée.

La voie judiciaire désormais libre, « nous arrivons au moment où nous allons engager cette opération », a affirmé M. Cazeneuve au sujet de cette gigantesque évacuation du plus grand bidonville de France.

De sources proches du dossier, on indique un démarrage possible lundi 24 octobre. 

Formée au printemps 2015, ce campement n’a cessé depuis de grossir, au gré de la crise migratoire, comptant désormais 5.700 migrants selon la préfecture, 10.000 selon un comptage antérieur d’associations. Son démantèlement partiel avait déjà eu lieu en février-mars 2016, sous haute protection policière.

Lors de l’audience vendredi, les associations avaient réclamé « un diagnostic plus poussé des besoins, des risques de l’évacuation » avec un suivi spécialisé, certains évoquant « une catastrophe » en cas de démantèlement « dans les conditions actuelles ». 

Réponse du tribunal: « le principe même du démantèlement du site de la Lande (nom officiel de la « Jungle, ndlr) de Calais ne méconnaît pas le principe de prohibition des traitements inhumains et dégradants ».

Au contraire, sa fin programmée vise précisément à « faire cesser » de tels traitements auxquels sont soumis les migrants qui vivent « dans des conditions de précarité et d’insécurité dénoncées par tous ». 

En raison de cette précarité, d’autres associations (FNARS, France Terre d’Asile, Emmaüs Solidarité, Secours Islamique…) soutiennent d’ailleurs une évacuation « avant l’arrivée des grands froids et le déclenchement du plan hiver » à savoir « le 1er novembre ».

Concernant les Centres d’accueil et d’orientation (CAO) vers lesquels vont être dirigés les migrants de la « Jungle », le tribunal juge que l’État « n’a pas sous-estimé le nombre de migrants devant (y) être logés ». Les associations étaient sceptiques face à ce dispositif, dénonçant par exemple un manque d’interprètes et des « disparités de suivi » des migrants. 

Sur le dossier crucial des mineurs isolés, le tribunal souligne par ailleurs que la préfecture s’engage sur « un accompagnement spécifique (…) pour assurer leur mise à l’abri immédiate ».

– 1.300 mineurs isolés dans le camp – 

Le tribunal considère en outre que la « mesure d’évacuation envisagée ne porte pas (…) une atteinte disproportionnée » au droit à la vie privée « au regard des objectifs qu’elle poursuit ».

Aussitôt la décision connue, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, a estimé qu’elle « confortait le gouvernement dans sa démarche humanitaire et sa détermination ». 

Selon la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, « l’objectif commun est maintenant de faire en sorte que le camp de la Lande ne soit plus ce qu’il est actuellement : un bidonville, dont la France et l’Angleterre ne sont pas fières »,a-t-elle dit lors d’une conférence de presse, précisant que près de 7.400 places en CAO étaient « disponibles ».

« On travaille actuellement avec nos amis anglais pour ramener les mineurs isolés qui ont de la famille en Angleterre », a ajouté la préfète. Alors que France Terre d’asile recense près de 1.300 mineurs isolés dans la « Jungle »,Bernard Cazeneuve a d’ailleurs demandé mardi au Royaume-Uni, dans une tribune parue dans le quotidien britannique The Guardian, « d’assumer toutes ses responsabilités dans l’accueil » de ces jeunes, dont certains ont de la famille outre-Manche.

Mardi après-midi, les associations ayant saisi le tribunal n’étaient pas en mesure de préciser si elles comptaient faire appel.

François Guennoc, de l’Auberge des migrants, s’est dit « déçu », tout en confiant « s’y attendre ». « Nous voulons vraiment éviter des problèmes vis-à-vis des mineurs isolés et toute précipitation de cette opération (…) qui pourra amener le chaos dans la +Jungle+ », a-t-il mis en garde.

« Nous n’étions pas favorables au maintien de ce bidonville ni maintenant, ni dans l’avenir. On demandait du temps », a de son côté insisté Vincent De Coninck, du Secours catholique.

La "Jungle" de Calais, le 17 octobre 2016 . © AFP

© AFP DENIS CHARLET
La « Jungle » de Calais, le 17 octobre 2016

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