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Démission de l'ex-homme fort de Trump, Paul Manafort

New York (AFP) – L’ex-homme fort de Donald Trump, Paul Manafort, a démissionné vendredi, 48 heures après avoir été marginalisé lors d’une réorganisation de sa campagne visant à remonter la pente face à Hillary Clinton, après plusieurs semaines de turbulences.

« Ce matin Paul Manafort a offert, et j’ai accepté, sa démission de la campagne. Je suis très reconnaissant de son excellent travail pour nous aider à être là où nous sommes aujourd’hui », a déclaré le candidat républicain à la Maison Blanche dans un communiqué. « Paul est un vrai professionnel et je lui souhaite le plus grand succès », a-t-il poursuivi.

Paul Manafort, 67 ans, récemment montré du doigt dans une enquête de corruption en Ukraine, était en charge de la stratégie de la campagne Trump, depuis qu’avait été remercié en juin son premier directeur de campagne Corey Lewandowski.

Ce stratège républicain, ayant travaillé dans les années 1970 et 80 pour les campagnes de Gerald Ford et Ronald Reagan, puis pour celles de George Bush père en 1988 et de Bob Dole en 1996, s’était efforcé de canaliser l’impétueux  milliardaire de 70 ans pour le rendre plus présidentiel, sans pour autant réussir à éviter une succession de dérapages ces dernières semaines: confrontation de Trump avec les parents d’un jeune musulman mort en Irak, appel de Trump à la Russie pour qu’elle retrouve les emails effacés d’Hillary Clinton, insinuations sur une résistance armée à son adversaire démocrate…

Trump, qui a glissé dans les sondages depuis la convention républicaine de juillet, à 41,2% des intentions de vote contre 47,2% pour Mme Clinton selon une moyenne du site Real Clear politics, n’aimait guère être bridé.

Il a annoncé mercredi la promotion de Kellyanne Conway, une sondeuse républicaine devenue sa directrice de campagne, et de Steve Bannon, outsider populiste, patron du site d’informations conservateur polémique Breitbart News, qui a fait son entrée dans la campagne comme directeur général.

La situation de Paul Manafort semblait d’autant plus intenable qu’il a été montré du doigt dans une enquête de corruption en Ukraine, soupçonné d’avoir touché des millions de dollars en liquide entre 2007 et 2012, quant il était consultant pour l’ex-président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovitch et son Parti des régions.

Selon le Bureau ukrainien anti-corruption, il figure dans des livres de comptes occultes, comme destinataire de versements d’un total de 12,7 millions de dollars (11,35 millions d’euros), sans que l’on sache avec certitude s’il a touché cet argent.

Manafort, qui a pendant des années conseillé dictateurs et seigneurs de guerre, a réfuté tout paiement illégal, et dénoncé des accusations « infondées et stupides ».

– Trump repentant –

Son départ coïncide avec une nouvelle transformation de Donald Trump, qui a créé la surprise jeudi soir, en affirmant regretter certaines paroles blessantes prononcées durant la campagne, lors d’un discours en Caroline du Nord.

« Parfois, dans le feu de l’action dans un débat, ou en s’exprimant sur de multiples sujets, on ne choisit pas les bons mots ou on dit la mauvaise chose », a-t-il déclaré.

« Cela m’est arrivé ».

« Et vous n’êtes pas obligés de me croire, mais je le regrette », a-t-il ajouté, dans un rare moment d’humilité.

Le départ de Manafort n’a guère surpris dans les cercles républicains.

« On pouvait s’y attendre avec les derniers événements dans la campagne et l’arrivée de Bannon et Kellyanne », a déclaré  Michael Steele, ancien président du Comité national républicain (RNC), sur MSNBC. « Paul Manafort avait clairement perdu la bataille quand Kellyanne et Bannon sont arrivés ».

« Et cela enlève du dos de la campagne l’histoire russe (…) qui commençait à prendre de l’importance », a-t-il ajouté.

Corey Lewandowski, devenu consultant politique pour CNN, a estimé que ce départ représentait « un changement très important pour la campagne », montrant « sans équivoque » une « nouvelle direction » sous la houlette de Kellyanne Conway et Steve Bannon.

Robby Mook, directeur de campagne d’Hillary Clinton, a lui estimé que cette démission était un « aveu clair que les connections troublantes entre l’équipe de Donald Trump et les éléments pro-Kremlin en Russie et en Ukraine sont intenables. Mais (…) vous pouvez vous débarrasser de Manafort, cela ne met pas fin à la bromance bizarre de Trump avec Poutine », a-t-il ajouté dans un communiqué.

Paul Manafort, l'ancien directeur de campagne de Donald Trump, le 27 avril 2016 à Washington. © AFP

© GETTY/AFP/Archives CHIP SOMODEVILLA
Paul Manafort, l’ancien directeur de campagne de Donald Trump, le 27 avril 2016 à Washington

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