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Dopage en Russie: la suite du rapport McLaren dévoilée à Londres

Londres (AFP) – Jusqu’où remontent les responsabilités ? Comment la triche s’est-elle organisée ? Le juriste canadien Richard McLaren dévoile, vendredi à Londres, la suite et la fin de son rapport explosif sur le dopage systématique et étatisé en Russie, notamment autour des Jeux d’hiver de Sotchi-2014.

Cinq mois après la publication de la première salve, que peut attendre la communauté sportive internationale d’une nouvelle série de révélations ?

Le 18 juillet, Richard McLaren avait lâché une bombe à quelques jours de l’ouverture des jeux Olympiques de Rio. Chargé deux mois plus tôt par l’Agence mondiale antidopage (AMA) d’enquêter sur les dires de l’ancien patron du laboratoire de Moscou, Grigori Rodtchenkov, le juriste canadien avait mis au jour un système de dopage d’Etat instauré avant les Jeux de Sotchi, en 2011, et poursuivi jusqu’en 2015, reposant sur la manipulation et/ou la falsification d’échantillons en amont et à l’intérieur du laboratoire russe. 

Déléguées par le Comité international olympique (CIO) aux fédérations internationales, les sanctions individuelles avaient frappé plus d’une centaine de sportifs russes, impliqués de près ou de loin dans le rapport McLaren, interdits de participer aux Jeux de Rio.

La suite du dossier devrait apporter de nouvelles preuves de la récurrence et du systématisme des tricheries russes et renforcer le premier volet. 

– Les Russes s’attendent au pire –

Mille sportifs seraient, d’après une source proche du dossier, concernés par les cas de manipulation d’échantillons et de nouveaux noms devraient être rendus public. 

« Je ne sais pas ce qu’il y aura dans le rapport, mais il faut se souvenir qu’il s’agira du quatrième rapport concernant la Russie. Ce qui est clair, c’est que le sport en Russie est pourri jusqu’à l’os », a estimé Travis Tygart, patron de l’antidopage américain (Usada), dans une interview à l’AFP. Même ton chez Dick Pound, membre du CIO et ancien président de l’AMA, également interrogé par l’AFP: « Je ne sais pas ce qu’il y aura dans le rapport (…) mais je m’attends à ce qu’il soit très, très accablant pour la Russie. Procéder à des échanges d’échantillons en pleins JO est une attaque grave contre les jeux Olympiques. » 

Même du côté russe on s’attend au pire. En l’occurrence « une violente attaque contre le sport russe », prédit Vitaly Moutko, ministre des sports russe au moment des faits… promu depuis vice-premier ministre en charge des sports…

Reste la question des conséquences que pourraient avoir de nouvelles révélations.

Le CIO, dont la prochaine grande échéance, les Jeux d’hiver de Pyeongchang (Corée du Sud), ne pointe que dans quatorze mois, a plutôt fait preuve de laxisme jusqu’à présent, notamment en refusant de céder aux appels de l’AMA en punissant collectivement la Russie. « Si le Guatemala était concerné, la réponse aurait été différente et plus rapide. Le mouvement olympique va devoir réagir avec fermeté, sous peine de voir sa crédibilité encore plus entamée », poursuit Dick Pound. 

– La Russie peine à convaincre –

Déjà les signes inquiétants se multiplient comme la tenue des prochains Mondiaux de bobsleigh, en février 2017 à Sotchi, alors que le CIO avait précisé en juillet qu’il n’organiserait ni n’accorderait « son patronage à aucune rencontre ou événement sportifs en Russie ». Mais avait laissé les fédérations internationales olympiques libres de suivre son exemple.

Que se passe-t-il en Russie ? Des signes encourageants ont été diffusés, mais le pays peine à convaincre.

Le 1er décembre, Vladimir Poutine en personne a annoncé le lancement en février 2017 d’un vaste programme national antidopage, censé devenir le « plus moderne » de tous ceux en vigueur. Juridiquement, la Russie s’appuie désormais sur une loi sanctionnant de peines de prison les entraîneurs et médecins reconnus coupables d’avoir poussé des sportifs à se doper.

Pourtant, comme la fédération internationale d’athlétisme avant lui, le CIO a décidé mercredi de prolonger jusqu’à « nouvel avis » les mesures provisoires prises à l’encontre de la Russie en juillet. Qu’en sera-t-il après ?

Richard McLaren, Richard W Pound, membre du CIO et ancien président de l'AMA, et Guenter Younger le 9 novembre 2015 à Genève. © AFP

© AFP/Archives FABRICE COFFRINI
Richard McLaren, Richard W Pound, membre du CIO et ancien président de l’AMA, et Guenter Younger le 9 novembre 2015 à Genève

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