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Drogue volée au "36": dix personnes renvoyées en correctionnelle

Paris (AFP) – Près de 52 kilos de cocaïne volés dans les scellés de la PJ, un brigadier des « stups » suspect principal et « l’escroc des stars » Christophe Rocancourt parmi les seconds rôles: les juges ont renvoyé dix personnes en correctionnelle dans cette affaire qui a ébranlé le 36 quai des Orfèvres.

Après deux ans et demi d’enquête, Jonathan Guyot, 35 ans, en poste depuis 2010 à la brigade des stupéfiants de Paris, tient le premier rôle, soupçonné d’avoir dérobé la drogue en juillet 2014 dans une salle des scellés ultra-sécurisée dont il avait obtenu le code d’accès, et qui n’a jamais été retrouvée.

Les juges d’instruction ont suivi les réquisitions du parquet de Paris et demandé que le brigadier, qui a toujours nié les faits, soit jugé pour détournement de scellés par personne dépositaire de l’autorité publique, trafic de stupéfiants, blanchiment et tentative de blanchiment de ce trafic, a-t-on appris mardi de sources judiciaire et proche de l’enquête.

L’enquête a mis en lumière de nombreux éléments à charge à l’encontre du policier, « très bien noté » jusqu’à son arrestation le 2 août 2014, quelques jours après la découverte du vol.

Reconnu sur les images de vidéosurveillance, il disposait du code du coffre renfermant la clé du local à scellés – quatre chiffres retrouvés dans une note rédigée dans son portable -, a coupé son téléphone au moment du vol et « désespérément tenté de se construire un alibi », relevait le parquet dans son réquisitoire, daté du 18 novembre et dont l’AFP a eu connaissance.

« Les fortes sommes d’argent en espèces retrouvées en sa possession, puis à son domicile, et celles qu’il a laissées en garde à son entourage », évaluées au total à 400.000 euros, sont autant de « faisceaux d’indices », souligne le ministère public.

Deux hommes soupçonnés d’avoir joué un rôle clé dans l’écoulement de la marchandise, d’une valeur estimée à deux millions d’euros à la revente, ont également été renvoyés devant le tribunal.

– 300.000 euros récupérés par un informateur –

Le premier, Farid Kharraki, 35 ans, dit « Robert », interpellé en février après un an et demi de cavale, était un informateur de Jonathan Guyot. D’après les enquêteurs, cet « indic » aurait récupéré 300.000 euros grâce au vol, investis en biens immobiliers et véhicules au Maroc. 

Le second, Moussa Bouzembrak, 32 ans, déjà condamné dans des affaires de stupéfiants, est en fuite et visé par un mandat d’arrêt. L’ADN d’un de ses acheteurs a été retrouvé sur des billets saisis lors de l’interpellation de Jonathan Guyot.

« Mon client a toujours nié avoir récupéré la cocaïne, mais reconnu avoir reçu d’importantes quantités de cannabis de Guyot avant ce vol », relève Maud Touitou, avocate de Farid Kharraki. 

Le brigadier, soupçonné de ne pas en être à son premier coup, est aussi renvoyé pour avoir dérobé du cannabis lors de perquistions ou dans des scellés à partir de décembre 2013.

D’après le parquet, ce trafic servait à rétribuer des informateurs, mais aussi pour « son profit personnel ». Guyot, qui percevait 2.500 euros par mois, avait notamment acheté plusieurs appartements à Paris et dans les Pyrénées-Orientales. 

L’épouse de Jonathan Guyot et trois autres policiers, dont le frère du brigadier, devront prendre place sur le banc des prévenus. Ce dernier a reconnu s’être débarrassé de 150.000 euros dans le lac de Créteil et en avoir remis 50.000 à un homme, missionné par « l’escroc des stars » Christophe Rocancourt, lui-même mandaté par Jonathan Guyot, son voisin de cellule à l’époque. 

« Mon client n’apparaît que très marginalement dans ce dossier et je me félicite du non-lieu partiel dont il a bénéficié », a réagi son avocat Jérôme Boursican alors que Christophe Rocancourt est, au final, renvoyé pour « recel d’argent provenant du détournement ». 

La cocaïne du « 36 » avait été saisie le 4 juillet 2014. Hasard du calendrier, dix-neuf personnes, soupçonnées d’être impliquées dans ce trafic, ont été jugées la semaine dernière à Paris. Certains avocats de la défense se demandent si la cocaïne n’avait pas été fournie en amont aux trafiquants par Farid Kharraki et ont demandé, pour l’instant en vain, à la justice d’enquêter.

Vue extérieure en date du 23 septembre 2016 de l'entrée du siège de la police judiciaire 36 quai des Orfèvres à Paris. © AFP

© AFP/Archives PATRICK KOVARIK
Vue extérieure en date du 23 septembre 2016 de l’entrée du siège de la police judiciaire 36 quai des Orfèvres à Paris

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