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Dévasté par l'EI, "il ne reste plus rien" sur le site antique de Nimrod

Nimrod (Irak) (AFP) – « Il ne reste plus rien désormais », se désole un commandant tribal en constatant l’étendue des destructions sur le célèbre site antique de Nimrod que les forces irakiennes ont repris dimanche au groupe Etat islamique (EI).

Ali al-Bayati grimpe sur les restes d’une sculpture géante de taureau ailé à face humaine qui servait jadis de protecteur à la cité, avant l’arrivée de l’EI en 2014.

« Quand vous veniez ici avant, vous pouviez imaginer la vie telle qu’elle avait pu être » dans l’Antiquité dans cette  cité assyrienne, a indiqué mardi ce commandant.

Une équipe de l’AFP a pu se rendre sur le site deux jours après l’annonce de sa reprise par les forces irakiennes dans le cadre de l’offensive appuyée par la coalition internationale pour reconquérir à l’EI Mossoul, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Située sur les bords du fleuve Tigre, Nimrod est l’un des sites archéologiques les plus célèbres d’Irak, pays souvent décrit comme le berceau de la civilisation. Fondée au XIIIè siècle avant JC, la cité est considérée comme la deuxième capitale de l’empire assyrien. 

– ‘Crimes de guerre’ –

Après leur offensive éclair en 2014 qui leur avait permis de s’emparer de Mossoul et de larges pans de territoires, les jihadistes avaient cherché à détruire ce qu’il restait de la cité antique.

L’EI avait diffusé des images montrant des jihadistes détruire au bulldozer, à l’explosif ou à la pioche des monuments et des bas-reliefs. Car le groupe extrémiste sunnite considèrent les statues ou les mausolées comme de l’idolâtrie qui doit être combattue.

Aujourd’hui, il semble qu’ils n’aient presque rien épargné.

Des statues gisent à terre, détruites. Le palais reconstruit est dévasté et ce qu’il restait d’un ziggurat — un édifice à degrés d’environ 50 mètres de haut — a été réduit à une fraction de sa hauteur.

« 100% a été détruit », affirme M. Bayati, alors qu’il examine le site perché sur une colline –à quelque 500 mètres de son village natal–, pour la première fois depuis plus de deux ans.

« Perdre Nimrod est plus douloureux que de perdre ma propre maison », confie-t-il.

L’Unesco avait dénoncé en 2015 la destruction de Nimrod comme un « crime de guerre ».

L’EI s’en est aussi pris à Hatra, cité de plus de 2.000 ans encore aux mains des jihadistes, et à Mossoul, où le musée a été dévasté. En Syrie, il a fait exploser un des plus célèbres temples de la cité antique de Palmyre, une ville reprise en mars par les troupes syriennes. 

– ‘Détruire l’Irak’ –

Parallèlement aux destructions, les jihadistes ont pillé plusieurs sites antiques et revendu des antiquités pour financer leurs opérations.

« Ils veulent donner une nouvelle image de l’Irak — comme s’il n’y avait rien avant Daech », lance M. Bayati, utilisant un acronyme en arabe de l’EI. L’EI a « détruit cet endroit car il voulait détruire l’Irak, le nouvel Irak et l’ancien Irak ».

La plupart des objets inestimables provenant de Nimrod sont exposés de longue date dans des musées à Bagdad, Paris, Londres ou ailleurs, mais le site abritait toujours, avant l’arrivée de l’EI, des bas-reliefs et de colossaux ‘lamassu’, ces taureaux ailés à face humaine.

Les experts devront désormais évaluer l’étendue exacte des dommages sur le site.

Mais cela risque de prendre du temps car les jihadistes se trouvent encore à quelques kilomètres de là, le journaliste de l’AFP pouvant entendre des explosions.

Le site doit par ailleurs être totalement sécurisé en raison de la présence probable d’explosifs. « Il y aurait de nombreuses (bombes) et objets piégés », indique le lieutenant Wissam Hamza, membre d’une équipe d’artificiers, en évoluant avec précaution sur le site.

Deux soldats irakiens dans les décombres du site antique de Nimrod. © AFP

© AFP SAFIN HAMED
Deux soldats irakiens dans les décombres du site antique de Nimrod

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