ACTUS LOCALES

Éducation, aérien, douanes… Les fonctionnaires d’État préparent un « conflit dur »


Tous unis, comme leurs centrales nationales, les syndicats de la fonction publique d’État seront dans la rue ce jeudi pour protester contre la réforme des retraites métropolitaines. L’intersyndicale, qui juge ce projet « doublement injuste » pour les agents du fenua déjà privés d’ITR, prévoit « d’importante perturbations » dans le secteur scolaire, mais aussi d’autres services de l’État… Et prévient que la mobilisation ne se limitera pas à une journée de grève.

Union sacrée dans la fonction publique d’État. Les syndicats locaux avaient déjà défilé ensemble en 2019 mais comme le soulignent leurs porte-paroles, il faut remonter à une douzaine d’années pour voir les centrales nationales appeler ensemble à la mobilisation. Ce sera le cas ce jeudi, en métropole comme au fenua, avec en ligne de mire un des totems du combat social français : la retraite, et notamment l’âge de départ que le gouvernement d’Elizabeth Borne est bien décidé à « ajuster ». La réforme, annoncée depuis le début de la présidence d’Emmanuel Macron, plusieurs fois reportée, rediscutée, amendée est complexe. Mais les agents locaux de l’État en retiennent l’essentiel : « pour les catégories qui sont considérées comme active, les métiers pénibles, l’âge de départ minimal passe de 57 à 59 ans, même si on a déjà toutes nos annuités », explique Tiaitau Ropati, secrétaire générale de Solidaires Polynésie. Pour les catégories dites « sédentaires« , ça passe de 62 à 64 ans et de 42 à 43 ans de cotisation. »

Débat national, spécificités locales

« Inutile et injuste », dénoncent les militants, qui reprennent les slogans des grandes centrales nationales. « Pour nous, c’est ni un mois, ni un an, c’est aucun recul, il y a d’autres options », insiste une représentante de l’UNSA. Certaines centrales remettent en cause la nécessité même d’une réforme, d’autres estiment que le déficit prévisible de la caisse de retraite nationale peut être compensé par une augmentation « légère » des cotisations patronales (+0,8 point de cotisations, de quoi rapporter 12 milliards d’euros par an). Mais au-delà du discours national, l’intersyndicale polynésienne veut faire valoir la « double injustice » de cette réforme au fenua, territoire où comme dans le reste de l’outre-mer, l’espérance de vie est largement inférieure à celle de l’Hexagone (entre 5 et 6 ans de moins en Polynésie) et où la réforme va donc « priver de nombreuses personnes d’une retraite convenable, agréable et en bonne santé ». Mais c’est surtout la disparition progressive de l’ITR (indemnité temporaire de retraite) qui est pointée du doigt.

Après 70 ans de « temporaire » cette sur-pension destinée à compenser le coût de la vie et à faire perdurer une partie de l’indexation après la fin de carrière, est en voie de suppression jusqu’en 2028. Les fonctionnaires d’État du fenua, de Nouvelle-Calédonie, de La Réunion, Mayotte, ou Saint-Pierre-et-Miquelon ne toucheront donc plus qu’une retraite comparable à leur collègues métropolitains, basée seulement sur la partie de leur rémunération sur laquelle ils paient des cotisations et pas sur les primes et indexations spécifiques. Malgré plusieurs mobilisations, discussions sociales ou parlementaires, engagements jusqu’au sommet de l’État, et même un protocole d’accord qui prévoyait un dispositif de compensation, rien n’est pour l’instant prévu pour corriger cette « perte sèche de revenus », pointent avec amertume les syndicalistes.

Perturbations « importantes » contre une « paupérisation programmée »

« C’est une paupérisation programmée des fonctionnaires retraités de l’État : imaginez-vous, du jour au lendemain quand vous partez à la retraite, n’avoir que 30 à 40% de vos revenus, martèle Tiaitau Ropati qui est aussi secrétaire générale de la section douanes du syndicat Solidaires. C’est pourquoi nous allons avec l’intersyndicale locale mener un point de revendication particulier au niveau de la Polynésie et des Outre-mer, parce que nous nous attendons à avoir une retraite digne et un niveau de vie digne à la retraite ». Un discours déjà porté par certains chefs de file du mouvement à Paris, où une autre délégation devrait se rendre courant février.

Car le conflit ne se limitera probablement pas à une journée. Les intersyndicales locales comme nationales se disent prêtes à mener un « conflit dur » et plusieurs journées de grève ont d’ores et déjà été programmées dans les deux prochains mois, avant et pendant le vote de la réforme à Paris. Pour les militants, il reste « indispensable » de réussir la mobilisation de ce jeudi 19 janvier. Melba Kaua, secrétaire générale adjointe de l’UNSA Éducation, se dit optimiste : « Nous avons déjà la remontée de plusieurs écoles avec des taux de participation à 100% dans le premier et le second degré. Pour le second degré, le personnel d’entretien et de restauration également suit très fortement le mouvement : la scolarité sera très perturbée ce jour-là, explique porte parole du mouvement. Nous avons aussi avec nous l’aviation civile, les douanes, la police, le pénitentiaire… Tous les services d’État sont concernés ».

Quelques syndicalistes de la fonction publique locale ou même du privé pourraient se joindre au cortège jeudi, même si les cotisants à la CPS ne sont pas concernés. Mais les fonctionnaires d’État préviennent : « ce qui est fait par Macron au niveau national, certains pourraient être tentés de le faire bientôt au niveau local ». Les grévistes doivent se rassembler à l’école To’ata vers 8h30 jeudi matin, avant de remonter le boulevard Pomare puis l’avenue Pouvanaa jusqu’au Haut-commissariat.

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