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Education: des étudiants de BTS simulent un procès

Deux classes du lycée du Diadème se sont emparées ce mercredi de la grande salle du tribunal de Papeete. Au rôle de cette audience fictive en correctionnelle, une affaire de violences conjugales digne de celles que l’on retrouve régulièrement à la barre. Un film pédagogique sera tiré de cette expérience qui visait à mettre en pratique les enseignements et à travailler l’éloquence de ces futurs managers.

Une vraie salle d’audience, de vrais robes, mais un faux procès. À la barre, un père de famille poursuivi pour avoir passé à tabac la mère de ses deux enfants. L’homme, chauffeur-livreur pour une société d’import-export, avait passé une soirée arrosée au cours de laquelle son cousin lui avait révélé que sa femme lui était infidèle. Une annonce qui aurait énervé le prévenu à tel point qu’en rentrant, il aurait donné plusieurs gifles à son épouse endormie. Elle a expliqué, en sanglotant, que son mari l’avait déjà frappée mais que c’était la première fois qu’il s’en était pris à elle aussi violemment, sous les yeux impuissants de leurs deux enfants. De son côté le prévenu a tenté de minimiser les faits en expliquant à la barre que c’est d’abord elle qui l’avait agressé, ajoutant qu’il est « humain » et qu’au final il ne l’avait « pas tuée ».

Jalousie, alcool et violence

Plusieurs témoins ont été entendus au cours de l’audience, notamment la voisine qui a conforté la version de la victime. Le soir des faits elle l’avait recueillie, le visage tuméfié, et l’avait aussi conduite à l’hôpital. Le cousin du prévenu a aussi pris la parole, pointant du doigt l’infidélité de sa belle-cousine mais aussi son impulsivité. L’avocat de la partie civile a plaidé en s’appuyant d’abord sur les chiffres de la violence en Polynésie, puis en insistant ensuite sur les traumatismes physiques et psychologiques provoqués par cet épisode de « violence gratuite ». Une trame soutenue par le procureur qui a requis 3 ans de prison ferme et une obligation de soins. La défense a demandé la clémence du tribunal en expliquant que le prévenu est en fait « victime des événements » puisqu’il venait de perdre sa mère avant d’apprendre que sa femme l’avait trompé. Le tribunal a tranché et a finalement condamné le prévenu 18 mois de prison avec sursis.

Un projet, plusieurs objectifs

Cette histoire, imaginée de toutes pièces par les étudiants de 2e année de BTS Support à l’action managériale du lycée du Diadème, est le fruit d’un travail initié par deux professeurs. Un projet qui vise plusieurs objectifs : un travail de réflexion autour des violences faites aux femmes, mais aussi la mise en pratique des cours de droit dispensés aux étudiants. « C’est tout un travail aussi d’argumentation, de réflexion critique, de recherches, de règles de droit et d’écriture de réquisitoires, de plaidoiries, pour travailler sur l’éloquence et la rhétorique », explique Yolande Delmas, l’un des professeurs à l’origine du projet.

Un projet « intéressant » selon les élèves qui y ont vu une opportunité de se préparer encore mieux aux épreuves orales qui les attendent cette année. Certains, comme Sherryline Bonnet qui tenait le rôle de la présidente du tribunal, ont gagné en « aisance et en confiance ». Pour la procureure, jouée par Aloane Tauira, il s’agissait surtout de travailler son « éloquence » devant un public. Le prévenu, Hawaiki Huria, a lui aussi beaucoup apprécié cette première expérience qui lui a permis « d’apprendre à gérer son stress ».

 

La scène a été captée par le service audiovisuel de la DGEE. Le film sera ensuite ajouté à une autre production – celle des élèves de terminale option Droit et grands enjeux du monde contemporain- faisant office de « prologue ». La production finale servira ensuite de support pédagogique pour les établissements scolaires du fenua.

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