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Egypte: 10 peines de mort confirmées pour des émeutes à Port-Saïd

Le Caire (AFP) – Cinq ans après les émeutes meurtrières qui avaient fait 74 morts dans un stade de football à Port-Saïd (nord-est), la justice égyptienne a confirmé lundi les peines de mort de 10 supporteurs.

Les émeutes qui ont secoué Port-Saïd en 2012, à l’issue d’un match remporté par l’équipe locale, Al-Masry, contre les stars cairotes d’Al-Ahly, étaient les plus meurtrières qu’ait connu l’Egypte en marge de matches de football.

Le verdict prononcé lundi par la cour de cassation, à l’issue d’un long parcours judiciaire, est définitif et les condamnés qui se trouvent derrière les barreaux ont épuisé tous leurs recours en appel, ont précisé des responsables judiciaires.

Lundi, la justice a également confirmé les peines d’une quarantaine de personnes condamnées à de la prison pour les violences qui ont fait 74 morts, presque tous des supporteurs de l’équipe d’Al-Ahly.

A la sortie de la cour, une vingtaine de proches des victimes ont laissé exploser leur joie, poussant des youyous et scandant « Dieu est le plus grand », tout en brandissant des photos de leurs enfants tués lors des émeutes.

« Dans la torture et la douleur, j’ai attendu que justice soit faite. Dieu merci, le moment est venu où je peux dire que j’ai obtenu justice pour mon fils », s’émeut Ahmed Mohamed, 59 ans, tenant à la main un portrait de Amr, mort à 26 ans.

La police avait été accusée par ses détracteurs de ne pas être intervenue sciemment lors des heurts entre supporteurs, pour se venger de la participation des jeunes « ultras » de football à la révolte de 2011 contre Hosni Moubarak: un soulèvement également mené en protestation contre les abus des forces de sécurité.

– Supporteurs armés –

Les peines confirmées lundi avaient été initialement prononcées en juin 2015. Deux membres de l’encadrement du club d’Al-Masry ont été condamnés à cinq ans de prison. Tout comme deux hauts responsables de la police, accusés d’avoir facilité l’entrée des supporteurs armés et de les avoir laissés attaquer ceux de l’équipe adverse.

La cour de cassation a également confirmé lundi 21 acquittements.

Depuis 2013, plusieurs verdicts prononcés dans cette affaire avaient mené à des violences meurtrières, à Port-Saïd avec des manifestations contre les condamnations à mort, mais aussi au Caire contre les acquittements.

La date des exécutions n’a pas encore été fixée. 

Si la peine de mort reste appliquée en Egypte, des dizaines de ces condamnations ont été annulées récemment par la cour de cassation, qui a ordonné de nouveaux procès.

Depuis la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013, des centaines de ses partisans ont été condamnés à mort en première instance, avant que les peines ne soient annulées. 

En décembre 2016 toutefois, les autorités égyptiennes ont exécuté par pendaison un jihadiste condamné à mort pour le massacre de 25 policiers dans la péninsule du Sinaï.

Après Port-Saïd, pour éviter d’éventuelles nouvelles violences, le gouvernement avait imposé le huis clos pour toutes les rencontres de Première Ligue.

Mais en février 2015, alors que les autorités avaient de nouveau autorisé le public à assister à certains matches, en nombre restreint, 19 supporteurs avaient été tués à l’entrée d’un stade du Caire.

Les victimes, piégées dans une étroite cage les canalisant vers l’entrée du stade, avaient succombé dans une bousculade provoquée selon de nombreux témoignages par les tirs intenses de grenades lacrymogènes par des policiers.

Cet épisode avait poussé les autorités à rétablir de nouveau un huis clos dans tous les stades égyptiens pour les matches entre équipes locales. Cette mesure est toujours en vigueur aujourd’hui.

En mai 2015, la justice a par ailleurs prononcé la dissolution des groupes ultras et proscrit leurs activités.

Une proche d'une victime des émeutes de Port Saïd en Egypte à l'annonce de l'arrêt de la cour de cassation, au Caire le 20 février 2017
. © AFP

© AFP MOHAMED EL-SHAHED
Une proche d’une victime des émeutes de Port Saïd en Egypte à l’annonce de l’arrêt de la cour de cassation, au Caire le 20 février 2017

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