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« Elle », le polar qui séduit des deux côtés de l'Atlantique

Paris (AFP) – « Elle », le polar transgressif et jubilatoire de Paul Verhoeven avec une Isabelle Huppert au sommet a continué d’engranger les récompenses des deux côtés de l’Atlantique en remportant vendredi soir deux César, meilleur film et meilleure actrice.

Reparti bredouille de Cannes où il a été présenté en mai 2016, « Elle » a été consacré depuis par les Golden Globes américains – meilleure actrice pour Huppert et meilleur film en langue étrangère – permettant à la Française de se placer dans la course aux Oscars et au cinéaste néerlandais de 78 ans de s’offrir un retour par la grande porte à Hollywood.

Pour les César, « Elle » dominait les nominations avec « Frantz » de François Ozon – onze sélections chacun – dont ceux de la meilleure actrice pour Huppert, du meilleur réalisateur, en plus du meilleur film.

Pour sa première oeuvre française, le réalisateur de « Basic Instinct » et de « Robocop, qui vient de présider la Berlinale 2017, reste fidèle à ses thèmes fétiches: le sexe et la violence.

« Elle » met en scène une femme d’affaires, victime un soir dans sa belle maison bourgeoise d’un viol par un homme cagoulé qui la roue de coups. Une scène digne des jeux vidéos qu’elle produit à la tête de son entreprise.

Elle en touche à peine un mot à ses proches, ne va pas se plaindre à la police, s’achète une bombe de gaz lacrymogène et dort avec un marteau. Pas du genre à s’effondrer, elle va mener la traque, se livrant à un jeu érotique et sulfureux avec son violeur dont elle aura la peau dans une scène mémorable d’humour et de perversité mêlés.

Habitué des polémiques, le réalisateur voulait à l’origine tourner son film, tiré d’un roman du Français Philippe Djian, « Oh… », aux Etats-Unis. Mais les producteurs américains, comme les actrices ne se sont pas franchement précipités, jugeant l’entreprise trop risquée.

– ‘Dérangeant’ –

L’histoire était considérée comme trop « amorale et inacceptable », a raconté celui qui est parfois surnommé le « Hollandais violent ». « Cette femme ne choisit pas la vengeance, elle prend un autre chemin (…). Cette histoire n’est ni féministe, ni anti-féministe, c’est juste une histoire », avait-il expliqué à Cannes où le film avait été bien reçu par la critique.

Pour Isabelle Huppert, qui a tourné dans plus de 100 films, le personnage de « Elle » veut avant tout passer de l’état « d’objet à celui de sujet » et « au lieu de subir, prendre le contrôle » de la situation. 

« Dans les films, il n’y a pas beaucoup de choses qui me font peur » avait-elle reconnu lors des Golden Globes. 

Récusant une intrigue parfois résumée à celle d’une victime tombant amoureuse de son violeur, Philippe Djian voit dans Michèle, l’héroïne du film, une femme « qui n’a pas  envie de se soumettre aux codes qu’on nous soumet à longueur de vie », comme par exemple d’appeler la police quand on est victime d’un viol.

Huppert, pratiquement de tous les plans dans « Elle », a confié aimer l’écriture « dissonante » du réalisateur qui se met « brusquement à grincer » jusqu’à devenir « dérangeante ».

En France, avant les César, le 16è film de Verhoeven avait reçu en janvier les récompenses de meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice pour Isabelle Huppert lors des Prix Lumières des correspondants de presse étrangère en poste dans l’hexagone.

Il a engrangé plus de 580.000 entrées en France, un bon score pour un film singulier.

© AFP bertrand GUAY
Le réalisateur néerlandais Paul Verhoeven reçoit le César du meilleur film pour « Elle », le 24 février 2017 à Paris

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