ACTUS LOCALESEMPLOI

Emploi : mettre en adéquation l’offre et la demande

©CP/Radio1

Nicole Bouteau a présenté ce jeudi matin les derniers chiffres de l’emploi en Polynésie, et des aides à l’emploi, ainsi que les nouvelles méthodes du Sefi pour mettre en adéquation l’offre et la demande d’emplois.

« Il y a une vraie dynamique » dans l’emploi en Polynésie, affirme la ministre du travail Nicole Bouteau, elle en veut pour preuve les 1 124 offres d’emploi encore à pourvoir au Sefi, qui en reçoit en moyenne 250 par mois. Un chiffre similaire à 2019, et la ministre estime que « c’est un bon signe pour l’économie ».

Une façon de voir le verre à moitié plein, quand le Medef le voyait à moitié vide au début du mois de septembre, commentant de manière sarcastique l’insistance du Pays à mettre en œuvre une loi sur la protection de l’emploi local alors que ces offres d’emploi restent « désespérément vides de toutes candidatures réelles et sérieuses ».

Le taux d’emploi (nombre de personnes dans un emploi rémunéré par rapport à la population en âge de travailler) est de 53% sur l’ensemble de la Polynésie, et le taux de chômage de 10,5%. Des chiffres pas si éloignés de ceux de 2019, avant la crise sanitaire. L’ISPF recense 10 670 demandeurs d’emploi, à 83% résidents des Îles du Vent.

Une dynamique, donc, à laquelle les dispositifs de soutien du Pays et de l’État ont contribué, se félicite-t-on au gouvernement. Ils ont notamment permis de limiter à 45 le nombre de licenciements économiques cette année, et de maintenir 7 000 emplois salariés. Au total depuis le début de l’année, 9 979 personnes ont bénéficié des aides à l’emploi, à quoi il faut ajouter l’octroi de 8 000 conventions de stage. Tout cela a un coût : de 5,5 milliards en 2019, les aides à l’emploi sont passées à 12 milliards en 2020 et devraient atteindre 15 milliards de Fcfp en 2021. Mais elles ne sont prévues que jusqu’à la fin de l’année, et la ministre espère ne pas devoir faire face à une nouvelle fermeture des frontières ou un nouveau confinement : « Nous aurions de sérieuses difficultés à faire face ».

Qui recrute ?

 

 

C’est toujours l’hébergement, la restauration et l’hôtellerie qui sont en tête des secteurs qui recrutent : 27% des offres d’emploi. Viennent ensuite les métiers de support aux entreprises (15%), les services aux personnes et à la collectivité, et le commerce et la vente (12% chacun), et la construction (11%). À 80%, ces offres sont concentrées sur la zone urbaine de Tahiti.

Parmi ceux qui s’adressent au Sefi pour recruter, 27% des employeurs ne demandent aucun diplôme, et 42% demandent le Bac ou plus. 37% des offres exigent une expérience de 2 à 5 ans, 34% une expérience de 1 à 2 ans, et seulement 11% acceptent de considérer la candidature de débutants.

Face à ces exigences, on constate l’inadéquation des ressources en main d’œuvre : sur les 25 000 demandeurs d’emploi qui se sont manifestés au Sefi depuis le début de l’année, 45% ont entre 18 et 29 ans, 30% n’ont aucun diplôme, et 24% ont un Bac. 57% sont des femmes, souvent handicapées par le manque de solutions de garde d’enfants.

Plusieurs explications à cette inadéquation, expliquent le ministère et le Sefi : des exigences renforcées des employeurs en matière de compétences techniques, cognitives et comportementales, de nombreuses professions qui n’ont pas fait évoluer les conditions de travail et de salaire, alors que les nouvelles générations ne sont plus prêtes à accepter les mêmes conditions, des freins à la mobilité géographique, comme la nécessité de longs séjours dans des îles éloignées (le Brando à Tetiaroa, par exemple) ou des conditions de logement difficiles (pour certains hôtels de Bora Bora). C’est ainsi que 27% des offres sont issues du secteur touristique, mais que seulement 11% des candidats sont attirés par ce type d’emploi. On note aussi un manque objectif de certaines compétences sur le marché : informaticiens, technico-commerciaux, couvreurs, infirmiers de bloc opératoire, conducteurs d’engins lourds, opticiens, scaphandrier de travaux publics… Enfin le maintien des aides à l’emploi limite les mouvements de personnel. Quant à l’agriculture, elle embauche très peu, alors que 12% des demandeurs d’emploi sont intéressés par ce secteur.

Le Sefi veut faire du « sur mesure »

©CP/Radio1

Le Sefi mise donc beaucoup sur les diagnostics personnalisés et la formation. En 2021, il y a eu « beaucoup de remises à niveau, dit la directrice du Sefi Hina Grépin, afin que les gens puissent accéder à une formation qualifiante en 2022. » Ces « formations en savoirs de base » représentent 47% des formations dispensées par le Sefi. L’organisme a aussi, par exemple, accompagné les licenciés de l’InterContinental de Moorea avec des bilans de compétences et des formations, et suit les jeunes diplômés grâce notamment à un partenariat avec Pôle Emploi en métropole. Des « job datings » sont organisés pour les employeurs en recherche. À cela s’ajoute une meilleure information et un meilleur service en ligne et sur les réseaux sociaux, ainsi qu’une réorganisation interne du Sefi, explique Hina Grépin.

 

Article précedent

La FTF recherche un agent de développement/coordonnateur Just Play

Article suivant

Le job dating du Sefi aboutit à 23 CDI

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Emploi : mettre en adéquation l’offre et la demande