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En Nouvelle-Calédonie, l’assurance-maladie au bord du gouffre

La Polynésie n’est pas la seule à connaître une crise de son système social. Face à la situation toujours plus inquiétante de son régime unifié d’assurance maladie-maternité (Ruamm), plusieurs acteurs de la santé de Nouvelle-Calédonie ont lancé un cri d’alarme ce lundi. Les dettes s’accumulent et les institutions craignent une baisse de la qualité de l’offre de soin et les défauts de paiement. Les explications de notre partenaire Outremer 360°.

Chaque année, il ne manque pas moins de 13 milliards de Francs pour boucler le budget du système d’assurance-maladie de la Nouvelle-Calédonie. C’est ce qu’ont rappelé ce lundi la Cafat (équivalent de la CPS polynésienne), la Fédération régionale hospitalière du Pacifique Sud et le centre hospitalier territorial calédonien (CHT-NC, qui bénéficie d’un nouvel écrin depuis 2016, avec l’ouverture du très coûteux Médipôle) dans une conférence de presse commune en forme de cri d’alarme. La dette colossale, et en constante augmentation selon ces intervenants, du régime met en péril le système de santé du territoire, avec des risques de fermetures de services, de défauts de paiement, et les répercussions possibles de baisse de la qualité des soins.

Risques de rupture d’approvisionnent en médicaments

À titre d’exemple, le CHT-NC est financé à hauteur de 80% de ses coûts de fonctionnement, par un Ruamm qui présente aujourd’hui plus de 4 milliards de francs de dettes auprès de ses fournisseurs, dont certains ont d’ores et déjà cessé d’approvisionner le territoire en médicaments. Une situation inquiétante puisque si le refus d’approvisionnement venait à toucher certains médicaments très spécifiques, à l’image de ceux utilisés en chimiothérapie, c’est tout un pan du système de santé du territoire qui pourrait être remis en question. Rappelant que la structure même du système de remboursement des soins ne tient que par l’intervention ponctuelle de subventions exceptionnelles accordées par les institutions, à l’image des 5 milliards de francs d’aides accordées par le gouvernement pour l’année 2021, les trois organismes assènent : « Allons-nous tolérer que l’hôpital ferme des services ? Allons-nous supporter que la Cafat ne rembourse plus les soins ? ».

Les effets de la situation précaire du Ruamm se font déjà ressentir, puisqu’outre le refus de certains fournisseurs d’approvisionner le territoire en médicament, l’Hôpital accuse des retards de versement des salaires, mais aussi de paiement à ses prestataires calédoniens, à hauteur de 2,7 milliards de francs. Xavier Martin, directeur de la Cafat : « Depuis près de 10 ans maintenant nous accumulons des dettes, le rythme de création de ces dettes est juste insupportable pour nos organismes, et il s’agissait de pouvoir lancer une alerte et un message. C’est effectivement aux élus du Congrès de pouvoir prendre des décisions de nature à stabiliser les équilibres financiers du Ruamm, et donc du Médipôle puisque le Ruamm finance près de 80% des frais de fonctionnement du Médipôle ». Ensemble, la Cafat, le CHT-NC et la FRHPS militent et demandent au Congrès de prendre des dispositions et d’élaborer un plan de redressement du Ruamm afin d’éviter un délitement du système de santé en Nouvelle-Calédonie.

Damien CHAILLOT pour Outremer 360°

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