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Enquête relancée par les déclarations d'un détenu sur l'assassinat de sa femme au Maroc

Angoulême (AFP) – Onze ans après les faits, le parquet d’Angoulême vient de relancer l’enquête sur la disparition, au Maroc, d’une Charentaise de 38 ans, après des « révélations » faites par son époux, condamné à 25 ans de réclusion pour son assassinat auquel il avait toujours nié avoir participé.

Karbal Dandouni, 43 ans, avait été condamné en première instance en 2013, puis en appel en 2014, à 25 ans de réclusion pour l’assassinat de son épouse Karima, disparue lors d’un voyage ensemble au Maroc à l’été 2005. Il n’avait jamais reconnu sa responsabilité, et aucun corps n’avait jamais été retrouvé. 

Fin 2015, le condamné a vu son pourvoi en cassation rejeté.

Dans le quotidien La Charente Libre, le détenu a avoué la semaine dernière depuis sa prison que « oui, Karima a bien été tuée au Maroc », d’un coup de couteau, en juillet 2005. Il affirme en revanche que ce n’est pas lui-même qui l’a tuée, mais le frère de sa deuxième femme, épousée au Maroc. Une seconde épouse qui était revenue à Soyaux (Charente) avec lui à l’époque, en utilisant le passeport maquillé de la victime.

A la lumière de ces « révélations », l’avocat de la famille de la disparue, Me Gérard Chemla, a saisi le parquet d’Angoulême qui a depuis ouvert une information judiciaire contre X pour assassinat, a-t-on indiqué mardi de source judiciaire, tout en incitant à la prudence sur la véracité des propos du détenu. L’enquête a été confiée à la police judiciaire de Limoges.

Dans ses « confessions » au journal, Dandouni assure aussi qu’un corps avait bien été retrouvé à l’époque, un corps de femme brûlé, non identifié par les forces de l’ordre marocaines, et découvert le long d’une route secondaire, mais que le lien avec Karima n’avait pas été fait. Il affirme à présent qu’avec la complicité de l’auteur du coup de couteau, il avait fait disparaître la victime, en la brûlant puis l’abandonnant.

« Il y a un élément sérieux dans les déclarations de Dandouni: Karima est morte. Son corps est très, très certainement celui signalé par un article de la presse marocaine le 18 juillet 2005, ce corps calciné retrouvé par les gendarmes », estime Me Chemla, interrogé par l’AFP. 

Pour le reste, « on n’a pas pu le croire quand il se défendait, on va avoir du mal à croire qu’il dit la vérité quand il avoue », dit-il.

L’avocat de la famille de la victime s’interroge aussi sur la responsabilité de la seconde épouse, qui a « usurpé l’identité et la totalité des biens de Karima » à son retour en France avec Karbal Dandouni. Selon lui, elle a fait croire à Karima, qui ne pouvait pas avoir d’enfant, « qu’elle allait lui donner son enfant ». Et quand Dandouni rentre la nuit de la disparition, « il a à la main des affaires personnelles de Karima, ses papiers, ses cartes bancaires, lorsqu’elle l’accueille. Elle ne peut pas ne pas savoir ce qui s’est passé », insiste Me Chemla.

« A défaut d’entendre la vérité et les preuves qui vont avec, la relance de l’enquête pourrait au moins permettre de retrouver les restes de Karima, qu’on puisse lui assurer une sépulture », espère-t-il.

Karbal Dandouni au tribunal d'Angoulême le 9 décembre 2013. © AFP

© AFP/Archives PIERRE DUFFOUR
Karbal Dandouni au tribunal d’Angoulême le 9 décembre 2013

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