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Espagne: horizon plus dégagé pour un nouveau gouvernement de Rajoy

Madrid (AFP) – Le chef du gouvernement espagnol sortant, le conservateur Mariano Rajoy, a annoncé lundi des négociations avec les autres partis pour débloquer la paralysie politique de l’Espagne, renforcé par sa victoire aux législatives.

« Nous sommes très contents et stimulés », a déclaré le conservateur de 61 ans, à la radio.

Dimanche, son Parti populaire a progressé en obtenant 137 sièges de députés sur 350, soit 14 de plus que lors du dernier scrutin de décembre, mais reste sans majorité absolue. 

M. Rajoy a déclaré qu’il espérait pouvoir former un nouveau gouvernement « rapidement » pour « commencer à travailler », après six mois de paralysie politique du pays, faute de majorité claire de gouvernement.

La droite, profitant d’un réflexe conservateur de l’électorat après le choc du Brexit, a obtenu 33% des suffrages et gagné près de 700.000 voix.

Ses trois grands adversaires ont, au contraire, tous perdu des plumes. 

Le Parti socialiste (PSOE), avec 22,66% des suffrages, reste la deuxième formation d’Espagne mais avec cinq sièges de moins qu’en décembre. 

La coalition de gauche radicale Unidos Podemos – qui comptait bien dépasser le PSOE – a reculé de plus d’un million de voix à 21,1% et 71 sièges. 

Quand au parti libéral Ciudadanos, il perd huit sièges au profit du PP.

« C’est une victoire personnelle pour Mariano Rajoy », estime Anton Losada, politologue de gauche. 

Mariano Rajoy, accusé par ses détracteurs d’avoir laissé prospérer la corruption comme président du PP depuis 2004 et du gouvernement à partir de 2011, semble redevenu incontournable.

« Nous réclamons le droit de gouverner », a-t-il lancé dans la nuit devant ses partisans en liesse à Madrid. « Je vais appeler les dirigeants des autres partis, a-t-il confirmé au matin, « je parlerai à toutes les forces politiques, à commencer par le Parti socialiste ».

– Gouvernement avant la fin de l’été ? –

Le PP a besoin du soutien d’autres partis pour rester au pouvoir, à commencer par celui du Parti socialiste qui, avec ses 85 députés, peut décider de bloquer son investiture ou, au contraire, de s’abstenir pour le laisser gouverner.

Mais lundi le PSOE ne semblait pas prêt à lui faciliter la tâche. 

La décision « viendra en son temps mais notre vocation est d’évincer Rajoy », a déclaré lundi Cesar Luena, numéro deux du parti, ajoutant: « Nous n’appuierons Rajoy ni par action ni par omission ».

Plus nuancé, le porte-parole du groupe parlementaire socialiste Antonio Hernando a déclaré: « Je ne vois pas de possibilité d’une grande coalition (avec le PP) ni d’une abstention (en sa faveur) mais le PSOE doit réfléchir ».

La veille, Ciudadanos a semblé ouvrir la porte à la négociation, tout en annonçant qu’il discuterait des points précis de programme de gouvernement.

Le PP devra tenter de donner des gages au PSOE. « Ils pourraient par exemple leur céder la présidence du Congrès », explique Narciso Michavila, directeur de l’institut de sondages GAD3, réputé proche de Mariano Rajoy. 

Dans tous les cas estime-t-il, « il y aura un gouvernement rapidement, avant la fin de l’été ». 

Un blocage serait sans doute mal percu par l’électorat, en pleine tempête du Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Mais un proche du leader socialiste Pedro Sanchez tempérait cet optimisme, assurant que même dans le meilleur des cas pour M. Rajoy, « il faut s’attendre à de longues négociations ».  

Libéraux et socialistes préfèreront négocier et peser sur les discussions plutôt que de rester en dehors du jeu, selon M. Michavila.

La Bourse a salué lundi la victoire de la droite: son indice vedette, l’Ibex 35, a bondi de plus de 3% à l’ouverture, après un plongeon historique vendredi lié au Brexit. Vers 12H30 locales (10H30 GMT), elle était repartie à la baisse, à -0,9%.

La coalition de gauche Unidos Podemos – formée par le parti anti-austérité Podemos et Izquierda Unida – apparaît finalement comme la grande perdante. 

« Nous espérions un résultat différent », a reconnu, la mine sombre, son candidat, Pablo Iglesias. Il va falloir réfléchir ». 

Le leader du parti populaire et Premier ministre sortant, Mariano Rajoy (C) le 27 juin 2016 à Madrid. © AFP

© AFP JOSE JORDAN
Le leader du parti populaire et Premier ministre sortant, Mariano Rajoy (C) le 27 juin 2016 à Madrid

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