INTERNATIONAL

Espagne: le beau-frère du roi échappe à l'incarcération immédiate

Palma (Espagne) (AFP) – Le beau-frère du roi d’Espagne, Inaki Urdangarin, condamné à six ans de prison dans une affaire de corruption, a été laissé libre jeudi et pourra attendre en Suisse, où il réside, une décision définitive de la justice.

A Palma de Majorque, les trois juges qui l’avaient condamné la semaine dernière ont décidé, jeudi, son maintien en liberté. 

Le mari de l’infante Cristina devra seulement se présenter chaque mois à une autorité judiciaire de son pays de résidence, la Suisse, et annoncer ses éventuels séjours hors d’Europe. 

Bannis depuis des années de tous les actes officiels de la royauté, Cristina, 51 ans, et Inaki, 49, vivent à Genève depuis 2013 avec leurs quatre enfants.

A sa sortie du tribunal, M. Urdangarin a dû essuyer des huées de manifestants le traitant une nouvelle fois de « chorizo », un terme populaire signifiant « voleur ».

De leur côté, le roi Felipe VI et la reine Letizia sont apparus tranquilles à l’inauguration d’une foire d’art contemporain, comme si de rien n’était. 

« L’affaire Noos » avait pourtant précipité l’abdication en 2014 de Juan Carlos 1er et l’arrivée sur le trône de son fils. 

Le 17 février, M. Urdangarin a finalement été condamné à six ans et trois mois de prison et 512.000 euros d’amende. Avec un associé, il était accusé d’avoir détourné entre 2004 et 2006 une partie des subventions attribuées à la fondation Noos qu’il présidait. 

Les juges avaient conclu que M. Urdangarin avait très facilement obtenu des contrats en raison de « la position dont il bénéficiait, du fait de sa proximité avec le chef de l’État, lui qui faisait partie à l’époque de la famille du roi » Juan Carlos.

Sa défense a, depuis, indiqué son intention de faire appel du jugement qui l’a reconnu coupable de détournement de fonds publics, de fraude fiscale ou de trafic d’influence.

En cas de détention, le journal en ligne El Español avait déjà décrit ce qui attendait Inaki et Cristina: 40 minutes de parloir par semaine, une rencontre en cellule familiale une fois par mois. 

Mais le tribunal a tranché: M. Urdangarin n’a pas à purger sa peine pour le moment et peut attendre une sentence de la Cour suprême. 

Son ancien associé, Diego Torres – condamné plus lourdement, à 8 ans et six mois de prison – reste libre pour le moment, mais est privé de passeport.

– Parquet fluctuant –

Après avoir envisagé l’incarcération immédiate de M. Urdangarin, le procureur Pedro Horrach avait finalement demandé son maintien en liberté s’il versait une caution de 200.000 euros. Cette condition n’a pas été retenue par les juges.

Un avocat de Cristina de Bourbon, Pau Molins, a lui-même relevé cette évolution du parquet: « Le procureur avait dit qu’il allait demander l’incarcération, on dirait qu’il a revu nettement à la baisse ses prétentions ». 

Quant à l’infante Cristina, elle avait été relaxée le 17 février, après avoir été soupçonnée de fraude fiscale. Elle a cependant dû payer une amende de 265.000 euros du fait de sa « responsabilité civile solidaire » avec son mari. 

– « Inégale pour tous » –

Le porte-parole de l’association professionnelle de magistrats Juges pour la démocratie, Ignacio Gonzalez Vega, n’a pas considéré anormal le maintien en liberté de M. Urdangarin. 

Pour lui, « il n’était pas indispensable en l’état d’accorder la prison provisoire », en l’absence de risque de fuite. Reste qu' »il va falloir l’expliquer à la société », a-t-il relevé.

Dans un pays écoeuré par la corruption, la décision de laisser libre le mari de l’infante sans versement de caution risque d’être mal perçue.

« L’injustice est inégale pour tous », a réagi sur Twitter le chef du parti de gauche radicale Podemos, Pablo Iglesias, jouant sur les mots. 

« On écrira des chansons sur cette condamnation et ses auteurs seront condamnés », a lancé M. Iglesias, en référence aux trois ans et demi de prison infligée cette semaine à un rappeur espagnol, pour insulte à la couronne et apologie du terrorisme à travers des références au groupe indépendantiste armée basque ETA.

Le beau-frère du roi d'Espagne, Inaki Urdangarin, quitte le tribunal de Palma de Majorque, le 23 février 2017
. © AFP

© AFP JAIME REINA
Le beau-frère du roi d’Espagne, Inaki Urdangarin, quitte le tribunal de Palma de Majorque, le 23 février 2017

Article précedent

Cyprien veut devenir le "premier vieux de YouTube"

Article suivant

Début de la rencontre Macron-Bayrou à Paris

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Espagne: le beau-frère du roi échappe à l'incarcération immédiate