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Espagne: les socialistes décident si le pays aura un gouvernement

Madrid (AFP) – Le Parti socialiste, deuxième parti d’Espagne, devrait surmonter dimanche ses divisions pour décider de laisser ses adversaires conservateurs former un gouvernement minoritaire, après 10 mois de blocage politique.

Le comité fédéral du Parti socialiste ouvrier d’Espagne (PSOE), qui fixe la ligne du parti entre les congrès, s’est réuni à Madrid après des semaines de luttes intestines provoquées par des échecs électoraux successifs et la menace montante du parti anti-austérité Podemos, décidé à le supplanter.

Les désaccords sur la stratégie à suivre ont conduit à un coup de force sans précédent et la démission forcée le 1er octobre du secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez. 

Celui-ci refusait catégoriquement de laisser le conservateur Mariano Rajoy se maintenir au pouvoir, après un premier mandat marqué par les scandales de corruption et les inégalités croissantes.

Ceux qui ont renversé Sanchez préfèrent avaler cette couleuvre et rester dans l’opposition plutôt que de provoquer les troisièmes élections en un an et risquer un résultat encore plus humiliant qu’en décembre 2015 et en juin 2016.

Le Parti populaire (PP) de M. Rajoy avait remporté ces deux derniers scrutins, mais sans majorité absolue et sans alliés. Pour former un gouvernement minoritaire, il a besoin que les députés socialistes votent la question de confiance ou au moins s’abstiennent.

La réunion s’annonce houleuse même si la plupart des délégués s’attendent à ce que l’abstention l’emporte à la fin de la journée. « Nous venons au comité fédéral soutenir le non à Rajoy et au PP », a déclaré en arrivant Idoia Mendia, chef des socialistes basques, dont la position est partagée par les socialistes catalans.

« La majorité des Espagnols ne veut pas retourner aux urnes, à plus de 65%, et c’est la même chose chez les électeurs socialistes », explique le député Ignacio Urquizu. 

Reste à décider si le jour du vote décisif, le 29 ou le 30 octobre, les députés du PSOE s’abstiendront en bloc, ou seulement 11 d’entre eux, le minimum requis pour laisser la voie libre à Mariano Rajoy.

Ce dernier devrait donc obtenir la confiance de la chambre avant la fin du mois et l’Espagne retrouver un gouvernement en novembre après plus de 300 jours d’intérim. 

– Gouvernement faible –

L’équipe sortante ne pouvait qu’expédier les affaires courantes, sans faire voter ni budget ni loi, ni faire approuver les nominations de dizaines d’ambassadeurs, ou même remplacer les trois ministres démissionnaires.

Ce sera cependant un gouvernement faible, appuyé par 137 députés sur 350, qui devra guider le pays à la sortie d’une crise économique dévastatrice, avec un taux de chômage de 20%. 

« Le plus probable est que ce sera une législature courte », de moins de quatre ans, prévoit le politologue Pablo Simon.

Les socialistes, ainsi que Podemos et les libéraux de Ciudadanos, les deux nouveaux partis qui ont bouleversé les équilibres au parlement, sont décidés à mener la vie dure aux conservateurs.

Mais pour le PSOE, plus ancien parti d’Espagne, le mal est fait. Beaucoup d’élus craignent de se couper de leur base en s’abstenant en faveur de Rajoy, après avoir promis de mettre fin à son règne.

Une quinzaine de militants bravaient la pluie dimanche pour manifester devant le siège du PSOE à Madrid réclamant le « non à Rajoy », ou criant « ceci n’est pas le siège du PP ».

Dans une interview au journal en ligne El Espanol, la députée socialiste Susana Sumelzo estime que son parti souffrira « sans aucun doute » au prochain scrutin, « pas seulement à cause de l’abstention mais aussi à cause du spectacle honteux que nous avons donné au cours des derniers jours ».

« Je prévois que ça va être très compliqué à moyen et à long terme. Nous allons devoir travailler énormément pour retrouver notre crédibilité », dit-elle.

Le président du comité fédéral du Parti socialiste ouvrier d'Espagne (PSOE), Javier Fernandez, lors d'une réunion extraordinaire du parti, le 23 octobre 2016 à Madrid. © AFP

© AFP GERARD JULIEN
Le président du comité fédéral du Parti socialiste ouvrier d’Espagne (PSOE), Javier Fernandez, lors d’une réunion extraordinaire du parti, le 23 octobre 2016 à Madrid

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