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Étage d’un hôpital privatisé : Martin Hirsch assume

Martin Hirsch, patron de l'AP-HP, assume le fait d'accueillir de riches patients étrangers dans les hôpitaux publics de la région parisienne. © REUTERS

Martin Hirsch, patron de l’AP-HP, assume le fait d’accueillir de riches patients étrangers dans les hôpitaux publics de la région parisienne. © REUTERS

POLÉMIQUE – Un émir du Golfe était venu se faire opérer début mai à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt, réservant neuf chambres.

L’INFO. L’hôpital public doit-il accepter les liasses de billets de riches étrangers contre la privatisation de chambres au profit de ces derniers ? Pour Martin Hirsch, le patron de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), c’est une manière de gagner de l’argent. Certains syndicats s’inquiètent de l’ampleur que prend le phénomène.

Les faits. Un riche émir du Golfe a privatisé début mai un étage d’un hôpital public en région parisienne, demandant plusieurs aménagements. En tout, ce sont neuf chambres du 7e étage de l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, qui ont été réservées entre le 8 et 14 mai pour accueillir l’homme d’affaires, dont le nom n’a pas été communiqué. Des personnes de sa famille et ses gardes du corps l’accompagnaient, a précisé l’AP-HP, confirmant une information du Canard enchaîné.

Des douchettes ont été installées dans les toilettes et retirées depuis, du mobilier comme des chaises et un canapé ont été sortis des réserves de l’établissement, et le patient s’est attaché les services d’un traiteur, a reconnu l’AP-HP. L’autorisation de réservation des chambres par le professeur de chirurgie orthopédique qui a opéré l’émir a été acceptée par la direction de l’hôpital compte tenu « de l’importante recette attendue », justifie l’AP-HP.

© MAXPPP

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Hirsch assume. Cette décision, la patron de l’AP-HP, Martin Hirsch, l’assume et la revendique. Interrogé par le JDD, il a affirmé que l’accueil de l’émir n’avait “pas été fait au détriment de malades français » et avait été facturé, comme pour tous les patients étrangers « 30% plus cher que le tarif de la Sécurité sociale ». « J’assume ce côté ‘Robin des bois’ : à un moment où nous avons besoin de tous les moyens pour soigner les plus modestes. Gagner de l’argent sur ces patients qui en ont les moyens, cela ne me choque pas », déclare-t-il au Journal du dimanche.

Régler le déficit. Mais « nous avons décidé de ne pas dépasser un taux de 1% (de malades étrangers accueillis, ndlr) pour éviter de créer des interférences avec notre mission première de service public », poursuit le directeur général de l’AP-HP. Selon lui, le fait d’accueillir de riches patients étrangers pourrait rapporter 8 millions d’euros en 2013.

« Renoncer à ces riches patients serait contre-productif », ajoute-t-il en précisant que sur les quatre premiers mois de l’année, 1.000 riches patients étrangers ont été accueillis, « ce qui représente 0,4% de nos patients » et a permis « de dégager une marge de 2,5 millions d’euros ». Le patron de l’Assistance publique pense atteindre « 3.000 patients à la fin de l’année, un peu plus que les années précédentes ». « De quoi réduire de 15% notre déficit qui s’élève à 59,9 millions d’euros en 2013 », dit-il.

© Maxppp

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Les syndicats s’inquiètent. « C’est choquant, même s’il a payé : mettre à disposition un étage et permettre à une personne d’effectuer des travaux parce qu’elle est riche, ce n’est pas l’image de l’assistance publique. C’est considérer uniquement l’aspect mercantile », a déploré de son côté le secrétaire général Sud de l’AP-HP Jean-Marc Devauchelle. « Avoir une chambre individuelle ne devrait pas être un luxe », a poursuivi le syndicaliste.

Les étrangers payent-ils bien ? La polémique est d’autant plus forte, qu’il se trouve que tous les patients étrangers ne payent pas toujours leurs factures. Selon le JDD, ils ont laissé à l’AP-HP une ardoise de 90 millions d’euros en 2012. Seule une petite partie des créances a pu être récupérée, concède Martin Hirsch, qui souhaite davantage faire payer en amont les malades. « Nous obtenons le paiement en avance dans 60% des cas en moyenne, avec de grandes disparités selon les établissements de l’AP-HP. Nous devons tendre vers 100% », estime-t-il.

source Europe1

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