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Etats-Unis: couacs en série chez Donald Trump

Washington (AFP) – Sondages maussades, polémiques, changement d’équipe: le républicain Donald Trump peine à passer la vitesse supérieure dans sa quête de la Maison Blanche, à moins d’un mois de la convention d’investiture de Cleveland.

Après des semaines de dissensions internes sur la stratégie à adopter contre la démocrate Hillary Clinton, le couperet est tombé lundi. Son directeur de campagne controversé, Corey Lewandowski, a été remercié.

Donald Trump a longtemps défendu son collaborateur, crédité pour les victoires initiales des primaires notamment dans le New Hampshire, le deuxième Etat à avoir voté, en février dernier.

Mais Corey Lewandowski illustrait les limites du modèle Trump. Le milliardaire populiste a défié tous les codes en faisant campagne avec de grands meetings et en exploitant le média télévisuel, négligeant de mailler le territoire de locaux de campagne et de bénévoles, et économisant sur le budget publicitaire.

Cette façon iconoclaste de faire campagne, centrée sur sa personne, restreint la capacité de Donald Trump à changer de dimension pour mobiliser l’ensemble de l’électorat américain, et non plus les 31 millions d’électeurs républicains qui ont participé aux primaires.

« Cette équipe de campagne a des problèmes profonds », a dit le politologue Larry Sabato sur CNN. « Cette campagne est sous-financée, mal organisée. Et il y a beaucoup d’interrogations sur l’organisation de la convention ».

« L’équipe de Clinton a des années-lumières d’avance sur l’équipe de Trump », ajoute cet expert.

Preuve en est le lancement jeudi dernier par Hillary Clinton, mieux financée, d’une formidable campagne publicitaire télévisée de six semaines dans huit Etats américains stratégiques.

En outre, les bénévoles de campagne pro-Clinton s’activeront tout le week-end prochain pour des activités de porte-à-porte et de recrutement de militants, une fonction stratégique pour maximiser la participation à l’élection du 8 novembre.

Ce travail de terrain prend du temps à organiser, mais l’équipe de Donald Trump, sans expérience, entend le déléguer au parti républicain, dont ce n’est historiquement pas le rôle.

– Convention mouvementée –

Selon le New York Magazine, les trois enfants adultes Trump (Donald Jr., Ivanka et Eric) ont exigé de leur père qu’il limoge Corey Lewandowski, jugé pas au niveau pour la suite de la campagne. Il avait aussi été accusé d’avoir agrippé une journaliste en mars, bien que l’affaire ait été classée.

Le nouvel homme fort de la campagne Trump s’appelle Paul Manafort, un vétéran républicain qui avait rejoint l’équipe le 29 mars pour professionnaliser les opérations.

« Je n’ai aucun regret et je suis reconnaissant de la chance qui m’a été donnée, et je continuerai à prodiguer mes conseils à M. Trump et son équipe s’ils le souhaitent », a dit Corey Lewandowski sur CNN, sans un mot critique pour son ancien chef, qui a l’habitude de faire signer des accords de confidentialité à ses employés.

A la fin du mois de mai, après avoir scellé l’investiture du parti républicain, Donald Trump avait resserré l’écart dans les sondages avec Hillary Clinton. Mais depuis, la démocrate a vaincu son rival Bernie Sanders et trouvé la parade pour répondre au milliardaire républicain.

Elle a aujourd’hui près de six points d’avance sur lui, selon la moyenne des derniers sondages, un avantage très important comparé aux élections précédentes.

S’appuyant sur son expérience dans les affaires de sécurité nationale, l’ancienne secrétaire d’Etat multiplie les réquisitoires contre l’homme d’affaires sans expérience politique, qu’elle juge impulsif et ignorant.

Le candidat républicain n’a rien fait pour rassurer son parti, malgré ses promesses d’adapter sa rhétorique à la solennité de la fonction présidentielle. Au lieu de renforcer son programme, il s’est attaqué personnellement à un juge fédéral chargé des poursuites contre son ex-« université », l’accusant de partialité en raison de ses origines mexicaines. Après l’attentat d’Orlando, il s’en est pris à la communauté musulmane.

La décision de Donald Trump de se rendre à l’inauguration d’un de ses golfs en Ecosse, vendredi prochain, a également suscité des questions sur sa capacité à se concentrer sur sa monumentale responsabilité politique.

La convention d’investiture de Cleveland (18-21 juillet), est censée mettre en scène l’unité du parti autour du candidat.

« On n’a pas encore commencé, on commencera vraiment après la convention », s’est défendu Donald Trump, interrogé par MSNBC sur l’agitation persistante dans son camp.

Donald Trump lors d'un meeting électoral à Las Vegas, le 18 juin 2016 . © AFP

© AFP/Archives JOHN GURZINSKI
Donald Trump lors d’un meeting électoral à Las Vegas, le 18 juin 2016

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