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Evacuation d'un campement de plus d'un millier de migrants à Paris

Paris (AFP) – Un campement de plus d’un millier de migrants, qui s’était reconstitué à Paris devant la halle Pajol (18e arrondissement), a été évacué dans le calme mercredi matin, 25e intervention du genre à Paris en un an, a constaté une journaliste de l’AFP.

Au total, 1.139 personnes dont 58 considérées comme « vulnérables » (femmes, enfants…) ont été conduites dans des centres d’hébergement à Paris et en banlieue, soit plus du double de la population estimée il y a quelques jours.

L’opération menée par la préfecture de région, la préfecture de police, la ville de Paris, les associations Emmaüs et France Terre d’asile et l’Office français de l’intégration et de l’immigration (Ofii), a démarré peu avant 06H30.

Les migrants, essentiellement soudanais, afghans et érythréens, ramassaient leurs affaires dans les tentes et se pressaient pour monter dans les bus et être emmenés dans quelque 70 centres d’hébergement en Ile-de-France.

Mais une fois arrivés sur place, certains « ont refusé de descendre des bus », a rapporté à l’AFP Jean-Sébastien Lamontagne, directeur de cabinet de la préfecture de région Ile-de-France, malgré « des propositions de mise à l’abri dans des sites avec des lits, un accès aux sanitaires, des repas, des conditions qui nous paraissent dignes », a-t-il regretté.

Le préfet de région Jean-François Carenco expliquait avoir « du mal à comprendre le niveau d’exigence des gens »: « beaucoup ont connu la guerre ou la dictature et ne veulent pas aller en province ou dans un centre d’hébergement en Ile-de-France ».

Tout en saluant la mobilisation de l’Etat et de la ville de Paris, le directeur général d’Emmaüs France, Bruno Morel, a souligné que Paris « ne peut pas tout concentrer sinon on va à l’explosion. Il faut qu’on arrive à une approche nationale », un diagnostic partagé par les autorités et les associations. 

L’opération menée mercredi matin est la 25e de ce type depuis juin 2015, avec au total plus de 11.000 places d’hébergement proposées.

Il y a un an, le 8 juin 2015, la halle Pajol avait été le théâtre d’une dispersion très critiquée, notamment par le Défenseur des droits Jacques Toubon qui avait « fermement » dénoncé une opération menée « sans respect du cadre légal » et recommandé « que de telles interventions ne se renouvellent pas ».

Depuis, les campements se sont régulièrement reconstitués dans ces quartiers proches de la gare du Nord, débouchant à chaque fois sur une opération de mise à l’abri. Depuis trois semaines, près de 1.900 personnes ont ainsi été évacuées des jardins d’Eole voisins (le 6 juin) et près de 400 de l’esplanade entre les stations de métro Stalingrad et La Chapelle (le 16).

« Cette répétition a quelque chose d’absurde. Il est nécessaire que les politiques prennent la mesure de la question », a commenté sur place Pierre Henry, directeur général de l’association France Terre d’asile. « Avec de la prévision, de la solidarité sur l’ensemble du territoire national, ce type d’évacuation ne devrait pas avoir lieu. Il faut créer des capacités d’accueil temporaires dans toutes les capitales régionales ».

La maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé début juin la création prochaine d’un camp humanitaire de réfugiés à Paris pour éviter la répétition de ce genre de campements indignes.

La gendarmerie évacue des migrants de leur campement de fortune installé à la halle Pajol à Paris le 29 juin 2016. © AFP

© AFP MATTHIEU ALEXANDRE
La gendarmerie évacue des migrants de leur campement de fortune installé à la halle Pajol à Paris le 29 juin 2016

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