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Explosion des cas de Covid-19 : Dominique Sorain et Édouard Fritch attaquent les « irresponsables »


Après quatre jours de montée en flèche de l’épidémie, le haut-commissaire et le président du Pays ont enfin pris la parole, ce mardi. Ils dénoncent le non-respect des règles sanitaires par certains arrivants au fenua, par de nombreux résidents et quelques responsables d’établissements. Les autorités vont renforcer les contrôles et certaines obligations mais excluent un retour au confinement, une fermeture du ciel ou un décalage de la rentrée.

Les principales annonces : 

  • 71 cas de Covid-19 sont confirmés et plusieurs dizaines de tests sont encore en attente de traitement
  • Le port du masque est désormais obligatoire dans les établissements recevant du public, et dans les collèges et lycées
  • La distanciation physique va devenir obligatoire dans les restaurants, sous peine d’amende
  • Certains établissements et voyageurs « responsables » de clusters vont être sanctionnés
  • Les discothèques ont interdiction d’ouvrir pour 14 jours
  • Les rassemblements de plus de 50 personnes sont désormais soumis à autorisation préalable

Certains attendaient une défense, des explications, des justifications… Ils auront finalement eu une offensive de la part Dominique Sorain et Édouard Fritch. Les deux responsables étaient de nouveaux réunis, ce mardi après-midi pour une allocution commune très attendue. Le haut-commissaire, rentré prématurément d’une croisière sur l’Aranui et le président du Pays qui était en déplacement à Rangiroa ce week-end, ne s’étaient pas exprimés depuis 8 jours sur la crise sanitaire. Or, depuis, tout a changé : d’un cas de coronavirus – celui qui avait été repéré sur le Paul Gauguin – la Polynésie en compte désormais 71. « Il y a fort à penser qu’on en trouve d’autres dans les prochains jours », précise le haut-commissaire, qui parle d’une situation « préoccupante, mais pas irréversible ». « Ce qui nous menace, c’est le relâchement de nos comportements », ajoute-t-il. Près de 850 tests ont été pratiqués ce week-end et d’autres dépistages sont en cours.

Si les autorités s’étaient montrées jusque là très discrètes sur les porteurs et les vecteurs de maladie, des responsables sont cette fois pointés du doigt. Dominique Sorain parle de « manquements graves » aux règles sanitaires, de la part d’arrivants au fenua, de résident ayant ignorés les gestes barrières, mais aussi d’établissements ayant organisé des soirées où le virus a circulé.

Des sanctions contre le Piment Rouge et contre ceux « qui ne respectent pas les règles »

Le nom du Piment Rouge, restaurant de Papeete qui avait organisé, le 31 juillet, des « fêtes de Bayonne », qui avaient visiblement connu un certain succès, revient avec insistance dans la bouche des deux responsables. Il s’agirait du « principal cluster » de contamination, et qui serait « à l’origine d’une grande partie des cas ». Les fêtards avaient en effet fréquenté d’autres soirées à Tahiti, les jours suivants, compliquant la tâche des enquêteurs du bureau de veille sanitaire. Dominique Sorain cite un deuxième cluster important : il s’agit d’une soirée privée (un barbecue) auquel a participé un enseignant dans les jours suivant son arrivée dans le pays. Les foyers de contamination au CHPF, à la gendarmerie ou dans certains milieux sportifs « sont pour la plupart liés » à ces deux clusters, qui pourraient eux-mêmes avoir un lien entre eux, explique le haut-commissaire.

Les liens épidémiologiques ne sont toutefois pas encore tous connus, et le bureau de veille sanitaire est en surchauffe, depuis quelque jours, pour remonter des pistes devenues tentaculaires. Qu’importe, « presque tout part d’un seul cas », assure Édouard Fritch qui se dit « consterné », « scandalisé » par la situation, qu’il qualifie de « décadence ».  Plus que les touristes – « ils suivent les protocoles avec soin » – ce sont les résidents – et leurs « plaisirs personnels » – ainsi que les fonctionnaires peu prudents qui sont cloués au pilori. Ils ont « mis la vie des personnes en danger », insiste l’élu.

 

Reprenant un discours devenu habituel ces derniers mois, le président a vilipendé le rôle des « bringues » et de l’alcool dans la transmission de la maladie. Et assuré que les « irresponsables » seraient sanctionnés.

Rentrée, vols, déconfinement… Pas de remise en cause des décisions passées

Les autorités promettent plus largement un renforcement des contrôles des gestes barrières. Le port du masque va devenir obligatoire dans tous les commerces et les lieux publics clos. Y compris lors des déplacements dans les bars et restaurants, où les clients devront être séparés d’au moins un mètre. Jusqu’à présent, le gouvernement avait émis des recommandations fortes, mais laissé aux responsables d’établissements le soin d’adapter et de contrôler les règles. Cette fois, les autorités devraient assurer des contrôles et éventuellement sanctionner : des amendes pouvant atteindre 89 000 francs sont déjà prévus par la loi.
Les établissements où le respect de la distanciation est impossible devront fermer : ce sera notamment le cas des boites de nuits et discothèques. À noter, aussi, que les rassemblements de plus de 50 personnes sur la voie ou dans les lieux publics seront désormais soumis à déclarations au préalable avec les maires et devront remplir à des conditions sanitaires nécessaires pour être autorisés. Autant de mesures qui sont pour l’instant prises pour 14 jours, mais qui pourraient être renouvelées.

Un regain de pression sur les professionnels et les citoyens, donc. En revanche, Édouard Fritch a rejeté en bloc l’idée d’une responsabilité des autorités dans la multiplication des cas. La réouverture du ciel ? « Un passage obligé ». Les quarantaines obligatoires à l’entrée ? « Personne ne voudrait venir ». Le manque de règles contraignantes ces dernières semaines ? « On vous fait confiance ». Les capacités de tests et d’enquête ? « On a mis les moyens », répond le président, même si les tests sont aujourd’hui menés « par ordre de priorité » face à l’afflux de demande du bureau de veille sanitaire à l’institut Malardé. Dominique Sorain, lui, dit vouloir « assumer la responsabilité » en ce qui concerne la transmission par les fonctionnaires nouvellement arrivés. « Mais c’est loin d’être la majorité des cas », explique-t-il.

 

Le haut-commissaire et le président du Pays ne comptent visiblement pas revenir sur les décisions passées : pas question de revenir au confinement, au couvre-feu,  ou de limiter une fois nouvelle fois les arrivées en fermant le ciel polynésien. Quant à la rentrée des classes, elle est « perturbée » mais maintenue. Pour limiter les risques de transmission, le port du masque va devenir obligatoire dès la 6e et les enseignants en attente de tests  – parce qu’ils sont de potentiels cas contacts ou parce qu’ils ont envoyé leurs auto-prélèvement après leur arrivée ou leur retour au fenua – devront attendre leurs résultats pour rejoindre leurs classes.

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2 Commentaires

  1. 12 août 2020 à 5h46 — Répondre

    Les décisions prises par le Président et le Haut commissaire envers l’irresponsabilité dont ont fait preuve certains lieux de rassemblements (restaurants, bars, boites de nuit et évidemment les fêtards), sont totalement justifiées et sans discussion possible, comme le prévoient des syndicats aujourd’hui contre ces mesures. On fait confiance au gens, hélas à tort pour certains, qui n’ont aucun respect des règles qui n’ont qu’un but : protéger, éviter des drames. Ces comportements sont « criminels ». Touchons ces contrevenants au portefeuille, c’est dissuasif.

  2. 12 août 2020 à 8h43 — Répondre

    Vous êtes autant coupable que ces gens c’était à vous de maintenir obligatoire le port du masque sous peine de sanction, c’est vous qui avez décider d’ouvrir les boites de nuits. Comment on peut garder un masque et maintenir 1m de distance en boite faut m’expliquer là. Pourquoi vos fonctionnaire d’état ne sont pas obligés de faire de quatorzaine ???? Les touristes ont les chouchoute dans les hôtels pour qu’il ne sortent pas et c’est réglé. Bandes d’incapables. Entre conseiller le port du masque et obliger il y a nuance.

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