INTERNATIONAL

Face aux municipalités FN, l'indifférence nationale

Paris (AFP) – Deux ans après leur élection sous le feu des projecteurs, les maires FN n’affrontent que des polémiques sporadiques et surtout une relative indifférence au niveau national, s’inscrivant dans la stratégie de la « France apaisée » voulue par Marine Le Pen.

« Toutes les caméras seront braquées sur les villes FN? Tant mieux! Tout le monde verra que contrairement à ce qu’on leur dit, changer, c’est possible. » 

Ce lundi matin de mars 2014, sur l’estrade d’une salle municipale de Saint-Gilles, dans le Gard, Marine Le Pen anticipe une attention médiatique et citoyenne redoublée pour la dizaine de villes que son parti allait conquérir quelques semaines plus tard.

A l’époque, le FN pâtit encore de sa gestion municipale contestée des années 1990 à Toulon, Marignane, Orange puis Vitrolles. La présidente du FN se cherche alors un bilan, « seul plafond de verre » à briser pour « passer à un stade supérieur », confie-t-elle au Monde.

Les frontistes gèrent pourtant leur dizaine de mairies sans attirer l’attention du grand public, même si la presse garde un œil aiguisé. Et ils voient comme un signe de satisfaction les scores croissants du FN dans les municipalités qu’ils gèrent depuis 2014, que ce soit aux départementales ou aux régionales 2015.

S’il y a une ville où les frontistes ont toutefois pu craindre une réédition des difficultés des années 1990, c’est bien à Hayange, en Moselle, où le maire Fabien Engelmann a notamment été condamné à une peine d’un an d’inéligibilité pour des irrégularités dans ses comptes de campagne, peine finalement annulée par le Conseil d’Etat.

C’est donc dans la proximité immédiate de la ville connue pour son activité sidérurgique, à Neufchef (Moselle), que s’est tenue dimanche la 3e « journée de la coordination nationale des collectifs citoyens face au FN », après Fréjus, puis Cogolin les années passées.

– Des opposants réunis à Hayange –

Lors de cette « journée de travail », le président du collectif d’opposants « Hayange, plus belle ma ville », Gilles Wobedo, a déploré l’absence d’élus d’opposition au conseil municipal de la ville, « signe » que l’opposition y « est absente ».

A ses côtés, « indépendants de tout parti politique », et se considérant comme « seule force d’opposition », des représentants des collectifs citoyens de Fréjus, Cogolin, Le Luc, Béziers, Mantes-la-Ville et Hayange.

En vrac, les opposants ont dénoncé « le clientélisme » et le « bétonnage » ainsi que la « fermeture des services publics » à Fréjus, la « baisse du budget dévolu à l’éducation au profit de ceux consacrés à l’événementiel ou à la sécurité » à Cogolin, etc. 

Pour le président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) Sacha Reingewirtz, les mairies FN mettent en « application l’idéologie » du parti.

Le FN « essaie de lisser un maximum son discours et de se présenter comme des gestionnaires tranquilles qui viendraient redresser les villes », juge de son côté le président de SOS Racisme, Dominique Sopo.

Ce dont convient un dirigeant FN: « Avec les mairies, l’argument c’est de dire +on dirige dans la sérénité, on tient nos promesses+, même avec des marqueurs politiques forts », explique-t-il à l’AFP. « C’est une ligne de crête à trouver, alors que les compétences des municipalités et leurs marges budgétaires restent limitées. »

« Sérénité »? Les habitants se mobilisent de manière limitée contre « leurs » maires frontistes, malgré les tentatives du PS d’alerter sur le bilan « pauvrophobe » de ces maires ou le cri d’alarme de Manuel Valls, à l’orée des régionales, sur le risque de « guerre civile » inhérent selon lui au FN.

Comme dans le reste de la France, la journée de ces collectifs dimanche à Hayange a rencontré un faible écho: une centaine de militants anti-FN ou de membres de SOS Racisme et de l’UEJF, et quelques rares journalistes.

L’argument a été immédiatement saisi par M. Engelmann, pour qui ce « gratin de la représentation totalitaire gauchiste » manque de représentativité.

Mais pour le FN, toutefois, voir l’hostilité des années 1990 se transformer en 2016 en indifférence relative ne suffira pas forcément à donner du poids à l’argument « municipal ». Le même dirigeant confie: « Dire que ce qu’on fait dans les mairies, on va le faire à l’échelle de la France en 2017, ça paraîtrait dérisoire… »

Le maire FN de Hayange Fabien Engelmann, à Hayange, le 6 juin 2014. © AFP

© AFP/Archives JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN
Le maire FN de Hayange Fabien Engelmann, à Hayange, le 6 juin 2014

Article précedent

Macron essuie des jets d'oeufs à Montreuil, fief de la gauche

Article suivant

La SNCF s'enlise dans la grève

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Face aux municipalités FN, l'indifférence nationale