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Fillon devant les parlementaires et sur le terrain

Paris (AFP) – Après ses « excuses aux Français », François Fillon s’explique mardi face aux parlementaires LR avant de tenter de s’offrir un peu d’air, sur le terrain, dans une campagne présidentielle quasiment à l’arrêt depuis 15 jours en raison des soupçons d’emplois fictifs de son épouse.

Devant plus de 200 journalistes massés à son siège de campagne à Paris lundi, le candidat de la droite a défendu la « légalité » des pratiques qui lui sont reprochées, l’emploi passé de sa femme Penelope et de deux de ses enfants comme assistants parlementaires à l’Assemblée et au Sénat.

Le vainqueur de la primaire voit sa légitimité remise en cause par l’enquête judiciaire dont il fait l’objet et par ses adversaires. Emmanuel Macron le moque, Marine Le Pen qualifie ses déclarations de « mensonge », Benoît Hamon lui reproche son « déni », Jean-Luc Mélenchon juge que « la droite et la France méritaient mieux ».

Selon un sondage Harris interactive publié mardi, deux tiers des Français (65%) n’ont pas non plus été convaincus par ses explications.

Mardi matin, ses soutiens les ont en revanche saluées: pour Bruno Retailleau, son coordinateur de campagne, François Fillon « a prouvé qu’il était vraiment le patron »; pour l’ancien ministre Eric Woerth, Fillon « a montré (…) qu’il saura résister » même s’il faudra « des semaines et des semaines pour retisser (…) le lien » avec les Français. Le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a salué une candidature « consolidée » et confortée ».

En coulisses, pourtant, beaucoup se sont activés pour tenter de se mettre d’accord, en vain pour l’heure, sur une candidature alternative. Nicolas Sarkozy, renvoyé mardi en procès dans l’affaire Bygmalion, ne pourra pas être ce recours.

« Aucune instance n’a la légitimité pour remettre en cause le vote de la primaire », a tranché lundi M. Fillon, qui espère avoir remobilisé ses troupes. Pour lui, c’est « une nouvelle campagne qui commence » après cette conférence de presse.

Mardi en fin de matinée, il a réuni les parlementaires LR à son QG. Dans l’Aube dans l’après-midi, il visitera une usine et aura un échange informel avec les salariés, puis discutera avec des entrepreneurs. Le tout accompagné de François Baroin, sénateur-maire de Troyes… cité comme « plan B » potentiel ces derniers jours. 

– Questions encore en suspens –

Au même moment, l’équipe Fillon guettera aussi avec anxiété d’éventuelles nouvelles révélations du Canard enchaîné.

L’hebdomadaire satirique est à l’origine de la tempête politique dans laquelle est empêtré M. Fillon depuis deux semaines: le candidat de la droite, malgré sa victoire écrasante à la primaire fin novembre, est acculé en défense.

Lundi, il a une nouvelle fois évoqué sa « colère froide » et martelé la « légalité » des activités incriminées.

Mais assurant « comprendre » que cela suscitait « l’émotion légitime » des Français, il a fait acte de contrition en présentant ses « excuses » pour cette « erreur »: une « collaboration de confiance qui suscite aujourd’hui la défiance ».

Pour expliquer son retard à riposter, l’ancien Premier ministre a argué avoir « mis du temps à reconnaître que le ciel (lui) était tombé sur la tête » face au « coup dans l’estomac » des révélations du Canard.

Difficile d’imaginer pourtant qu’il parviendra mardi sur le terrain à faire comme si de rien n’était. Jeudi déjà, voulant s’éloigner du « microcosme » par une escapade dans les Ardennes, il avait fini par répondre longuement aux accusations.

Et des questions restent en suspens: l’entretien de 2007 de son épouse Penelope, diffusé jeudi dans un reportage d’Envoyé spécial, dans lequel elle dit n’avoir « jamais été réellement son assistante ni quoi que ce soit de ce genre », pèse sur sa version des faits.

M. Fillon n’a pas levé non plus tous les doutes sur l’emploi de sa femme par La Revue des Deux Mondes entre mai 2012 et décembre 2013, qui « n’a rien de fictif » selon Marc Ladreit de Lacharrière, patron de cette revue et ami proche du candidat. Le Monde affirmait lundi que les enquêteurs faisaient un lien entre son élévation au grade de grand’croix de la Légion d’honneur et l’emploi de Mme Fillon.

François Fillon avant sa conférence de presse, le 6 février 2017 à Paris. © AFP

© AFP Martin BUREAU
François Fillon avant sa conférence de presse, le 6 février 2017 à Paris

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