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Fillon: son ancien suppléant entendu par les enquêteurs

Paris (AFP) – L’enquête sur d’éventuels emplois fictifs de l’épouse de François Fillon se poursuit avec l’audition de son ancien suppléant, avant une possible perquisition au Sénat, tandis que le candidat de la droite rencontre les élus de son camp en plein désarroi.

François Fillon doit voir mercredi à 11h30 les parlementaires de la droite et du centre à son QG de campagne dans le XVe arrondissement de Paris. Un rendez-vous hebdomadaire instauré depuis le début de la campagne, auquel le candidat ne participe pas systématiquement.

Mais il sera bien présent mercredi matin, a confirmé le secrétaire général des Républicains (LR) Bernard Accoyer, au lendemain des nouvelles révélations du Canard Enchaîné.

Signe de l’ambiance dans l’opposition: les soutiens d’Alain Juppé ont annulé leur séminaire prévu cette semaine, pour ne pas accréditer l’hypothèse d’un « plan B » destiné à remplacer M. Fillon, a expliqué Benoist Apparu.

Mais un renoncement du Sarthois « est une possibilité. Vous savez bien que tout le monde en parle dans son camp et autour de lui », a verbalisé mercredi François Bayrou, le président du MoDem (centre) qui a exclu de soutenir M. Fillon et continue d’entretenir le suspense sur sa propre candidature.

La droite fait pour l’heure officiellement bloc derrière son candidat, triomphalement désigné en novembre au terme d’une primaire ayant rassemblé plus de 4 millions d’électeurs.

Pour M. Accoyer, cette affaire n’a qu' »un objectif: déstabiliser, empêcher un candidat de se présenter ». Et l’ancien président de l’Assemblée nationale de souhaiter une conclusion très rapide de l’enquête, faute de quoi « nous serions devant (…) une très grave intrusion de l’autorité judiciaire dans la vie démocratique française ».

– « Opération professionnelle  » –

M. Fillon, attendu mercredi au Salon des entrepreneurs, s’est âprement défendu, dénonçant mardi soir « une opération professionnelle de déstabilisation » selon lui sans précédent dans l’histoire de la Ve République, « à moins de trois mois d’une élection présidentielle ». 

L’hebdomadaire satirique a revu à la hausse le total des rémunérations perçues par son épouse Penelope (plus de 830.000 euros) et deux de ses enfants (84.000 euros) en qualité d’assistants parlementaires.

Mercredi, Marc Joulaud, son ancien suppléant à l’Assemblée, doit être entendu par les enquêteurs. Selon Le Canard, il avait employé Penelope Fillon comme assistante parlementaire pendant que son mari était à Matignon.

De son côté, Jeanne Robinson-Behre, elle aussi ancienne assistante parlementaire de Marc Joulaud, a indiqué qu’elle avait été auditionnée vendredi à Angers. Elle avait déclaré ne jamais avoir travaillé avec Penelope Fillon.

Dans le cadre de l’enquête ouverte la semaine dernière, les enquêteurs cherchent à déterminer si Mme Fillon a effectivement exercé une activité pendant les années où elle a été rémunérée.

Le couple Fillon a été entendu – séparément – lundi par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières (OCLCIFF), avec le statut de « suspect(s) libre(s) » selon une source proche de l’enquête. Mardi, le bureau du député de Paris à l’Assemblée a été perquisitionné.

Une perquisition au Sénat, qui devrait être autorisée par son président, pourrait avoir lieu mercredi ou jeudi, selon diverses sources, M. Fillon ayant été sénateur de Paris de 2005 à 2007.

L’enquête porte aussi sur l’emploi de Mme Fillon à la Revue des Deux Mondes, rémunéré 5.000 euros brut mensuels entre mai 2012 et décembre 2013 (quelque 100.000 euros au total). Les locaux de cette revue ont été perquisitionnés la semaine dernière et son propriétaire, l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, PDG de Fimalac et proche de l’ancien Premier ministre, a été entendu lundi par la police.

L’affaire de la rémunération de son épouse n’en finit plus d’embarrasser la droite qui avait triomphalement désigné M. Fillon lors d’une primaire dans laquelle il a successivement éliminé Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.

Le début de campagne de M. Fillon était laborieux avant même l’éclatement de cette affaire, avec des attaques sans relâche venues de la gauche et même d’une partie de son camp sur son programme économique au libéralisme revendiqué.

François Fillon lors d'un débat à l'EBG (Electronic Business Group) le 31 janvier 2017 à Paris . © AFP

© AFP Thomas SAMSON
François Fillon lors d’un débat à l’EBG (Electronic Business Group) le 31 janvier 2017 à Paris

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