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Financement de l’Institut du cancer : l’État et le Pays en désaccord, mais pas en rupture

Le récent refus de l’État de co-financer certaines opérations relatives au futur Institut du cancer de Polynésie française a suscité la perplexité de la représentante Éliane Tevahitua et le mécontentement d’Édouard Fritch. Le haut-commissaire Éric Spitz s’est exprimé ce matin pour clarifier la position de l’État, qui « ne se désengage nullement du financement de l’oncologie » mais oriente son action vers un renforcement de l’offre de soins au sein même du CHPF.

Mardi matin la représentante Tavini Éliane Tevahitua diffusait une question écrite qu’elle a adressé au gouvernement, par laquelle elle demande des éclaircissements sur la participation de l’État au financement de l’Institut du cancer de Polynésie française (ICPF), dont le bâtiment est attendu pour 2025. Elle y cite Emmanuel Macron, qui lors de sa visite en juillet 2021 s’engageait à améliorer l’offre de soins, après avoir reconnu la « dette de la Nation » à l’égard de la Polynésie, et annonçait une mission d’études de l’Institut national du cancer (INCa).

Édouard Fritch y a répondu par écrit le 3 mars, en indiquant que le 1er décembre dernier, le haut-commissaire avait signifié au président du Pays le refus de l’État de financer tout projet de soins ambulatoires en oncologie porté par l’Institut du cancer local. Dans le cadre du budget 2023, ce sont l’acquisition d’équipements pour le laboratoire et les études pour la construction de l’institut – un total de 295 millions de Fcfp – qui n’obtiendront pas de financement de Paris.

Désaccord entre le Pays et l’État sur la répartition entre le CHPF et l’ICPF des soins en oncologie

Le rapport de cette mission, explique le président du Pays dans son courrier, « remet en cause le projet porté par le Pays d’organiser l’offre de soins ambulatoires de la filière oncologie à l’ICPF, plutôt qu’au Centre hospitalier de la Polynésie française. » L’INCa estime que cette activité de soins risque de « fragiliser le CHPF et d’engendrer des prises en charge défaillantes de patients », et il recommande que l’Institut polynésien du Cancer se concentre davantage sur la coordination des soins, la prévention et la tenue du registre des cancers, mal ou pas tenu pendant des années alors qu’il représente un outil indispensable dans les discussions avec l’État sur les indemnisations des victimes de rayonnements ionisants.

Une position que le haut-commissaire Éric Spitz a confirmée ce matin : il rappelle que depuis 2015 l’État a contribué 1,4 milliard à ce titre, « et nous continuons à financer l’oncologie, au sein du centre hospitalier ».

Édouard Fritch ne cache pas, dans sa réponse à Éliane Tevahitua, son désaccord avec l’État sur ce point. Il reproche à la mission de l’INCa d’avoir ignoré les « trop nombreux défis à relever à la fois financiers et organisationnels » du CHPF qui « doit se recentrer sur ses missions premières : médecine-chirurgie-obstétrique ». Il rejette aussi l’argument que les soins ambulatoires doivent être dispensés sur un site doté d’un service de réanimation, ce qui n’est ni une obligation ni la pratique constatée en métropole.

Mais le haut-commissaire ne ferme pas la porte : « pour l’instant il n’y a que les études qui sont lancées (…), les discussions sont toujours engagées avec le gouvernement pour des financements ultérieurs.»

 

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