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France: le recul de l'activité économique au printemps complique les plans du gouvernement

Paris (AFP) – Pire qu’un coup de mou pour la croissance, un petit trou d’air : l’activité économique a reculé en France au deuxième trimestre pour la première fois depuis l’hiver 2013, compliquant un peu plus la tâche du gouvernement, à quelques jours de la présentation du budget 2017.

Selon une estimation définitive de l’Insee publiée vendredi, le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 0,1% entre avril et juin, contrastant avec la forte croissance du premier trimestre, qui avait atteint 0,7%. 

Ce résultat est inférieur au chiffre jusque-là avancé par l’institut, qui faisait état fin août d’une stagnation du PIB (0,0%) au 2e trimestre. Cette révision est principalement due à des corrections techniques, comme « l’actualisation des coefficients de corrections des variations saisonnières », explique l’Insee.

Pour le ministre de l’Economie et des Finances Michel Sapin, ce coup d’arrêt ne change pas pour autant les prévisions du gouvernement. 

« Tout ceci ne remet absolument pas en cause les prévisions de croissance de l’ordre de 1,5% pour 2016 et 2017 », a-t-il affirmé à Berlin lors d’une conférence de presse avec ses homologues allemands, Sigmar Gabriel et Wolfgang Schäuble.

L' »acquis de croissance » – autrement dit la progression annuelle du PIB en cas de croissance nulle sur les deux derniers trimestres – reste inchangé à 1,1%, a indiqué Bercy à l’AFP.

« Symboliquement, le fait d’entrer en territoire négatif est assez fort », estime toutefois Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture économique chez Xerfi. « C’est un signal négatif qui risque de marquer les esprits, notamment chez les acteurs économiques », ajoute-t-il.

Selon l’Insee, ce sont les dépenses de consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance, qui expliquent en grande partie cette mauvaise passe: après une hausse (+1,1%) au premier trimestre, elles se sont repliées à -0,1% entre avril et juin. 

« Il y a eu un triple effet lié aux intempéries, aux grèves et aux attentats, qui a clairement pesé », estime Ludovic Subran, chef économiste chez Euler Hermes. Il évoque aussi un réajustement de la production après l’euphorie du premier trimestre: « L’activité était sans doute repartie trop vite, plus vite en tous cas que la demande. Du coup, les entreprises ont accumulé des stocks, qu’elles ont dû écouler au deuxième trimestre, ce qui a pénalisé la création de valeur ».

– Nuages à l’horizon –

Pour Bercy, il s’agit d’un réel coup dur, à l’heure de boucler le budget 2017. Dans ses prévisions, le gouvernement, qui prévoit de ramener le déficit public à 2,7% du PIB en 2017, a en effet prévu 1,5% de croissance cette année, comme l’an prochain.

« Cela implique d’avoir une croissance soutenue sur les deux derniers trimestres de l’année », de l’ordre de 0,4% pour l’un comme pour l’autre, reconnaît Ludovic Subran, qui juge ces objectifs atteignables.

Selon l’indice PMI publié vendredi par le cabinet Markit, l’activité du secteur privé a nettement progressé en septembre, après une forte hausse en août, pour s’établir à son plus haut niveau depuis 15 mois.

Le « climat des affaires », calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité, s’est quant à lui légèrement amélioré, dans l’industrie comme dans les services, selon l’Insee.

« Malgré tout, on voit mal comment on pourrait accrocher les 1,5% de croissance cette année », estime Alexandre Mirlicourtois, qui juge les signaux économiques disponibles pour le troisième trimestre « relativement médiocres ».

« Et si l’on n’a pas 1,5% de croissance à la fin de l’année, il sera difficile d’avoir 1,5% en 2017 », faute d’élan pour démarrer l’année, ajoute l’économiste.

Plusieurs nuages se sont en effet accumulés ces derniers mois sur l’horizon de la croissance, avec les attentats, le recul du commerce mondial et le Brexit. Ce qui a poussé plusieurs institutions à revoir à la baisse leurs hypothèses pour 2017.

Selon l’OCDE, la croissance devrait atteindre 1,3% seulement en 2017. D’après le FMI, elle ne devrait pas dépasser 1,2%… Un ralentissement qui pourrait entraîner une nouvelle dégradation du chômage l’an prochain, avec 79.000 demandeurs d’emploi supplémentaires selon l’Unedic.  

Le ministre de l'Economie et des Finances, Michel Sapin, s'est exprimé depuis Berlin, le 23 septembre 2016. © AFP

© AFP Odd ANDERSEN
Le ministre de l’Economie et des Finances, Michel Sapin, s’est exprimé depuis Berlin, le 23 septembre 2016

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