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Goodyear: des milliers de manifestants pour le procès

Amiens (AFP) – Ils avaient séquestré pendant 30 heures deux cadres de l’entreprise: le procès en appel de huit ex-salariés de l’usine Goodyear, condamnés à neuf mois de prison ferme en première instance, s’est ouvert mercredi à Amiens où des milliers de personnes sont venues les soutenir.

Ce procès intervient trois semaines après celui de plusieurs salariés d’Air France jugés pour l’épisode de « la chemise arrachée » d’un cadre de la compagnie aérienne. Le délibéré sera rendu le 30 novembre. Pour la CGT, ces deux événements sont devenus des symboles de la « criminalisation de l’action syndicale ».

L’audience a débuté à 09H15 dans une salle quasiment pleine de la cour d’appel d’Amiens. A l’extérieur, 4.000 personnes selon la CGT, quelque 2.000 selon la préfecture, étaient rassemblées en soutien aux huit ex-salariés, condamnant la « crimininalisation de l’action syndicale ». Parmi les personnalités attendue dans la matinées : le leader de la CGT Philippe Martinez et Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche).

« Aujourd’hui y a pas à discuter : c’est la relaxe ou rien ! », a harangué Mickaël Wamen, l’un des prévenus et figure emblématique du « combat » des Goodyear, au micro de la tribune du « village » CGT, sur les bords de l’étang du parc Saint-Pierre, au coeur d’Amiens.

« Relaxez nos camarades », ont scandé les manifestants devant le Palais de justice, où ils se sont arrêtés un instant.

« Aujourd’hui, nous avons la volonté d’obtenir la seule décision juste: il faut qu’ils soient relaxés », a renchéri l’avocat des salariés, Me Fiodor Rilov, avant l’audience.

Les 6 et 7 janvier 2014, le directeur des ressources humaines et le directeur de la production avaient été retenus pendant une trentaine d’heures dans les locaux de l’usine de pneumatiques occupée par quelques dizaines de salariés en colère après l’annonce de sa fermeture.

A la barre, en première instance, tous les prévenus s’étaient justifiés en parlant d' »un coup de colère » face à une direction qui « n’apportait aucune réponse » à la « détresse sociale » dans laquelle se trouvait les salariés de cette entreprise de 1.143 salariés.

Parmi les huit figurent cinq militants de la CGT, souhaitant faire de ce procès très attendu une « vitrine du combat social ». Leur condamnation en janvier à 24 mois de prison, dont 9 ferme, avait provoqué un vif émoi au sein du monde syndical et politique.

Le Premier ministre Manuel Valls avait lui-même jugé cette peine « indéniablement lourde » tout en estimant qu’il ne fallait pas « basculer dans la violence ».

« Très choqué » à l’annonce des sanctions, le député PS du Cher Yann Galut avait souhaité « la même sévérité à l’égard des patrons voyous » alors qu’André Chassaigne, chef du Front de gauche à l’Assemblée, avait qualifié le jugement « d’ignoble ».

– ‘Démarche d’apaisement’ –

Comme en première instance, le procès se déroulera sans plaignant : Goodyear avait retiré sa plainte en application de l’accord de fin de conflit signé avec les syndicats fin janvier 2014, tout comme les deux cadres concernés, qui se sont désistés après avoir déposé plainte à titre individuel dans un premier temps.

Poursuivis pour « séquestration et violences en réunion », les prévenus encourent jusqu’à cinq ans de prison. De source judiciaire, on indique vouloir être « dans une démarche d’apaisement » et que le ministère public prendra « évidemment en compte » le profil des prévenus, au casier judiciaire vierge.

« On est optimistes pour cet appel. La décision de janvier était d’une débilité absolue. Ce n’était pas un jugement, mais une chambre d’exécution. On nous a dit qu’on allait servir d’exemple, une sanction contre ceux qui osent relever la tête! », a affirmé M. Wamen.

Depuis la condamnation des huit anciens salariés, plusieurs manifestations ont été organisées pour les soutenir et une pétition en ligne réclamant l’arrêt des poursuites à leur encontre a été signée par plus de 170.000 personnes.

Les conflits sociaux ont souvent été spectaculaires ces dernières années en France, mais ils ont engendré peu de poursuites judiciaires, encore moins de condamnations.

Des pneus enflammés par des employés de l'usine Goodyear d'Amiens le 7 janvier 2014. © AFP

© AFP/Archives DENIS CHARLET
Des pneus enflammés par des employés de l’usine Goodyear d’Amiens le 7 janvier 2014

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