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Grand raout indépendantiste en Catalogne pour préparer un référendum

Barcelone (AFP) – Le gouvernement séparatiste de Catalogne organise vendredi un « sommet » pour préparer un référendum sur l’indépendance de cette région du nord-est de l’Espagne, une manière de rassembler ses troupes divisées, alors que Madrid tente une opération séduction. 

Partis séparatistes ou favorables au droit à l’autodétermination, syndicats, associations: tous sont invités au Parlement par le président catalan Carles Puigdemont vendredi à 17H30 (16H30 GMT) pour constituer un « Pacte national pour le référendum » qui doit se tenir, selon ses voeux, en septembre 2017.

S’il réussit, les indépendantistes sont décidés à se séparer de l’Espagne.

La réunion intervient alors que des divergences ont encore émergé au sein de la coalition séparatiste, hétéroclite alliance de partis allant de la droite conservatrice à l’extrême gauche. 

La Candidature d’unité populaire (CUP) – petite formation anticapitaliste sans laquelle Carles Puigdemont perdrait sa majorité au parlement régional – n’a pas apprécié que des policiers catalans arrêtent cinq de ses membres pour avoir brûlé des photos du roi Felipe VI, exécutant ainsi une décision judiciaire prise à Madrid. 

« Il ne faut pas se tromper d’adversaire, nous devons y aller ensemble », déclare à l’AFP Marta Pascal, coordinatrice générale du Parti démocrate de Carles Puigdemont (conservateur et nationaliste).

Le sommet intervient alors que Madrid a lancé une « opération dialogue », après des années d’éloignement.

Le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy a confié cette mission à la vice-présidente Soraya Sáenz de Santamaría, qui a ouvert un bureau à Barcelone.

Le quotidien conservateur ABC notait d’ailleurs vendredi le « changement de stratégie, pour freiner la dérive +rupturiste+ et faire baisser la tension ».

La vice-présidente a même demandé au Parti socialiste de travailler ensemble sur la Catalogne, alors que plus personne ne nie la gravité de la crise. 

Elle serait prête à examiner une liste de demandes d’ordre social et économique formulées par Carles Puigdemont. 

– ‘Non-retour’ ? –

La Catalogne, représentant environ 20% du PIB de l’Espagne, avec une langue et une culture propres, se sent maltraitée par l’Etat. Elle considère qu’elle contribue aux recettes de l’Espagne beaucoup plus qu’elle ne reçoit, tant en matière sociale qu’en termes d’infrastructures. 

Soraya Saenz de Santamaria a aussi admis des erreurs de son Parti populaire, qui avait mené campagne contre le statut de large autonomie qui régissait en partie la région depuis 2006 puis obtenu son annulation partielle par le Tribunal constitutionnel en 2010, suscitant une poussée de fièvre indépendantiste. 

Mais pour Miquel Iceta, dirigeant du Parti socialiste, il faudra que « le gouvernement se dépêche beaucoup ». Avec des gestes concrets, « pas seulement des mots », dit-il à l’AFP.

A Barcelone, le scepticisme règne.

Le Tribunal constitutionnel, composé en majorité de juges conservateurs, a récemment rendu plusieurs décisions qui ont encore tendu les rapports: levée de l’interdiction des corridas en Catalogne ou annulation d’une législation locale interdisant les coupures d’électricité et de gaz aux plus pauvres.

Les poursuites judiciaires pour « désobéissance » visant des dirigeants régionaux, dont la présidente du Parlement Carme Forcadell et l’ancien président catalan Artur Mas (2010-2016), vont aussi de l’avant.

M. Iceta craint le « point de non-retour » en particulier sur la question de ce référendum que les séparatistes veulent à tout prix organiser, alors même que le Tribunal constitutionnel s’y oppose.

Madrid refuse cette consultation, estimant que l’ensemble du peuple espagnol doit se prononcer et pas seulement les catalans. Du coup, elle serait illégale, comme celle déjà organisée en novembre 2014.

Mais les séparatistes assurent qu’ils s’organisent dans l’ombre pour que le référendum soit légitime, cette fois. « Nous ne pouvons pas vous montrer nos cartes, nous devons être malins », dit Marta Pascal.

La très charismatique maire de Barcelone Ada Colau (gauche radicale), est indispensable à Carles Puigdemont: favorable au référendum mais ambigüe sur l’indépendance, cette ancienne militante du droit au logement peut attirer les plus réservés.

Et faire pencher la balance en faveur du camp séparatiste, alors que les partisans d’un maintien en Espagne et ceux d’une sécession sont à égalité, selon les sondages. 

La maire de Barcelone, Ada Colau (G), la présidente du parlement catalan Carme Forcadell et le président du gouvernement catalan Carles Puigdemont (D) avant une réunion à Barcelone, le 23 décembre 2016 . © AFP

© AFP JOSEP LAGO
La maire de Barcelone, Ada Colau (G), la présidente du parlement catalan Carme Forcadell et le président du gouvernement catalan Carles Puigdemont (D) avant une réunion à Barcelone, le 23 décembre 2016

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