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Grippe: le bilan de l'épidémie sera probablement lourd »

Paris (AFP) – Marisol Touraine s’est inquiétée mardi de l’afflux de malades aux urgences, « aux limites de leurs capacités » en raison de l’intense épidémie de grippe, appelant à « tout mettre en oeuvre » pour pouvoir accueillir l’ensemble des patients.

La ministre de la Santé doit faire le point mercredi matin sur l’évolution de l’épidémie, à partir des derniers chiffres du bulletin hebdomadaire du réseau de surveillance Sentinelles, ainsi que sur la mise en oeuvre de dispositifs d’urgence activés dans certaines régions.

Fin décembre, elle avait indiqué que certains hôpitaux dans le Sud (Montpellier, Avignon, Nîmes) avaient commencé à rappeler des soignants en vacances face à l’afflux de patients.

Cette saison de grippe s’annonce délicate avec le retour d’un virus de type A(H3N2), cousin de celui qui avait contribué il y a deux ans à une surmortalité de 18.000 personnes, rappelait dimanche Daniel Levy-Bruhl, responsable de l’unité infections respiratoires et vaccination à Santé Publique France.

« Les services d’urgence sont particulièrement sollicités, aux limites de leurs capacités » en raison de cette épidémie intense, a assuré mardi Marisol Touraine devant les directeurs d’hôpitaux à Paris.

Faisant état d’une « situation préoccupante », la ministre leur a demandé « de tout mettre en œuvre » pour « garantir la prise en charge de l’ensemble des patients qui nécessitent d’être hospitalisés ».

« Les services d’urgence sont à la limite de la rupture aujourd’hui », a confirmé sur RTL François Braun, président de Samu-Urgences de France (SUDF). « Toutes les régions sont touchées (…) y compris la région parisienne », a-t-il ajouté. 

– Hôpital à « flux tendu » –

« Les limites ont déjà été dépassées depuis plusieurs jours. Cela se traduit par une surmortalité évitable, des gens qui attendent 24 heures sur des brancards », a assuré pour sa part à l’AFP le porte-parole de l’association des urgentistes de France Christophe Prudhomme (CGT-Santé). 

Toujours à « flux tendu, l’hôpital n’est plus en capacité aujourd’hui d’assurer un fonctionnement normal dès qu’on a une épidémie de grippe », a-t-il déploré, dénonçant un « manque de moyens ».

Dans son bilan établi la semaine dernière, Santé Publique France avait souligné que les hospitalisations pour grippe concernaient essentiellement les personnes âgées et surtout les 80 ans et plus, qui représentaient 63% des hospitalisations.

Samedi, le ministère a diligenté une enquête pour expliquer un « évènement exceptionnel »: la mort en quinze jours de 13 pensionnaires d’un établissement pour personnes âgées dépendantes à Lyon. 72 d’entre elles sur 110 avaient contacté la grippe.

Le A/H3N2 « est un virus particulièrement dangereux pour les sujets fragiles », selon Daniel Levy-Bruhl. « Dès qu’il a été identifié, nous avons su que l’impact serait fort » sur les personnes âgées.

Ce virus ne va généralement pas attaquer directement les poumons comme le ferait le H1N1, il va plutôt générer des complications chez les personnes  affaiblies. Cela peut passer par une surinfection bactérienne, ou précipiter l’évolution de pathologies (insuffisances cardiaques, respiratoires ou même diabètes).

Ainsi, depuis le début de l’épidémie en décembre, « le nombre de cas n’est pas exceptionnel, mais la proportion de malades hospitalisés plus grande », ajoutait récemment le Dr Levy-Bruhl.

La ministre de la santé Marisol Touraine (c) s'exprime lors d'une conférence de presse, le 11 janvier 2017 à Paris sur la grippe. © AFP

© AFP FRANCOIS GUILLOT
La ministre de la santé Marisol Touraine (c) s’exprime lors d’une conférence de presse, le 11 janvier 2017 à Paris sur la grippe

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